Avec quatre joueurs non repêchés, Équipe Canada junior se tourne vers la jeunesse
OTTAWA – La réponse de Scott Salmond n'aurait pu être plus courte, mais en même temps plus claire.
« Oui. »
Trois jours plus tard, cette brève déclaration prend des airs de prédiction, d'avertissement. En sélectionnant Porter Martone, Matthew Schaefer, Gavin McKenna et Jack Ivankovic dans l'équipe qui participera au Championnat du monde de hockey junior, les dirigeants de Hockey Canada ont en effet confirmé que « oui », ils sont à l'aise avec l'idée de partir à la conquête de la médaille d'or avec non pas un, ni deux ou même trois, mais quatre jeunes joueurs qui n'ont toujours pas écoulé leur première année d'admissibilité au repêchage de la Ligue nationale.
Martone, qui a eu 18 ans en octobre dernier, et Shaefer, qui a eu 17 ans en septembre, pourraient être les deux premiers joueurs choisis au prochain encan de la LNH. Ivankovic, un gardien, est considéré comme un possible choix de première ronde. McKenna, 16 ans, ne sera admissible qu'au repêchage de 2026.
Dans un tournoi où l'expérience est reine et où les joueurs de 19 ans sont plus souvent qu'autrement ceux qui tirent leur épingle du jeu, il est rare qu'Équipe Canada junior prenne à son bord autant de joueurs aussi verts.
En 1983, Mario Lemieux, Sylvain Turgeon et Steve Yzerman avaient tous mérité leur place à 17 ans dans l'équipe dirigée par Dave King.
L'édition de 1987 comptait cinq joueurs d'âge mineur : Chris Joseph, Luke Richardson, Brendan Shanahan, Pierre Turgeon et Jimmy Waite.
Il fallait remonter à l'année 1991 pour recenser la dernière mouture d'ÉCJ à avoir fait confiance à trois joueurs de 17 ans. Martin Lapointe, Eric Lindros et Scott Niedermayer avaient aidé leur pays à remporter l'or cette année-là.
En 2000, ÉCJ avait osé de manière un peu différente en faisant une place à deux joueurs de 16 ans, Jay Bouwmeester et Jason Spezza.
Dans les derniers jours, plusieurs dirigeants d'ÉCJ ont fait écho à Salmond, le vice-président, haute performance et opérations hockey, et répété que l'âge ne serait pas un facteur qui serait pris en considération dans la construction de l'équipe. Ce n'était pas des paroles en l'air.
« Je crois que je dois simplement rester fidèle à ce que je sais faire, jouer avec confiance et accepter les tâches qui me sont confiées, disait Schaefer plus tôt cette semaine. Tu ne veux pas arriver ici et jouer sur les freins parce que la compétition est féroce. J'ai déjà joué contre tous ces gars, que ça soit dans la Ligue junior de l'Ontario ou ailleurs. Pour moi honnêtement, c'est la même chose, mais dans un contexte différent. »
« C'est une chance que j'ai d'être dans cette situation, relativisait Martone. Ressentir ce genre de pression, c'est un privilège. Il y a peu de jeunes de mon âge qui ont la chance de vivre ça. Alors je veux saisir cette chance de représenter mon pays sur la plus grande scène. »
Pas des figurants
Le cas d'Ivankovic est plus nébuleux, mais tout porte à croire que les trois autres jeunes surdoués de cette édition 2025 auront des rôles clés dans le plan de match de l'entraîneur Dave Cameron.
Depuis les premiers entraînements du camp de sélection, Martone et McKenna forment un trio avec le joueur de centre Berkly Catton, le huitième choix au dernier repêchage de la LNH. La chimie a semblé s'installer instantanément entre les trois partenaires et il ne faudrait pas s'étonner de voir l'expérience se prolonger durant le bloc de matchs préparatoires à venir contre la Suisse, la Suède et la Tchéquie.
Jumelé à deux compagnons de plus petite stature, Martone, l'un des plus imposants attaquants canadiens à 6 pieds 3 pouces et 196 livres, aura toute la liberté de sortir les épaules et de créer de l'espace pour ses complices.
« Mon style de jeu, c'est de m'imposer dans le trafic, se targue le deuxième meilleur marqueur de l'OHL. C'est là qu'il faut aller pour marquer beaucoup de buts. C'est là que les choses se passent. Je veux y aller et rendre la vie difficile aux défenseurs et aux gardiens adverses. Quand je suis dans le trafic, c'est là que je suis à mon mieux. J'essaie d'y aller chaque fois que je suis sur la glace. »
McKenna, dont nous avions déjà discuté dans un autre texte, est dominant depuis plusieurs années contre des adversaires plus âgés et ne devrait pas être trop dépaysé dans un rôle offensif parmi la crème des moins de 20 ans.
La même chose s'applique à Schaefer, à qui les derniers jours ont suffi pour démontrer qu'il n'avait aucun complexe contre des joueurs plus expérimentés. Dans une brigade qui comptent deux vétérans qui ont pris part à la compétition l'an dernier, il ne faudrait pas se surprendre de le voir obtenir un temps de jeu conséquent avec un rôle dans le top-4.
« Il a été malade en début de saison et a dû prendre un pas de recul, mais à son retour au jeu il n'avait rien perdu de ses qualités, remarquait Peter Anholt, le gestionnaire principal du programme des moins de 20 ans de Hockey Canada, cette semaine. On l'a bien vu au Défi des espoirs. Contre les meilleurs de son groupe d'âge, il a élevé son jeu à un autre niveau. Il est tellement agile sur ses patins, ça lui permet de défendre avec tellement d'efficacité. C'est l'un de ces gars dont l'âge n'a aucune importance pour nous. »
Schaefer est seulement le cinquième défenseur de 17 ans à faire sa place avec Équipe Canada junior depuis le début du millénaire. Bouwmeester (2000, 2001), Ryan Ellis (2009), Aaron Ekblad (2014) et Jamie Drysdale (2020) sont passés par là avant lui.
Ivankovic est le premier gardien de 17 ans à se tailler une place avec ÉCJ depuis que Brian Finley avait été l'adjoint de Roberto Luongo en 1999.