Sans réponses, ÉCJ se dirige-t-elle encore dans le mur?
OTTAWA – Depuis que son groupe s'est rassemblé à Ottawa en préparation de ce Mondial junior, Dave Cameron répond aux questions comme s'il possédait toutes les réponses, mais qu'il ne jugeait pas ses interlocuteurs assez intelligents pour les comprendre.
Succinct, vague, au bord de l'impudence, il semble préférer garder ses vraies explications à l'interne plutôt que d'en enrichir la masse. C'est sa prérogative en tant que patron du vestiaire. À chacun ses méthodes.
Mais mardi, après une défaite dans laquelle son équipe s'est enfargée dans ses propres lacets, Cameron a dérogé à sa pratique habituelle. Il ne s'est pas épanché sur les raisons qui ont mené ses hommes dans le mur, non. Ça, n'importe qui avec au moins un bon œil et la capacité de compter jusqu'à cinq l'avait déjà compris.
Mais lorsque pressé d'expliquer à la plèbe les sources de l'indiscipline de sa troupe et de proposer une cure qui pourrait l'en soulager, Cameron a levé le drapeau blanc et a admis son ignorance.
« Je ne peux pas commencer à clouer au banc tous ceux qui écopent d'une punition, a dit l'entraîneur au terme d'une match au cours duquel ses joueurs venaient de se défendre en infériorité numérique pendant près de douze minutes. C'est à eux de décider. C'est une question d'individus, c'est une question de caractère. C'est à eux de décider. »
C'est à souhaiter, pour ceux qui rêvent de voir cette équipe remonter sur le podium, que la première journée du nouvel an fera voir la lumière aux disciples de Cameron. Parce qu'immédiatement après avoir fait cadeau du premier rang du groupe A aux Américains, c'était le néant.
« Trop de pénalités », a répondu Brayden Yager lorsqu'on lui a demandé quel était le problème avec la quantité d'offenses pour lesquelles ses coéquipiers avaient été punis. Sachant le problème récurrent, le journaliste a insisté : « Pourquoi ça continue d'arriver? »
« C'est une bonne question », a lâché le capitaine.
« Si j'avais une réponse, je te la donnerais, mais je ne pense pas que j'en ai une », a offert le défenseur Sam Dickinson après un bref instant de réflexion.
Qu'est-ce qui cloche avec l'édition 2025 d'Équipe Canada junior?
En amont d'un tournoi qui est en train de virer à la catastrophe, les architectes de l'équipe ont maintes fois exprimé leur désir de s'éloigner des erreurs qui avaient été commises un an plus tôt et, du même souffle, leur conviction d'y être parvenus.
On a dit de l'équipe qui a pris la cinquième place l'an dernier qu'elle avait été mal préparée et qu'elle comptait à son bord un trop grand nombre de joueurs qui agissaient selon leur propre agenda. Bien avant qu'ils ne soient verbalisés, les signes de cette dissension avaient été percevables sur le terrain.
À mi-chemin dans ce qui devait être le tournoi de la rédemption, il est tentant d'établir des comparaisons entre les deux moutures.
Comme à Göteborg, les vedettes offensives ne font pas le travail. Comme à Göteborg, on les accuse de ne pas faire les sacrifices nécessaires pour augmenter leurs chances de réussite. Le désir de vouloir impressionner la galerie semble primer sur celui d'aller « se salir le nez », pour reprendre les paroles d'Ethan Gauthier.
L'an dernier, les ténors de l'équipe avaient l'air au-dessus de leurs affaires. S'il y a un manque de volonté cette année, il est mieux camouflé. On sent plutôt une équipe complètement démunie devant l'adversité, incapable de se tirer d'une situation fâcheuse quand l'histoire prend un tournant imprévu.
Si le problème persiste jusqu'à mener à l'élimination précoce, les choix effectués dans la construction de l'effectif devront être passés en revue et critiqués en conséquence. Des joueurs au talent offensif supérieur ont été ignorés parce qu'on était à la recherche de caractère. Nous voilà avec une équipe qui n'a marqué que dix buts à ses quatre premiers matchs, une première depuis 1999, et qui n'est pas capable d'éviter le banc de pénalité.
Où est cette force de caractère qui devait composer l'ADN de cette équipe?
N'en déplaise à Cameron, le groupe d'entraîneurs dont il est à la tête doit aussi se prêter à une sérieuse introspection. Les problèmes de discipline partent rarement de la base de la pyramide pour se propager vers le haut.
Il n'est peut-être pas trop tard pour sauver les meubles, mais à moins d'un changement de cap majeur, il est difficile d'imaginer cette équipe au leadership déficient arriver à ses fins.
« Je crois qu'ils vont le faire, a conclu Cameron son désir de voir ses joueurs se prendre en main. Ils se sont brûlés ce soir. Je crois qu'ils ont appris leur leçon. »