Montréal 4 - Minnesota 2 : Un autre test réussi pour la profondeur de la Victoire
LAVAL – La question se voulait un peu jazzée dans l'espoir de soutirer à Kori Cheverie une réponse originale à propos de la profondeur de son équipe, un sujet qu'elle avait déjà abordé maintes fois depuis le début de la saison.
« Peux-tu comparer la qualité de ton sommeil cette année, quand tu perds une joueuse comme Laura Stacey, à la qualité de ton sommeil l'an dernier lorsque confrontée au même problème? », lui a-t-on demandé après la victoire de 4-2 de son équipe contre le Frost du Minnesota.
« Je suis la championne mondiale du sommeil, a commencé par dire l'entraîneuse de la Victoire, déterminée à aborder la prémisse au premier degré. C'est une partie très importante de ma routine. À l'image de tous mes adjoints, je consacre beaucoup de temps et d'énergie dans mon travail auprès de nos joueuses. Un repos réparateur est nécessaire dans ces circonstances. »
« Mais c'est vrai, on ne veut jamais jouer un match sans Laura Stacey, a enchaîné Cheverie avec plus de sérieux. Elle apporte tant à notre équipe. Elle est irremplaçable. »
Stacey a pourtant été remplacée vendredi. En fait, son absence n'a même pas paru.
On poursuivra ici avec une analogie issue du thème de la récupération nocturne. L'an dernier, Cheverie dormait sur un futon dans la pièce sans porte juste à côté de l'entrée. Il lui en fallait peu pour que sa quiétude soit perturbée. Si son premier trio devait par malheur tomber en panne, c'était bien suffisant pour qu'elle passe la nuit à fixer le plafond.
Cette saison, l'entraîneuse a sa propre chambre à l'étage et peut se permettre de dormir en diagonale dans un très grand lit. Un « king », dans le jargon. Le chien a beau japper au rez-de-chaussée. Quelqu'un peut bien passer l'aspirateur de l'autre côté de la porte. Le camion de la ville peut jouer en boucle l'alarme prévenant du passage prochain d'une remorqueuse.
Peu importe l'irritant, la coach dort sur ses deux oreilles.
Le principal visage de cette quiétude est celui d'Abigail Boreen. L'attaquante américaine, acquise au prix d'un choix de troisième au plus récent repêchage de la LPHF, est en train de s'imposer comme l'un des vols de cet encan.
Installée dans la chaise habituellement réservée à Stacey, Boreen a marqué deux buts contre le Minnesota, ses quatrième et cinquième de la saison. Elle partage la tête du classement des buteuses du circuit avec six autres joueuses, sa coéquipière Marie-Philip Poulin étant l'une d'elles.
« Elle ajoute de la vitesse et de la ténacité [à notre premier trio]. Elle est un bon complément à ‘Pou' », constatait Cheverie.
L'entraîneuse en prendrait probablement plus des filles qui composaient vendredi son deuxième trio. Maureen Murphy (un but en huit matchs) et Lina Ljungblom (un but en dix matchs) tardent à se mettre en marche et Kristin O'Neill montre le pire différentiel de l'équipe à -6.
Mais l'unité pivotée par Alexandra Labelle continue de cartonner. Le bon rendement de Labelle lui attire les éloges depuis le camp d'entraînement. L'épanouissement de Mikyla Grant-Mentis à ses côtés faisait l'objet d'un texte dans ces pages plus tôt cette semaine.
Il faut maintenant parler de Claire Dalton.
Choix de 12e ronde de Montréal au repêchage inaugural de la LPHF, Dalton ne s'est pas particulièrement démarquée comme recrue. Une joueuse de profondeur parmi tant d'autres : fulgurances éparses dans une saison autrement générique. Dans son cas, ça avait été un tour du chapeau dans une victoire contre Ottawa.
Mais depuis quelques semaines, elle est une joueuse transformée. Elle a amassé quatre points, dont trois buts, et un différentiel de +6 à ses cinq derniers matchs. Constamment elle trouve un moyen de se faire remarquer positivement.
« On lui voyait un gros potentiel et elle a fait ses devoirs durant l'été, elle nous est revenue beaucoup plus forte, observe Cheverie. Ça se voit dans son patin, sa force physique, sa capacité à protéger la rondelle. On l'utilise à toutes les sauces et on en est récompensés. Contre Toronto il y a quelques semaines, elle a marqué un but, mais elle a aussi obtenu deux autres chances de qualité. »
« C'est une fille qui ne fait pas beaucoup de bruit, les gens ne s'attendent pas à grand-chose d'elle, et puis tout d'un coup la voilà qui fonce au filet et qui en met un dedans. Elle nous apporte beaucoup. »
Après dix matchs la saison dernière, la Victoire avait marqué quatre buts ou plus à une seule occasion. Elle avait aussi été blanchie deux fois. Après le même nombre de bornes cette année, elle a déjà célébré sept buts de plus.
Il est vrai qu'il se marque plus de buts, de façon générale, cette saison dans la LPHF. Dans ce contexte, Kori Cheverie peut dormir tranquille. Même si une de ses piliers tombe au combat, son vestiaire est clairement équipé pour suivre la parade.