La chance qu'attendait Alex Beaucage
LAVAL – En jetant un bref coup d'œil à la liste d'espoirs que le Canadien risquait d'envoyer à Laval pour y passer la saison, Alex Beaucage se doutait bien qu'il allait devoir attendre son tour s'il disait oui.
Des soirées passées dans les hauteurs de la Place Bell, ou encore à un échelon inférieur, dans l'uniforme des Lions à Trois-Rivières, se profilaient comme des scénarios plus que plausibles, surtout en début de saison.
N'empêche, l'attaquant québécois n'a pas hésité le moindre instant.
« Quand Laval a approché mon agent, c'était un honneur pour moi, un no-brainer. J'ai reçu l'offre et j'ai tout de suite accepté. »
C'est donc ainsi, malgré la congestion attendue en attaque au sein du club-école, que l'ailier droit de 23 ans a signé un contrat d'une saison avec le club-école du Tricolore au cours de la dernière saison morte.
Après avoir revêtu ses nouvelles couleurs lors des deux matchs préparatoires du Rocket, Beaucage a tel qu'anticipé été rayé de la formation lors des deux premiers matchs de la campagne de l'équipe. Puis, vu le surplus d'attaquants à la disposition de l'entraîneur-chef Pascal Vincent, il a ensuite été cédé aux Lions dans l'ECHL avant l'ouverture locale de l'équipe.
« Il a été envoyé à Trois-Rivières pas parce qu'il méritait d'être envoyé à Trois-Rivières, mais parce qu'on avait trop de joueurs. Il fallait prendre des décisions », a expliqué Vincent, mardi, au sortir de la séance d'entraînement des siens.
Les blessures et un virus ayant rapidement mis à mal la profondeur offensive du Rocket, Beaucage a été le premier attaquant à être rappelé à Laval, la semaine dernière. Si bien que le Trifluvien a joué son premier match de la saison dans la Ligue américaine samedi, dans un gain de 4-3 sur les Comets à Utica, et qu'il se prépare à jouer son deuxième contre ce même adversaire, mercredi soir à domicile.
À l'entraînement mardi, Beaucage complétait le troisième trio avec Owen Beck et Jared Davidson, en remplacement de Filip Mesar. Ce dernier, qui connaissait un excellent début de saison à l'instar de ses deux compagnons, sera tenu à l'écart du jeu pour huit à dix semaines en raison d'une blessure au bas du corps.
« C'est une marque de confiance. Peu importe le rôle que [Pascal Vincent] va me donner, ça va faire mon affaire et je vais le prendre avec fierté », a commenté Beaucage, reconnaissant de l'opportunité qui lui est offerte d'évoluer aux côtés de deux espoirs en confiance.
« C'est un excellent joueur de hockey et je pense qu'il peut jouer dans cette ligue-là, a justifié le coach. Je ne sais pas où tout ça va mener, mais il y a des exemples comme Alex Burrows dans le passé qui ont juste eu besoin d'une chance.
« Je ne veux pas faire de comparaison, mais il a un bon gabarit (6 pi 1 po, 205 lb), un bon patin, un bon bâton et il est capable de shooter le puck. Mais ce que j'aime le plus, c'est la façon dont il analyse les situations pendant le jeu. Il y a beaucoup de choses qu'il fait bien. C'est un projet intéressant. »
C'est aussi ce qu'avait perçu l'Avalanche du Colorado en 2019, au moment de faire de Beaucage son choix de 3e ronde, le 78e au total.
Or, après avoir joué ses deux premières saisons et demie chez les professionnels avec les Eagles du Colorado dans la Ligue américaine, Beaucage a complété la dernière campagne dans l'ECHL, avec les Grizzlies de l'Utah.
« Je me suis fait opérer à la fin de ma deuxième saison pour soigner une dislocation de l'épaule. Pendant tout l'été, j'étais en rééducation et j'ai raté quelques matchs en début d'année. Je suis resté au Colorado jusqu'à Noël, mais je ne jouais pas beaucoup et j'étais souvent rayé de la formation. Alors on a demandé à ce que j'aille dans l'East Coast pour jouer davantage, reprendre le beat. »
Beaucage y a finalement disputé 29 rencontres, le temps d'y amasser 11 buts et 14 passes. « Honnêtement, c'est rare que tu te dis ça, mais je pense que ça m'a fait un grand bien côté confiance et côté temps de glace. »
Au terme de la saison, Beaucage n'a pas été surpris d'apprendre que l'Avalanche ne déposerait pas d'offre qualificative pour ses services, faisant de lui un joueur autonome suscitant l'intérêt du Rocket malgré ses 13 buts et 26 passes en 124 rencontres avec la filiale du Colorado.
« Ça faisait mon affaire aussi d'essayer une autre place et d'avoir ma chance ailleurs. Ça faisait trois ans que j'étais là-bas, et côté statistique, ça allait un p'tit peu moins bien. Des fois, juste de changer d'air, ça ne peut pas faire de tort », espère celui qui aspire encore à une carrière dans la grande ligue.
« Il s'agit juste de retrouver la confiance et le niveau de jeu que je suis capable de jouer. Je pense que j'ai les aptitudes pour jouer dans la Ligue nationale et à un haut niveau. »
Pour le prouver, il devra d'abord s'atteler à saisir cette première chance qui se présente à lui à Laval. Il n'amassera peut-être pas un point par match comme il l'a fait dans la LHJMQ avec les Huskies de Rouyn-Noranda et les Tigres de Victoriaville, mais le champion d'une Coupe Memorial et de deux Coupes du Président est convaincu qu'il a plus à offrir pour se démarquer.
« Quand tu arrives dans un calibre comme ça, il faut que tu fasses autre chose. Ce qu'il faut que j'amène principalement, c'est d'être bon en échec-avant et défensivement, tout en n'oubliant pas mes aptitudes offensives. »
Ça commence mercredi soir face aux Comets, un duel qui sera présenté dès 19 h sur RDS2 et sur le RDS.ca.