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RÉSULTATS

Bilan d'ÉCJ : un blâme accepté à moitié

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OTTAWA – Les trois personnes en charge de la construction d'Équipe Canada junior ont tenu un autre bilan précoce vendredi au lendemain de l'élimination de la jeune sélection unifoliée en quart de finale du Championnat mondial des moins de 20 ans.

Pour la deuxième année consécutive, il leur a fallu justifier une exclusion du podium, un résultat « qui n'est pas acceptable, mais qu'on ne peut pas accepter », a relativisé le vice-président haute performance de Hockey Canada, Scott Salmond.

L'imputabilité s'est manifestée avec parcimonie dans cet exercice auquel ont aussi participé le dépisteur en chef Al Murray et le directeur général Peter Anholt.

À deux reprises, Salmond est allé au-devant des coups et a demandé à être pointé du doigt pour la déconvenue d'ÉCJ. « The buck stops with me », a reconnu Salmond dans une allocution d'introduction. Traduction libre : la responsabilité de l'échec lui revenait à lui et à personne d'autre.

Quand un confrère, peu convaincu des explications qui ont suivi, a demandé une clarification, Salmond est revenu protéger ses collègues des critiques. « Vous voulez savoir qui blâmer? C'est moi que vous pouvez blâmer. Si vous croyez que le problème est le recrutement, c'est moi qui ai embauché le recruteur. Si vous croyez que le problème est l'entraîneur, c'est moi qui ai embauché l'entraîneur. Alors si vous cherchez un coupable, vous pouvez me pointer du doigt. »

Mais au terme d'un point de presse qui a duré 22 minutes, on retenait surtout que ni l'un, ni l'autre des trois mousquetaires ne considérait que le recrutement ou l'entraîneur avait fait partie du problème qu'ils étaient venus justifier.

« Peut-être qu'on a pris trop de pénalités et qu'on n'a pas marqué assez de buts, si vous voulez résumer ça à l'essentiel », a lâché Salmond, comme si ces deux plaies s'étaient magiquement abattues sur l'équipe sans que ses architectes ou ses principaux leaders ne soient coupables d'une seule mauvaise décision.

Anholt a été questionné deux fois, de front, sur le travail de l'entraîneur-chef Dave Cameron. La première fois, il a répondu en énumérant le nom d'une poignée de joueurs qui n'ont pas produit au rythme attendu. « Je n'aurais fait aucun changement à notre alignement. On avait juste besoin de plus de chimie et de créer plus d'attaque. »

À une autre question axée davantage sur le manque de discipline de l'équipe, Anholt a pratiquement, dans des termes vagues, rejeté la faute sur les arbitres.

Quand son tour est venu d'évaluer le travail de Cameron, Salmond s'est porté à sa défense sans retenue. « Je connais Dave depuis longtemps et la première chose qu'il faut dire, c'est qu'il est un homme de caractère. Son travail n'était pas facile. Depuis le début de notre camp de sélection, on voulait donner une identité à notre équipe et Dave y est resté fidèle. Il a poussé les joueurs comme il sait le faire, il les a mis au défi. »

« Au final, Dave ne marque pas de buts. Son travail est de mettre les joueurs dans des positions pour qu'ils y arrivent et à mon avis, c'est ce qu'il a fait. »

Ce qui était sous-entendu sous Anholt l'était soudainement beaucoup moins dans les mots de Salmond. Ça devait être la faute des joueurs.

La bonne philosophie

Les athlètes qui ont composé cette édition d'ÉCJ ne doivent certainement pas être épargnés par la critique. Ils sont plusieurs à ne pas avoir répondu aux attentes et leurs contre-performances ne peuvent être justifiées que par l'environnement qui a été créé autour d'eux. Une introspection généralisée s'impose.

Elle devrait inclure ceux qui les ont sélectionnés.

Des drapeaux rouges avaient été soulevés dès la formation de l'effectif. Plusieurs joueurs doués offensivement ont sciemment été écartés du processus au profit de profils plus nuancés. On voulait du talent, bien sûr, mais combiné à de la hargne, du chien, de l'abnégation.

Après un tournoi au cours duquel l'équipe a marqué 13 buts en cinq matchs, personne n'a remis en question cette stratégie.

« Je ne crois pas que c'est comme ça que ça fonctionne, a offert Anholt à l'hypothèse du trop faible nombre de joueurs offensifs. Je ne crois pas qu'on bâtisse une équipe en regardant qui a le plus de buts et le plus de passes. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il faut prendre en compte leur caractère, leur compétitivité. »

Même si ÉCJ n'a pas semblé avoir ces deux qualités en excès, Al Murray demeure convaincu d'avoir fait les bons choix. « Aucun joueur dans cette équipe n'a abandonné. Je crois que tout le monde a fait de son mieux. Tout le monde a travaillé aussi fort qu'il le pouvait. Tout le monde a donné son effort. »

« Je crois que notre processus était solide, a réitéré Anholt. Je crois qu'on a apporté avec nous les joueurs qui le méritaient le plus. Je croyais qu'on avait une bonne équipe capable de gagner l'or. On n'a juste pas été capables de le faire. »

Salmond a inclus dans son appel au calme un rappel des succès du passé. Il a noté qu'avant de perdre deux années consécutives en quart de finale, ÉCJ avait terminé deux fois de suite sur la plus haute marche du podium.

« À travers le temps, notre programme a connu beaucoup de succès. On a prouvé qu'on savait faire les bonnes choses avec les bonnes personnes en place. Ça ne changera pas. Je ne crois pas que les résultats soient toujours le reflet des gens ou du processus dans lequel ils sont impliqués. C'est juste que dans le sport, des fois tu gagnes et des fois tu perds. »