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RÉSULTATS

Maureen Murphy : Montréal sur l'uniforme, Montréal sur le coeur

Maureen Murphy Maureen Murphy et son chien Bean. - Nicolas Landry
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Mise à jour

MONTRÉAL – Deux mois et demi après la fin de sa première saison chez les professionnelles, Maureen Murphy vient à peine de rechausser les patins.

Depuis le début de la saison morte, l'attaquante de l'équipe de Montréal dans la LPHF s'est tenue relativement loin de la glace. Elle a visité sa sœur à Londres et le reste de sa famille dans le New Hampshire. Elle a célébré le 92e anniversaire de sa grand-mère. Elle a entrepris une session d'été, à distance, à l'Université Northeastern. Ses liens avec le hockey, elle les a surtout entretenus en dirigeant une équipe de jeunes filles du Massachusetts dans quelques tournois.

Tout le monde a un(e) ami(e) comme Murphy, une ennemie du vide qui semble incapable de se poser pendant plus de cinq minutes, trop occupée à mener à terme deux ou trois projets tout en se demandant dans quoi elle pourrait se lancer dans ce qu'il lui reste de temps libre.

« C'est assurément un problème, reconnaît-elle en riant, assise à l'ombre d'un grand feuillu dans un parc du quartier Griffintown. C'est un trait de personnalité qui m'a aidée autant au hockey que dans la vie en général, mais je crois que je dois apprendre à relaxer un peu! Surtout maintenant que je joue dans une ligue qui m'offrira une fenêtre limitée pour maximiser mon potentiel, je dois en profiter. Mais si je peux aussi trouver des façons de me garder occupée et d'aider les autres, je veux le faire. »

C'est quelque chose que Murphy a su très vite quand elle est arrivée à Montréal. Elle ne ferait pas qu'y jouer au hockey. Elle venait de signer un contrat de trois ans. Si tout allait bien, elle resterait encore plus longtemps. Elle ne voulait pas faire qu'acte de présence. Elle voulait rencontrer des gens à l'extérieur de sa petite bulle sportive. Elle voulait que sa présence soit remarquée dans sa communauté. Elle voulait se rendre utile.

Avant le début de la saison, elle a assisté à une rencontre d'équipe qui devait servir à mesurer l'intérêt des joueuses pour s'impliquer bénévolement dans différentes causes. « Mais parce que la ligue prenait encore forme et qu'il y avait tant à faire », se remémore-t-elle, l'initiative est restée au point mort. « À un moment donné, je me suis dit que j'allais me trouver quelque chose à faire moi-même. »

Plusieurs mois plus tard, la directrice des opérations de l'organisation montréalaise, Marie-Christine Boucher, devait monter un dossier de candidature pour un prix qui serait remis au gala de fin d'année de la ligue. Le trophée récompenserait la joueuse qui avait eu le plus gros impact dans son milieu. Quelques noms, dont celui de Murphy, lui sont instinctivement venus en tête. Quand elle est allée voir la recrue pour obtenir plus de détails sur ses initiatives, sa mâchoire a décroché.

Sans trop ébruiter la chose, la joueuse de 24 ans avait accompagné pendant plus de 200 heures des personnes âgées en CHSLD, avait commencé des démarches de jumelage avec un organisme qui encadre des personnes aux prises avec une déficience intellectuelle et s'était mise à la disposition de la Croix Rouge.

Boucher a pris tout ça en note en se disant que Murphy était mieux de commencer à écrire son discours.

S'éloigner du hockey

Il y a environ trois ans, la grand-mère nonagénaire de Murphy, Valerie, s'est fracturée une hanche en tombant à son domicile. Elle a tenté de garder le secret, mais a fini par être démasquée. À son grand malheur, l'incident a convaincu la famille de l'inscrire dans un centre de soins de longue durée.

C'est en pensant à elle que Murphy a eu l'idée de concentrer son action bénévole auprès des personnes âgées. En fouillant dans Internet, elle a trouvé des informations sur le centre gériatrique Maimonides et le centre d'hébergement Saint-Andrew, deux établissements qui offrent des services de zoothérapie à Côte-Saint-Luc. Après de brèves démarches, elle a commencé à y faire des visites hebdomadaires avec son chien Bean, un teckel brun caramel de 3 ans.

À Maimonides, on lui a remis une liste de tous les résidents qui aiment les animaux. Elle les inclut dans ses rondes à chaque semaine avec son complice canin. À St-Andrew, elle cogne systématiquement à toutes les portes. Certains la reconnaissent. Avec d'autres, dont la santé est en déclin, elle doit se présenter à chaque fois comme si c'était la première.

« Ça peut être triste ou difficile parfois, constate la détentrice d'un diplôme en santé publique à Northeastern. Certaines personnes parlent peu, la communication peut être compliquée avec elles. Parfois on peut voir qu'elles ont une mauvaise journée. Mais généralement, ils sont toujours heureux de voir Bean. » L'animal y trouve lui aussi son compte puisque certaines admiratrices ne manquent pas une occasion de lui offrir une petite gâterie.

Murphy cherchait spécifiquement à s'éloigner du hockey à sa sortie de l'aréna. Ironiquement, elle a réalisé que le fait de prendre ses distances de son sport l'aide, d'une certaine façon, à y être plus performante.

« Je le ressens surtout quand j'ai un mauvais match ou une mauvaise pratique. Dans le grand ordre des choses, c'est juste un petit objet de caoutchouc qu'on essaie de lancer dans un but. Il y a des plus grands problèmes dans la vie. Ça fait du bien, aussi, d'avoir le sentiment qu'on a fait une différence dans la vie de quelqu'un, qu'on a mis du soleil dans sa journée. J'adore le hockey, mais des fois c'est difficile de se sentir vraiment utile. »

À l'automne, Murphy ajoutera à son agenda un partenariat avec le Centre Miriam à Ville Mont-Royal. Avec des coéquipières qu'elle a recrutées, elle rendra visite de façon ponctuelle à des gens souffrant d'un handicap intellectuel. Tout ça en continuant, en parallèle, ses études en droit.

Oh! Et sur la glace elle tentera de maintenir une production qui lui a valu le quatrième rang du classement des pointeuses de son équipe la saison dernière en plus de consolider sa place au sein de l'équipe nationale américaine.

Et vous, vos objectifs pour la prochaine année?