« Lui, il est en mission » : Owen Beck épate à ses débuts
LAVAL – Au moment où il a été retranché par le grand club et invité à se rendre à Laval pour y amorcer sa première saison chez les professionnels, Owen Beck n'a essentiellement reçu qu'une recommandation du Canadien.
Reste toi-même et accélère.
Le Tricolore ne demande pas à son espoir de rivaliser avec Connor McDavid en ligne droite. Non (qui oserait?). Le joueur de centre n'a de toute façon aucune raison de complexer pour son coup de patin.
« Ce qu'on m'a dit quand on m'a envoyé ici, c'est de m'acclimater au rythme de jeu chez les pros et d'apprendre comment jouer mon style de hockey à ce niveau, clarifie Beck. [...] C'est ce sur quoi je me concentre ; faire mes lectures et mes jeux plus rapidement, tout en conservant mon efficacité. »
Après 11 matchs, c'est ce qu'il fait. À merveille. Au point où l'entraîneur-chef du Rocket Pascal Vincent ne peut que se dire « impressionné » par le rendement de sa recrue.
« Lui, il est en mission », s'émerveillait le coach, lundi, après la séance d'entraînement des siens. « Il regarde en haut et il veut monter en haut. »
Advenant que le Canadien perde patience avec un vétéran, ou qu'une blessure ne le contraigne à appeler des renforts de Laval, Beck s'assure pour l'instant de demeurer visible dans la liste de candidats potentiels.
De tous les patineurs du club-école, Beck est au moment d'écrire ces lignes celui qui affiche le meilleur différentiel à plus-9. À l'échelle de la Ligue américaine, ce ratio le place au sommet du classement chez les recrues, à égalité avec l'attaquant Justin Hryckowian et le défenseur Lian Bichsel, tous les deux des Stars du Texas.
Selon des données colligées par notre collaborateur de Sportlogiq Billy Bertrand, Beck se retrouvait sur la patinoire lors de 10 buts marqués par le Rocket à cinq contre cinq cette saison. À l'inverse, les clubs adverses n'ont inscrit que trois buts à égalité numérique lorsque le choix de 2e tour du CH en 2022 (33e) avait les deux patins sur la glace.
À ce jeu défensif responsable s'ajoute le fait qu'il bloque 0,82 tir et harponne 1,45 rondelle en moyenne par rencontre, ce qui le positionnait aux 41e et 35e rangs respectivement dans la LAH parmi 408 attaquants ayant joué au moins 50 minutes cette saison avant les matchs à l'horaire cette semaine dans le circuit.
« Ça va bien jusqu'à maintenant. On ne donne pas grand-chose défensivement, alors je suis assez satisfait de cette facette de mon jeu en ce moment. »
Et il peut l'être aussi pour sa production offensive. Fort des 3 buts et 7 passes inscrits à sa fiche, le joueur par excellence de la dernière Coupe Memorial flirte avec la moyenne d'un point par match. Seuls Joshua Roy (12 points) et Alex Barré-Boulet (11 points) ont amassé plus de points que lui parmi les attaquants du Rocket.
C'est surtout grâce à ses aptitudes de fabricant de jeu que Beck parvient pour l'instant à se démarquer en attaque dans la LAH avec 2,1 passes vers l'enclave complétées en moyenne par match selon Sportlogiq. Seuls 20 autres attaquants du circuit faisaient mieux en date de lundi.
Blanchi de la feuille de pointage en trois occasions seulement cette saison, Beck entretient de plus une série de cinq matchs avec au moins un point qu'il tentera de prolonger ce soir à Rochester face aux Americans.
« Je pense m'être ajusté rapidement au tempo du jeu [dans la Ligue américaine]. C'était ardu dans les premiers matchs, mais je m'adapte et les choses commencent à ralentir autour de moi », témoigne le jeune Ontarien.
« Ça s'en vient, tout ce que j'essaie, c'est de suivre le rythme et de faire les jeux que je ferais normalement. [...] Il y a encore place à amélioration, évidemment, mais je regarde beaucoup de vidéo pour voir les différentes choses que je peux faire. »
Voilà justement l'une des raisons pourquoi Beck se démarque, note Vincent.
« C'est une éponge », louange l'enseignant du Rocket. « Il absorbe très rapidement l'information qu'on lui donne. Ce n'est pas juste par rapport à la game, c'est aussi sa façon de se préparer et de s'autoévaluer. Il est capable d'appliquer l'information dans des actions bien précises.
« Et il y a son coup de patin, ajoute Vincent. Encore ce matin à l'entraînement (lundi), il était dominant. C'est un gars qui est fort physiquement et il va devenir encore plus fort parce qu'il prend son métier au sérieux. Même s'il est encore jeune, il sait que c'est sa job. »
Tel qu'il l'avait annoncé en début de campagne, Vincent offre toutes les opportunités à la relève du Tricolore de se développer, et ce dans toutes les situations de jeu. Réputé pour son efficacité sur les mises en jeu durant son stage junior, Beck obtient entre autres sa part d'occasions pour parfaire ce savoir-faire chez les pros.
En territoire ennemi, aucun joueur de centre du Rocket n'obtient plus de répétitions que Beck par tranche de 60 minutes de jeu (23,3), recense Sportlogiq. Il y a certes encore du travail à faire avec un taux d'efficacité inférieur à 50 % (47,7%), tout comme en zone défensive où il affiche un rendement de 41,9 %, mais Beck continuera de se voir confier sa juste part de responsabilités, promet Vincent.
« Il a gagné cette opportunité-là par son éthique de travail. »
Est-ce que ce sera pour une saison complète dans la Ligue américaine? On verra. Beck est tout sauf contre l'idée.
« Si la direction estime qu'une année complète [dans la LAH] me sera bénéfique, je suis d'accord. L'important, c'est de m'adapter au niveau et à la rapidité des rangs professionnels pour parvenir à me démarquer et poursuivre mon développement.
« S'ils changent d'idée, et bien j'aurai une autre montagne à gravir, un autre saut à faire. Le tempo augmentera encore et je devrai prouver que je suis capable de m'ajuster rapidement. »