« Un peu d'amour » pour Riley Kidney
LAVAL – Quand il a dû identifier un ailier qui allait prendre la place d'Alex Barré-Boulet aux côtés de Brandon Gignac et Joshua Roy pour les deux matchs de la fin de semaine dernière contre les Bruins de Providence, le choix de Pascal Vincent s'est arrêté sur Riley Kidney.
C'est une position dans laquelle l'ancienne vedette du Titan d'Acadie-Bathurst et des Olympiques de Gatineau ne s'était encore jamais retrouvée au niveau professionnel. Comme recrue, le premier trio était toujours resté hors de sa portée. Depuis le début de la présente saison, il avait surtout été jumelé aux rugueux Luke Tuch et Florian Xhekaj.
Pourquoi maintenant?
« Des choses que tu as besoin de regarder la vidéo pour comprendre, justifiait l'entraîneur du Rocket plus tôt cette semaine. Son bâton, la façon dont il bouge en zone défensive, je pense qu'il a fait assez de bonnes choses. Et puis on voulait le mettre dans une position où il se sentait supporté aussi, une position où il peut aider l'équipe. Mais plus que ça, pour lui donner un peu de confiance, un peu d'amour. »
Kidney a effectivement interprété cette promotion comme une grosse tape dans le dos, une récompense pour le bon match qu'il jugeait avoir disputé le mercredi précédent contre Utica. Dans cette rencontre, il avait marqué son premier but de la saison sur une superbe manœuvre en échappée.
Avec la mention d'aide qu'il a récoltée dans le deuxième volet du programme double contre Providence, il revendique maintenant trois points en sept parties.
Kidney perdra presque assurément ses nouvelles responsabilités offensives avec le retour au jeu de Barré-Boulet, qui était de retour à l'entraînement mercredi selon le reporter maison du Rocket Justin Vézina. Mais avec les blessures et les rappels qui font partie de la réalité de la Ligue américaine, les occasions de retrouver un rôle similaire reviendront.
Sans dire qu'il s'est senti aussi à l'aise qu'à l'époque où il dominait la LHJMQ, il croit avoir laissé une bonne impression.
« C'est juste du hockey. Sur le premier trio, c'est sûr que tu es là pour plus de mises en jeu en zone offensive, tu as plus d'occasions de faire la différence en attaque. Il a fallu que je me réhabitue à ça un peu, mais au fond ça ne change pas tant que ça. J'ai essayé de ne pas trop en faire un plat et de rester fidèle à ce que je sais faire. »
De manière générale, Kidney a l'impression d'être plus à sa place à sa deuxième saison à Laval. L'an dernier, il a été confronté à tous les défis dont les jeunes de son âge parlent invariablement : la vitesse du jeu, les adversaires plus gros, etc. Il a dû gérer des émotions qu'il n'avait littéralement jamais ressenties auparavant. Comme celle-ci : « J'étais un peu nerveux en possession de la rondelle. »
Pensez-y deux secondes. Vous êtes un joueur qui a livré des saisons de 100 et 110 points dans le junior majeur et soudainement, vous ressentez du stress dans des situations banales où vous aviez toujours excellé les yeux fermés.
« J'avais réalisé assez vite que les choses allaient être différentes pour moi. Je ne pouvais plus prendre mon temps, regarder autour sans pression avant de prendre mes décisions. Ça a été un ajustement difficile, ma confiance en a pris pour son rhume. Cette année, le jeu a commencé à ralentir dans ma tête. Je recommence à faire des jeux. Ça m'a aidé de marquer un but dans les premiers matchs. J'espère que ce n'est que le début. »
Le gabarit, encore et toujours
Le gabarit de Kidney allait toujours représenter un obstacle à son développement au hockey professionnel. À 5 pieds 11 pouces, il dit avoir joué une partie de la saison dernière à un poids de 175 livres.
L'été dernier, il a fait de son développement physique sa priorité. Il a passé deux mois complets à Brossard, faisant la navette quotidienne entre son appartement et l'aréna avec Lucas Condotta et Xavier Simoneau. Au camp d'entraînement, il a fait osciller le pèse-personne à 190 livres. Sur la glace, il a tout de suite senti la différence.
« Durant les exercices à 1-contre-1, je ne me faisais plus trimballer d'un bord ou de l'autre, je ne tombais plus, je pouvais coller des gars contre la rampe, on ne me tassait plus aussi facilement », dit-il.
« L'an passé, sans dire que je savais que j'allais perdre mes batailles, disons que mes attentes n'étaient pas très élevées quand j'arrivais dans un duel. Cette année, j'ai beaucoup plus confiance en moi, je sais que j'ai une chance de sortir avec la rondelle. Je ne suis toujours pas le plus gros, mais je suis plus fort et je connais plus les trucs du métier. »
Cette confiance a été mise en évidence sur son premier but de la saison la semaine dernière. Après avoir reçu une longue passe à la ligne bleue adverse, Kidney a d'abord utilisé son agilité pour contourner le défenseur Nick DeSimone, mais a ensuite dû bien utiliser son corps pour se débarrasser de son couvreur et se propulser vers le gardien.
Pour Pascal Vincent, un jeu de ce genre représente la référence à viser pour Kidney, qui a encore des croûtes à manger avant qu'une telle action fasse partie intégrante de son répertoire.
« Je vois qu'il essaie de s'imposer physiquement, de créer ces batailles-là, mais il va avoir besoin de travailler. Physiquement, il va avoir besoin de devenir un peu plus fort, plus rapide. Il va devoir travailler sur son explosion », constate l'entraîneur.