ÉCJ passe à l'histoire pour les mauvaises raisons
OTTAWA – Ça devait être le tournoi de la rédemption pour Équipe Canada junior. La jeune sélection nationale aura plutôt écrit l'histoire pour toutes les mauvaises raisons.
Les Canadiens ont surmonté un début de match catastrophique pour combler un déficit de deux buts dans leur quart de finale contre les Tchèques. Le plus difficile était fait et l'instant de quelques minutes, on a cru que cette équipe avait peut-être, enfin, trouvé sa couleur, sa voie, son inspiration.
Mais un but d'Adam Jecho avec 39,4 secondes à faire en troisième période a porté le pointage à 4-3 en faveur des négligés et enterré un groupe de joueurs qui ont passé la majorité du tournoi à creuser leur propre tombe.
L'importance de la discipline avait été le principal sujet de discussion dans l'entourage d'ÉCJ dans les 48 heures précédant la rencontre. C'est pourtant pendant une pénalité à Andrew Gibson que Jecho a marqué le but qui a éliminé l'équipe hôtesse devant une foule sans mot à Ottawa.
C'était le deuxième but du match des Tchèques en avantage numérique, le septième accordé par les unités spéciales canadiennes dans le tournoi.
« Une punition à la fin comme ça, on ne peut pas prendre ça », n'a pas caché l'entraîneur-adjoint Sylvain Favreau au micro de Stéphane Leroux après la rencontre.
« C'est sûr que c'est une grande déception pour nous. On n'a peut-être pas eu le début qu'on voulait, mais on n'a rien à se reprocher en deuxième et en troisième périodes. On s'est donné une chance de gagner, la game a tourné de côté. Mais les pénalités ont fait mal. On a beau chiâler et ne pas être d'accord, c'est quand même [les arbitres] qui prennent les décisions. Notre job, c'est de jouer et de tuer les punitions. »
Le Canada subit donc le même sort, infligé par le même bourreau, qu'en 2024 en Suède. Depuis 1996, soit depuis que le Mondial junior est tenu dans le format actuel, c'est la première fois qu'ÉCJ est écarté de la ronde des médailles deux ans de suite.
« Ce tournoi s'est déroulé exactement comme je l'anticipais au départ, a dit l'entraîneur-chef Dave Cameron. Ça allait se jouer entre trois ou quatre équipes qui pouvaient aspirer à le gagner, il n'y aurait pas de matchs faciles et il faudrait gagner les matchs sans lendemain. La suite m'a donné raison. Quand je regarde notre parcours, on a simplement été incapables de combiner toutes les facettes de notre jeu dans un même match. »
Nervosité
Peu importe le message qu'avait transmis à ses joueurs, le début du match a démontré une chose : il ne s'était pas rendu à la destination souhaitée. ÉCJ aurait difficilement pu réagir au signal de départ avec moins de conviction.
Un revirement en zone neutre et une couverture déficiente en repli défensif l'ont placé en déficit au pointage dès la 43e seconde.
Le premier jeu de puissance canadien a duré quatre secondes, le temps que Calum Ritchie commette à son tour une infraction en zone offensive. Puis à mi-chemin dans la période, Cole Beaudoin a reçu une pénalité majeure pour avoir donné du genou.
Une gifle. Un réveil.
Dans la deuxième minute de la sentence, Brayden Yager s'est échappé. Sa tentative a échoué, mais il a aussitôt repéré Tanner Howe qui s'amenait en support. Sa déviation a trouvé l'ouverture par-dessus l'épaule droite du gardien Michael Hrabal.
Mais avant le retour de la parité numérique, la malchance a frappé. Sur un tir hors-cible vers son gardien Carter George, Sam Dickinson a voulu récupérer la rondelle avec son gant, mais l'a plutôt poussée derrière son propre gardien.
Dickinson n'était pas au bout de ses peines. Dans les dernières secondes de la période, son jeu de finesse en zone adverse a procuré un surnombre aux Tchèques. Trois secondes avant le son d'une sirène salvatrice, c'était 3-1.
« Dire que personne n'était nerveux, ça serait mentir, a avoué Mathieu Cataford. C'est différent pour tout le monde aussi, mais de mon côté j'avais confiance qu'on était capables de sortir fort. »
Les Tchèques ont cru que ça suffirait. À la reprise de l'action, ils ont tenté de protéger leur avance en adoptant un style conservateur à l'excès. La tactique a réussi à endormir les Canadiens jusqu'à ce qu'un avantage numérique leur soit accordé en fin de période. C'est dans ces circonstances que Porter Martone a rétréci l'écart, faisant dévier habilement un tir en provenance de la pointe.
Le Canada a maintenu la pression en troisième. Gauthier et Cataford ont cru qu'ils avaient créé l'égalité à mi-chemin dans l'engagement, mais les officiels ont jugé qu'ils avaient gêné le travail du gardien pour y arriver. L'égalisation est finalement venue du bâton de Bradly Nadeau, alors qu'il restait un peu moins de cinq minutes au cadran.
Le coup fatal n'en fut que plus dur à encaisser.
« Je pense que ça a été notre meilleure période du tournoi, analysait Cataford à sa sortie de la patinoire. Je pense qu'on méritait mieux ce soir. C'est plate sortir de même mais c'est la vie. »
« J'aurais aimé voir trois périodes comme notre troisième », se désolait Favreau, résigné, dans les coulisses du Centre Canadian Tire.
Ça n'aurait pas nui non plus d'en voir un peu plus dans les quatre matchs précédents.