Le Canada a une fois de plus joué du hockey de rattrapage. C’est remarquable de voir qu’on a encore concédé le premier but à l’adversaire, et ce, pour une sixième fois consécutive si l’on tient compte des matchs préparatoires.

Il a fallu attendre à la fin de la troisième période, à 2:40 plus exactement, pour voir le Canada prendre les devants dans la rencontre pour la première fois à ses deux derniers matchs, dont celui perdu aux mains de la République tchèque. C’est très inquiétant.

Une autre chose qui m’inquiète, c’est qu’il y a un manque total de discipline. Les ajustements apportés n’offrent pas les effets escomptés. Après une période marquée par l’indiscipline, on était en droit de s’attendre à ce que l’entraîneur rectifie le tir lors de la suivante, mais ce ne fut pas le cas. On a été témoin d’infractions similaires et on a vu des gars frustrés. Dans un tournoi aussi court, on ne peut se permettre ça. Ce sont des signes plutôt négatifs, mais la bonne nouvelle dans tout ça, c’est que les jeunes sont malgré tout parvenus à remporter le match en temps règlementaire et à conserver le deuxième rang au classement du groupe A.

Parmi les trop nombreuses pénalités, Jonathan Drouin a notamment passé du temps au cachot dès le début de la rencontre pour coup à la tête. Il a d’ailleurs été chanceux de ne pas écoper cinq minutes de pénalité pour assaut puisque ses deux patins avaient quitté la glace. En conséquence, l’entraîneur-chef Brent Sutter a décidé de lui faire sauter son tour brièvement, comme dans le cas de Connor McDavid lors du dernier match, et c’était mérité. Drouin n’est pas retourné au banc des punitions par la suite, mais il a semblé déconcentré à quelques moments en essayant de donner des mises en échec trop percutantes. Heureusement, j’ai trouvé qu’il a retrouvé sa concentration au troisième engagement et il a vraiment joué comme il se doit, soit en s’affairant à récupérer la rondelle et en effectuant des passes précises pour faire progresser son équipe.

Si l’on regarde les points positifs, il faut assurément parler d’Anthony Mantha, qui a montré une fois de plus que c’est un joueur avec un très bon flair offensif. Il n’est pas reconnu pour ses prouesses défensives et c’est certain que son jeu défensif doit être poli, mais il a toujours été un joueur d’attaque de premier plan partout où il est passé. Il crée tellement de choses offensivement et il est tellement dangereux près du filet. Sa grande portée le rend encore plus menaçant face aux défenseurs adverses parce qu’il est difficile à contrer et il protège bien la rondelle à un contre un. Pour moi, Mantha est un élément de premier plan sur l’avantage numérique et il l’a prouvé aujourd’hui. Il a gagné sa place grâce à ses performances.

Le match d’aujourd’hui a aussi permis d’apprécier le jeu d’un des espoirs du Canadien de Montréal, Martin Reway, dans le clan slovaque. Il sera agréable à surveiller, parce que c’est un jeune qui possède beaucoup d’habiletés. Ce n’est pas le plus grand patineur, mais il est tellement bon avec la rondelle et il a une bonne vision périphérique. Il n’a pas le plus gros gabarit non plus, et certains diront d’ailleurs que c’est encore un petit joueur de centre, mais son développement sera malgré tout intéressant à suivre. Il est déjà bon au niveau junior et il se démarque lors de ce championnat. Les Slovaques n’avaient pas beaucoup d’éléments offensifs capables de menacer le Canada mis à part lui. Il a démontré son talent, mais on a vu en troisième période que l’équipe au complet a manqué un peu de gaz.

Paterson de retour devant le filet?

Zachary Fucale disputait pour sa part son premier match devant la cage d’ÉCJ lors de ce championnat et ce ne fut pas facile. À trois reprises, les Slovaques ont touché le poteau.

La décision appartient évidemment à Sutter en ce qui a trait au choix du gardien en vue du match de mardi contre les Américains, mais je n’ai pas l’impression que Fucale a gagné la confiance de son entraîneur aujourd’hui même s’il n’a pas mal gardé les buts en tant que tel. Avec l’objectif de terminer au premier rang, il faut y aller avec le no 1 et la direction a fait savoir qu’elle baserait sa décision au rythme des matchs. Ce n’est qu’un feeling, mais je crois qu’on reverra Jake Paterson devant le filet. (NDLR : Il a été confirmé que Fucale affronterait Team USA après la rédaction de cette chronique.)

Il y aura bien des correctifs à apporter demain. D’abord, les joueurs doivent être bien plus concentrés et éviter les punitions. On savait déjà en arrivant en Suède que le type d’arbitrage ne serait pas le même qu’en Amérique du Nord, et c’est ce qui fait que je suis déçu de l’attitude de certains joueurs. L’équipe ne peut pas espérer gagner des matchs en passant son temps au banc de punition. Sur une patinoire plus grande, les avantages numériques sont d’autant plus importants puisqu’il y a plus d’espace pour manœuvrer. En donnant ce genre de chances à l’adversaire, surtout deux fois à cinq contre trois, l’équipe ne s’aide pas. Il faut régler ça. Il faut rester disciplinés, se concentrer sur son propre jeu et arrêter de critiquer les arbitres.

On a quatre trios qui sont capables de causer des dommages offensivement. Même la quatrième ligne avec Paterson, Gauthier et Laughton, qui sont trois bons joueurs de hockey, est de qualité. Tous les éléments sont présents en attaque pour réussir, mais c’est défensivement que le bât blesse. Griffin Reinhart, qui est bon dans toutes les facettes du jeu, va revenir au jeu maintenant qu’il a terminé de purger sa suspension, ce qui veut dire que l’équipe jouera à sept joueurs à la ligne bleue. La question est de savoir s’il sera à 100 %, et j'imagine que c'est le cas, mais il doit avoir hâte de jouer. Je ne m’attends pas à le voir sur l’avantage numérique, cependant il sera un élément important à cinq contre cinq en créant de l’espace devant le filet et en gagnant des batailles à un contre un dans les coins de patinoire. On va vraiment avoir besoin de lui contre les Américains et sa présence donnera un gros coup de main. Comme je disais, il faudra être plus solide défensivement parce qu’on a eu de la difficulté face à des équipes qui présentent un échec-avant soutenu et qui mettent de la pression. Les Américains utiliseront certainement la même recette demain.

Enfin, je dois admettre que je suis quelque peu inquiet face aux chances de réussite du Canada dans ce tournoi. Je croyais que les représentants de la feuille d’érable auraient autant de points que les États-Unis et que tous deux afficheraient un dossier parfait avant le dernier affrontement de la ronde préliminaire qui les oppose, mais ce n’est pas le cas. Tout peut arriver en ronde préliminaire et ÉCJ a surmonté de l’adversité. Peut-être que la situation actuelle sera le coup de fouet dont avait besoin le Canada en marge du duel face aux Américains, qui ont profité d’une journée de congé et qui seront plus reposés. Peut-être que ce sera à leur tour de donner une leçon aux Américains en terminant premier. Je le souhaite, car se faisant, le Canada pourrait affronter la Suisse plutôt que des équipes plus intimidantes comme la Finlande, la Russie ou la Suède.

Propos recueillis par Audrey Roy