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RÉSULTATS

La deuxième dimension de Mikyla Grant-Mentis

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MONTRÉAL – Confrontée à une vieille déclaration de son entraîneuse, jeudi après l'entraînement de la Victoire, Mikyla Grant-Mentis n'a pu s'empêcher d'éclater de rire. « Je ne l'avais pas mal pris, précise-t-elle en remontant dans ses souvenirs, parce que je lui avais dit exactement la même chose ce jour-là en quittant la patinoire. »

Pour rappel, pendant le camp d'entraînement, Kori Cheverie avait gentiment cassé un peu de sucre sur le dos de Grant-Mentis en commentant le nouveau règlement qui l'obligeait à purger le début d'une pénalité avec les joueuses qui étaient sur la glace au moment où le coup de sifflet de l'arbitre s'était fait entendre.  

Le premier réflexe de Cheverie, lorsque l'anecdote a été ramenée dans l'actualité, a été de s'assurer d'être citée correctement. « Elle est assurément capable de jouer en désavantage numérique. J'avais dit que je ne voulais pas qu'elle joue à la défense en désavantage numérique », a corrigé la stratège montréalaise.

La nuance, bien que nécessaire, ne change rien à notre prémisse. Grant-Mentis n'a jamais été, et ne sera probablement jamais, reconnue pour son jeu défensif. Mais l'idée qu'elle soit une joueuse unidimensionnelle susceptible de nuire à son équipe dans son propre territoire tient de moins en moins la route.  

Au tiers de la saison, Grant-Mentis a déjà égalé son total de points de l'an dernier et est l'une des meilleures marqueuses de la Victoire. Ce que personne n'avait vu venir, cependant, c'est qu'elle domine aussi la LPHF avec un différentiel de +7.

En neuf matchs, « MGM » n'a été sur la glace que pour un seul but de l'adversaire à forces égales. L'an dernier, dans les sept parties qui avaient suivi son acquisition en cours de saison, elle était retournée au banc quatre fois après une réussite ennemie.

« C'est le genre de mon père de me sortir des trucs du genre », répond la joueuse de 26 ans quand on lui brosse le portrait de ses récentes réussites. Elle dévie ensuite l'attention sur ses partenaires de jeu, qui lui permettent de briller dans ses forces tout en camouflant ses faiblesses. « On est toujours dans la zone offensive cette année, alors c'est bon pour moi », blague-t-elle.

Ça ne changera jamais. Mikyla Grant-Mentis sera toujours de cette trempe de joueuses pour qui la meilleure défense, c'est l'attaque.  

Mais celles qui la côtoient quotidiennement reconnaissent ce qu'elle-même n'admet que du bout des lèvres : son jeu loin du but adverse s'est beaucoup amélioré.

La défenseuse Erin Ambrose adhère à la version selon laquelle un meilleur encadrement et des responsabilités claires permettent à Grant-Mentis de briller. Avec les minutieuses Alexandra Labelle et Claire Dalton à ses côtés, notamment, l'explosive attaquante peut rester fidèle à son identité sans que ses erreurs potentielles soient trop coûteuses.

« Mais je crois qu'à sa première saison complète ici, elle comprend mieux ce qui est attendu d'elle défensivement. Elle assimile mieux les subtilités de nos systèmes. L'an dernier, quand elle est arrivée, on était au beau milieu d'un sprint », relativise Ambrose.

Cheverie se dit heureuse de « la croissance et la progression » qu'elle observe dans le jeu défensif de son numéro 18.

« Je lui ai dit et je l'ai dit au reste de l'équipe : je crois qu'elle est l'une des meilleures joueuses au monde pour trouver et profiter de l'espace derrière les défenses adverses. Mais pour qu'on puisse exploiter ces espaces, elle doit à la base être solide défensivement et je constate une belle amélioration dans cette facette de son jeu depuis un an. »

Pour Cheverie, ce qui s'applique à Grant-Mentis s'applique à toutes ses joueuses. « L'idée, c'est de leur faire comprendre qu'adopter des actions responsables dans notre zone ne mène pas à moins d'opportunités en attaque, bien au contraire », professe l'enseignante. En gros, un meilleur positionnement facilite non seulement la récupération de la rondelle, mais fluidifie la relance vers le filet adverse.

« En trouvant mieux sa place et en faisant les bonnes actions en défense, elle se retrouve à jouer plus souvent dans le rôle où elle est plus confortable », conclut Cheverie en revenant s'attarder au cas de Grant-Mentis.

Défendre mieux en attaquant ou menacer davantage offensivement en défendant plus efficacement? Quelque part entre ces deux écoles de pensée, Mikyla Grant-Mentis semble avoir trouvé le parfait équilibre avec la Victoire.