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L'attrait du « mini Centre Bell » fait des p'tits

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On ne mettrait assurément pas Laval dans la même conversation que Bora-Bora pour les endroits les plus prisés sur Terre, mais dans la Ligue américaine de hockey, c'est une destination de choix.

Il n'est donc pas surprenant de voir que des joueurs et des entraîneurs cherchent à venir s'y installer. Ou y revenir.

Quand on parle de villes comme Bridgeport, Utica ou Belleville, il est clair que ces destinations de la Ligue américaine n'ont pas le même « glamour » que Los Angeles, Miami ou New York. Et ce n'était pas ce que le Canadien de Montréal avait en tête lorsqu'il a déménagé son club-école à Laval, en 2017, après 13 années passées à Hamilton et deux autres à St. John's, à Terre-Neuve.

Au-delà des avantages logistiques, ce déménagement a donné l'occasion aux joueurs de l'organisation du Tricolore de vivre une ambiance qui s'apparente davantage à celle du Centre Bell. Si, en plus, ça permet à plusieurs Québécois de rentrer au bercail et de briller devant les leurs, alors tout le monde en ressort gagnant. Non?

Laurent Dauphin avait vécu l'expérience lavalloise pendant des parties de trois saisons avant de s'exiler à Tucson, en Arizona, en 2022-2023. Après une saison en Suisse, l'attaquant de Repentigny a obtenu l'occasion de revenir au Québec et il n'a pas hésité.

« J'avais l'occasion de revenir près de la maison, de permettre à ma conjointe de recommencer à travailler. Nous avons un garçon maintenant, alors c'était aussi pour être près de lui et près de la famille », a-t-il mentionné.

Au fil des années, le Rocket a développé sa culture et il a offert une belle place aux produits locaux. À l'aube du dernier mois de la saison, l'équipe comptait sept Québécois dans sa formation, et d'autres viennent parfois faire leur tour en provenance des Lions de Trois-Rivières, dans l'ECHL. Sans compter le contingent d'entraîneurs, totalement québécois.

C'est autour de quelques sushis que Daniel Jacob a reçu sa première véritable offre d'emploi comme entraîneur, il y a une quinzaine d'années, à l'Université McGill. Cette fois, il n'a pas eu besoin de déguster des « makis » pour se faire convaincre de revenir à Laval.

Après trois saisons comme adjoint derrière le banc du Rocket, de 2018 à 2021, Jacob a suivi Joël Bouchard, d'abord avec les Gulls de San Diego, puis avec le Crunch de Syracuse. Loin de sa famille, il a expliqué sa situation à Bouchard et au directeur général du Lightning de Tampa Bay, Julien BriseBois, et les discussions se sont mises en branle pour un retour.

« J'étais sous contrat pour trois ans avec le Crunch, mais ç'avait été une année difficile. Pour la première fois, j'étais seul, parce que ma famille était restée à Blainville. Ça fait partie du travail, mais à un certain moment, je me suis rendu compte que, même si j'adore ce que je fais, c'est très demandant physiquement et mentalement. L'équilibre et le soutien que ma famille m'apporte, c'est là que tu te rends compte que c'est énorme », a affirmé Jacob.

« J'en ai parlé à Joël, et il en a discuté avec Julien. Ils ont été écoeurants de me donner le feu vert et de donner du temps au Canadien pour me jaser », a-t-il ajouté, très reconnaissant. 

Passion lavalloise

Pascal Vincent est lui aussi revenu à la maison, littéralement. Originaire de Laval, l'entraîneur-chef de 53 ans a roulé sa bosse dans la LHJMQ, la Ligue américaine et la LNH avant de venir diriger un club qui joue à « cinq minutes de chez ses parents ».

Mêlé à une situation hors du commun avec les Blue Jackets de Columbus, après le départ abrupt de Mike Babcock, Vincent a obtenu sa première chance comme entraîneur-chef dans la LNH. L'expérience n'a toutefois duré que neuf mois, et il a été congédié en juin dernier.

