Gavin McKenna, les comparaisons et les attentes
OTTAWA – La deuxième semaine du Championnat du monde de hockey junior pourrait coûter cher en chandelles au sein d'Équipe Canada. Parmi les joueurs qui luttent présentement pour un poste au camp de sélection, on en compte quatre qui fêteront leur 20e anniversaire durant les premiers jours du mois de janvier.
Gavin McKenna, lui, n'a pas encore 17 ans. Mais cette réalité ne lui est pas étrangère. Sur une patinoire, le prodige du Yukon n'a jamais fait son âge.
McKenna était le benjamin de l'équipe canadienne au plus récent Mondial des moins de 18 ans. Sans complexe, il a terminé la compétition avec 20 points, dont dix buts, en seulement sept matchs.
Cette année, il est le meilleur pointeur des trois circuits juniors qui forment la Ligue canadienne de hockey. Il a récolté 60 points en 30 matchs avec les Tigers de Medicine Hat.
De tels chiffres l'exposent évidemment à toute la gamme des superlatifs et rendent les comparaisons inévitables. Ses statistiques dans la Ligue junior de l'Ouest ressemblent à celles compilées par Connor McDavid au même âge dans la Ligue junior de l'Ontario.
En se taillant une place avec Équipe Canada junior, McKenna entrerait dans la même conversation que McDavid, Connor Bedard et Macklin Celebrini, les plus récents joueurs à s'y être qualifiés avant d'atteindre leur majorité.
« Évidemment, ils ont placé la barre haut, mais c'est mon objectif de travailler pour m'approcher des accomplissements de ces gars-là, a commenté McKenna après un premier entraînement mardi soir. Leur carrière est encore très jeune, mais leur talent est reconnu de tous, leurs preuves sont faites. Ça serait pas mal cool de suivre leurs traces. »
Même s'il affirme que l'invitation de Hockey Canada lui a fait vivre un « grand soulagement » et que « le travail ne fait que commencer » afin qu'il puisse représenter son pays durant le traditionnel tournoi du temps des Fêtes, il fait peu de doute que le nom de McKenna sera sur la liste finale des dirigeants de la fédération à la fin du processus de sélection. La question qui sera éclaircie au cours des prochains jours concerne davantage la nature du rôle qui lui sera confié et ce qu'il sera capable d'en faire.
« Gavin est un joueur élite, constate Scott Salmond, premier vice-président, haute performance et activités hockey à Hockey Canada. Il a un talent incroyable. Vous avez vu ce qu'il a fait pour nous le printemps dernier et cet été avec les moins de 18 ans. Avec sa vision du jeu et ses habiletés, c'est un joueur qui peut contribuer n'importe où dans un alignement. Et même s'il est d'abord reconnu pour son jeu offensif, c'est un jeune qui s'applique des deux côtés de la rondelle. »
Ce ne sont pas des mots qu'on entend généralement au sujet d'un joueur qui vit sous la menace de l'épée de Damoclès.
Quelles attentes?
À 17 ans, McDavid avait terminé à égalité en tête du classement des marqueurs d'ÉCJ avec 11 points en sept matchs. Au même âge, Bedard s'est propulsé dans une autre stratosphère avec une récolte de 23 points. L'an dernier, Celebrini a été le meilleur joueur d'une mouture décevante et a terminé le tournoi avec huit points en seulement cinq parties.
McKenna est plus jeune que ces trois prédécesseurs. McDavid avait fêté ses 18 ans quelques semaines après avoir gagné la médaille d'or à Toronto. Bedard avait eu 17 ans durant l'été qui avait précédé ses performances démentielles à Halifax. Même chose pour Celebrini l'an dernier en Suède.
McKenna, quant à lui, aura 17 ans le 20 décembre. Il ne sera admissible au repêchage LNH qu'en 2026. Considérant cela, quelles devraient être les attentes à son endroit?
« C'est un gros tournoi, c'est là que les projecteurs brillent avec le plus d'intensité, commence Salmond. On l'a vu avec d'autres jeunes joueurs qui sont passés avant lui, ça peut être un environnement dans lequel il est difficile de produire. En même temps, on croit qu'avec le Championnat du monde des moins de 18 ans et la Coupe Hlinka-Gretzky, on les expose à des situations qui peuvent bien les préparer pour ça. Des joueurs de cette trempe arrivent généralement avec des attentes élevées envers eux-mêmes. C'est aussi sans compter toutes les personnes d'expérience et les leaders qui sont ici pour l'aider à naviguer à travers ça. »
« Il est doué, vraiment doué, et il ne semble pas intimidé par l'ampleur du défi, a remarqué l'entraîneur-chef Dave Cameron. Mais s'il fait sa place, il ne sera qu'un membre de l'équipe parmi les autres. »
Les propos de Cameron sont en phase avec ce que d'autres membres de l'état-major d'Équipe Canada répètent depuis une semaine. Pour faire oublier la gênante cinquième place de l'an dernier, l'objectif n'est pas de former une collection de joueurs étoiles, mais une équipe soudée prête à faire les sacrifices nécessaires pour mériter la récompense la plus prisée.
Les deux ne sont toutefois pas mutuellement exclusifs. Et si McKenna cochait toutes ces cases?