TORONTO - Ce devait être facile. Une formalité. Le match contre l’Europe s’annonçait tout simplement comme un tremplin qui propulserait Patrick Kane et l’équipe américaine vers une grande finale l’opposant au Canada.

Drapés de leur drapeau, les fans de l’équipe américaine scandaient d’ailleurs avec confiance des USA! USA! USA! bien sentis à leur arrivée au Centre Air Canada. Ils les scandaient aussi après l’hymne national. Mais voilà. Très rapidement après la mise en jeu initiale, ils ont lancé des Mayday! Mayday! Mayday!, tant leur équipe s’est retrouvée en plein marasme.

Ces Mayday! Mayday! Mayday! ont résonné trois fois plutôt qu’une au cours de cette défaite aussi inattendue que gênante de 3-0 aux mains des parents pauvres du tournoi. Ces Mayday! Mayday! Mayday! résonnent encore alors que les Américains se doivent pratiquement de battre le Canada mardi s’ils veulent conserver des chances réelles de franchir la ronde préliminaire.

« On se doit maintenant de gagner mardi contre le Canada », a reconnu James Van Riemsdyk après la rencontre.

C’est un fait. Car si les USA encaissent deux revers de suite, ils devront s’en remettre à des scénarios complexes et à des différentiels de buts pour espérer franchir la ronde préliminaire.

Comédie d’erreurs

De Patrick Kane à Ryan McDonagh en passant par Max Pacioretty et Ryan Kesler dont la seule contribution au premier match a été les deux pénalités mineures qu’il a écopées, les Américains ont été amorphes sur la patinoire. Sans vitesse, sans conviction, sans rien, ils n’ont fait qu’acte de présence contre un club dont les chances de victoire étaient au mieux très minces.

Pis encore, les Américains ont multiplié les erreurs. Ryan McDonagh a été pris à contrepied à quelques reprises en zone neutre. Il était d’ailleurs sur la patinoire lorsque Marian Gaborik a profité de l’inertie américaine et aussi d’une belle passe de Frans Nielsen pour marquer le premier but de la Coupe du monde dès la quatrième minute de jeu.

Au lieu de survolter son équipe après une première période très décevante, Patrick Kane, qui a remporté le trophée Hart l’an dernier, a plutôt offert une descente à deux contre son gardien en perdant bêtement la rondelle à la ligne bleue ennemie. Nino Niederreiter et Leon Draisaitl ont eu le temps de tirer à pile ou face celui qui allait marquer avant que Draisaitl ne pousse la rondelle derrière un Jonathan Quick abandonné.

Seul joueur à ne pas avoir à rougir de sa performance - j’ajouterais aussi le nom du défenseur Matt Niskanen - Quick s’est imposé à deux reprises devant Neilsen en première en plus de réaliser un vol aux dépens de Tomas Tatar pour éviter une pire catastrophe encore.

« Nous avons été beaucoup trop généreux au chapitre des revirements et des descentes en surnombres que nous leur avons accordées. Inversement, nous n’avons rien généré en attaque. L’effort était là, on a eu la rondelle aussi, mais nous n’avons pu créer assez d’occasions pour nous donner une chance de gagner », a candidement reconnu l’entraîneur-chef John Tortorella. Remarquez qu’il aurait eu fort à faire pour défendre son club.

« Je ne souviens pas d’avoir disputé un match au cours duquel mon équipe a eu autant de descentes en surnombre », a renchéri le défenseur Christian Ehrhoff en ajoutant toutefois que la stratégie de fermer le jeu et d’attendre les gaffes américaines avait très bien servi l’Europe.

Calme en dépit de l’affront que son club venait de subir, Tortorella tentera de profiter des deux prochains jours d’entraînement pour regrouper son club et lui offrir des chances de battre le Canada. « Nous devrions être en mesure de corriger les erreurs défensives commises aujourd’hui. Mais il faudra aussi être plus efficaces en attaque », a philosophé Tortorella.

Des 35 tirs obtenus par les Américains, sept ou huit tout au plus se sont traduits par des occasions de marquer. Des occasions que Jaroslav Halak, bien appuyé par Zdeno Chara et le reste de la brigade défensive européenne, a su repousser facilement.

Un but a été refusé aux USA lorsque les arbitres ont jugé, après révision du jeu, que James Van Riemsdyk a volontairement redirigé la rondelle vers le but avec sa poitrine pour déjouer Halak.

« Je ne crois pas que le geste de JVR était volontaire. En plus, la rondelle a touché le casque de Derek Stepan ensuite. À mes yeux c’était un but », a indiqué Tortorella.

Ce but aurait ramené les Américains à un but (2-1) de l’Europe. Non seulement sont-ils demeurés à deux buts de recul, mais Pierre-Édouard Bellemare a fait dévier une rondelle au vol pour déjouer Jonathan Quick et porter le score 3-0 en toute fin de période médiane.

Blanchis trois fois de suite

Bâtis pour affronter le Canada - comme si le Canada était la seule équipe à pouvoir rivaliser avec eux - les Américains ont décidé de mettre de côté des joueurs de talent en misant davantage sur la fougue, le caractère et un brin de robustesse.

C’est loin de les avoir servis lors du premier match. Très loin même alors que ce revers fait bien mal paraître non seulement l’état-major de Team USA, mais ceux qui, comme moi, les croyaient plus forts que les Suédois, voire les Finlandais, pour se rendre en finale contre le Canada.

Avec ce revers gênant contre l’Europe, les Américains ont non seulement perdu leurs trois derniers matchs internationaux, mais ils ont été blanchis trois fois plutôt qu’une. Ils ont perdu 1-0 contre le Canada en demi-finale avant de perdre 5-0 contre la Finlande dans le cadre du match de médaille de bronze.

Si les Américains semblaient encore embourbés dans les matchs préparatoires, leurs adversaires de l’Europe ont démontré qu’ils avaient su tirer les leçons des trois parties disputées lors du camp d’entraînement.

Particulièrement des deux revers encaissés aux mains des jeunes surdoués. « On leur doit une fière chandelle, car ils nous ont servi tout un rappel à l’ordre. Ils nous ont indiqué ce que nous devions corriger. Ils nous ont aidés à établir ce qui devait être fait pour nous donner des chances de gagner », a indiqué l’entraîneur-chef Ralph Kruger dont le plan de match a été suivi à la lettre.

« Nous ne sommes pas venus ici simplement pour faire acte de présence. Nous voulons compétitionner et nous savons que nous pouvons surprendre. On a bien mal entrepris les matchs préparatoires. Mais même si nous avons perdu notre deuxième match contre l’équipe de l’Amérique du Nord, nous avons beaucoup mieux joué lors de cette partie. Cela nous a permis de gagner contre la Suède lors du 3e match et cette victoire a été très bonne pour notre confiance », a commenté le défenseur Roman Josi qui a disputé une rencontre solide couronnée par un différentiel de plus-3, le meilleur de son équipe.

Fort de leur victoire aux dépens des Américains, les Européens croiseront la Tchéquie lundi. « Nous avons remporté une belle victoire aujourd’hui, mais nous n’avons rien gagné encore. On veut disputer neuf bonnes périodes de hockey afin de jouer la fin de semaine prochaine. On veut gagner nous aussi », a conclu Ralph Kruger.

La volonté de victoires des Européens était visible sur la patinoire du Air Canada Centre samedi après-midi alors que celle des Américains ne l’était pas du tout. C’est pour cette raison que les USA sont déjà en détresse.