Sa passion pour le métier d'entraîneur n'a jamais été remise en question, mais elle a semblé vaciller après la saison 2023-2024, au cours de laquelle les Blue Jackets ont présenté le quatrième pire dossier de la LNH. Le fait de revenir aux sources et d'avoir du succès avec le Rocket, qui trône au sommet de la Ligue américaine, a en quelque sorte fait renaître Vincent.

« J'adore mon métier, mais l'an passé, ç'a été une saison difficile. Cette année, je voulais retrouver cet amour-là pour mon métier. Ce n'est pas que je l'avais perdu, mais il était un peu plus distant. En ce moment, c'est dans mon top-3 des plus belles années que j'ai eues en tant qu'entraîneur. D'être originaire de Laval aussi, c'est la cerise sur le sundae », a-t-il déclaré.

Les joueurs et les entraîneurs ont une très grande part de responsabilité dans les succès du Rocket cette saison, mais une partie du crédit revient également aux partisans présents à la Place Bell lors de chaque match.

Le domicile des Lavallois est considéré comme l'un des plus bruyants dans la Ligue américaine et, depuis le début de la saison 2024-2025, il est rempli à environ 98% de sa capacité, pour une moyenne d'environ 9900 spectateurs par partie. C'est sans parler de l'intimidante marée blanche qui camoufle tous les sièges bleus pendant les séries.

Jacob était très heureux d'avoir le soutien de la foule pendant ses années avec le Rocket, mais, quand il est venu à la Place Bell en tant « qu'ennemi », il a pu constater à quel point l'ambiance était à un autre niveau comparativement à ce qui se fait ailleurs dans la ligue.

« Nous avons toujours eu un bon soutien à Laval, mais la saison passée, quand nous sommes venus avec le Crunch, c'est là que je me suis rendu compte à quel point c'était gros. Ça tremblait avant le match, c'était bruyant et c'était rempli. C'est difficile de venir jouer ici. Nous sommes venus de l'arrière en quelques occasions cette année et oui, il y a la préparation des joueurs, mais ça vient aussi de l'énergie que les partisans nous donnent. C'est un mini Centre Bell ici », a comparé Jacob.

L'endroit de tous les possibles

Ce qui se fait à Laval n'a pas uniquement retenu l'attention des talents québécois. Il est également devenu attrayant pour des joueurs autonomes à travers la Ligue américaine.

Les vétérans défenseurs Tyler Wotherspoon et Zack Hayes ont tous deux signé un contrat d'un an avec l'équipe pendant la saison morte, et ils n'ont pas regretté leur choix. Hayes, qui a passé la dernière campagne dans la Liiga en Finlande, souhaitait revenir en Amérique du Nord et il se souvenait de ce qu'il avait vécu comme adversaire du Rocket.

« J'étais excité de voir que c'était une option pour moi après l'ouverture du marché des joueurs autonomes. J'ai joué contre eux par le passé, alors je connaissais déjà l'aréna et la ville. Ce sont probablement les meilleurs partisans de la Ligue américaine, alors c'était un bon argument de vente. Il y a deux ans, avec les Comets d'Utica, j'avais joué ici en séries. C'est l'un des arénas les plus difficiles où jouer. Les partisans sont bruyants et on dirait qu'ils sont carrément au-dessus de toi. C'est beaucoup plus plaisant de se faire encourager par eux que le contraire », a dit Hayes en riant.

Transportés par cette foule, les hommes de Vincent montrent actuellement la deuxième meilleure fiche à domicile de tout le circuit. Récemment, l'attaquant Jared Davidson s'est même risqué à parler de la coupe Calder.

Il s'agirait peut-être d'une petite rédemption pour Dauphin et Jacob, qui ont contribué au seul titre de section de l'histoire du Rocket, en 2021, mais qui n'avaient pas participé au long parcours jusqu'en finale de l'Association Est, l'année suivante.

« Nous avions eu une bonne équipe pendant la saison de la COVID-19, en 2021, mais il n'y avait pas eu de séries. C'est sûr que c'était dommage, mais ça devrait être plaisant de pouvoir les vivre cette saison. D'avoir une chance de réaliser quelque chose de gros ici », a exprimé Dauphin.

Quelque chose de gros et qui retient l'attention, un peu comme le fameux « Colossus » de Laval?