Le trio de Stützle peut faire mieux, Korpisalo aussi
COLLABORATION SPÉCIALE
Avec cinq parties de disputées en saison régulière, les Sénateurs présentent une fiche de trois victoires et deux défaites, dont la dernière par la marque de 5-2 à domicile face aux Red Wings de Detroit, dans un duel entre deux formations empruntant un parcours similaire depuis quelques saisons.
Deux équipes qui sont passées à travers une phase de reconstruction complète et annoncée.
Malgré ce court échantillon, plusieurs éléments retiennent l'attention dans le jeu des Sens, avec une approche différente de la game. Nul doute que sur le plan collectif, des modifications et ajustements ont été apportées dans le cahier de jeu de l'entraîneur-chef D.J. Smith.
Smith a décidé de revoir et corriger son approche, pour bien répondre aux nouvelles tendances à succès de la LNH, mais aussi pour adapter le jeu de l'équipe au personnel de joueurs qu'il a maintenant à sa disposition.
On a pu voir jusqu'ici une progression des plus jeunes joueurs faisant partie du noyau de la franchise et la présence d'un meilleur équilibre des forces grâce à certains ajouts, bien que l'émergence de certaines acquisitions se fait toujours attendre.
Nous sommes par ailleurs toujours dans l'attente que certains trios débloquent, dont l'unité de Brady Tkachuk, Tim Stützle et Claude Giroux... même si c'est fort possiblement une question de temps, puisque ce trio attire le respect de ses adversaires soir après soir. Disons tout de même que son apport offensif a été timide jusqu'ici à forces égales.
La formation ottavienne semble être moins axée sur le style de la vieille école, lire ici le style « dump and chase », et davantage axée sur une approche nord-sud, avec comme objectif de jouer la game plus rapidement, avec une relance de l'attaque bien plus alerte et plus vite que par le passé.
Cette réalité, on la voit bien dans le temps de possession de rondelle de la formation ottavienne, surtout en territoire offensif depuis le début de la saison régulière, ce qui lui permet de générer des temps forts en zone adverse. Même si on est encore loin d'être parfait dans la gestion de la rondelle, autant en territoire offensif qu'à la ligne bleue – avec quelques décisions douteuses –, disons que les améliorations sont visibles jusqu'à présent.
Un aspect où on a remarqué une nette amélioration, sauf lors du tout premier match, c'est dans la colonne des tirs alloués à l'adversaire. On se rappelle que l'an dernier, Ottawa accordait en moyenne 31,4 tirs à ses adversaires. Lors de leurs quatre dernières sorties, les Sens ont concédé 21 tirs à Philadelphie, 24 à Tampa Bay, 24 à Washington, et 23 à Detroit.
Un constat qui me porte à croire que la troupe de D.J. Smith s'impose davantage de sacrifices pour bloquer des tirs en infériorité numérique lorsque la situation l'exige, ce qui allège grandement le travail des gardiens – même si la performance de Joonas Korpisalo demeure questionnable pour l'instant.
Il faut dire que samedi soir dernier, les Red Wings ont poursuivi leur travail de démolition en supériorité numérique en marquant trois buts en cinq tentatives, eux qui depuis le début de la campagne présentaient, avant leur rencontre de dimanche, un excellent taux de réussite de 50 % avec l'avantage d'un homme (huit buts marqués en 16 occasions).
Sans surprise, cela les place bons premiers du circuit Bettman... de quoi donner des ulcères d'estomac à plusieurs!
Korpisalo doit et peut faire mieux
Bien que la saison soit encore très jeune, et qu'il ne faut surtout pas céder à la panique, le fait est que le meilleur circuit de hockey au monde en demeure un qui exige la présence de résultats.
Joonas Korpisalo, qui a signé une entente à long terme durant la saison morte, n'a pas été à la hauteur depuis le début de la saison, lui qui affiche une moyenne de buts alloués de 4,03 par match et un taux d'efficacité de ,865 en trois départs. Il démontre plusieurs signes de vulnérabilité dans la partie supérieure du filet, une tendance qui est largement exploitée par l'adversaire.
Le rendement du gardien finlandais fait en sorte que son coéquipier suédois, Anton Forsberg (1,50 et ,933) est en train de l'entraîner dans une certaine compétition à l'interne.
Le nouvel environnement, l'adaptation à de nouveaux coéquipiers, un nouveau système de jeu; il est clair que Korpisalo a besoin d'une période pour bien s'acclimater, mais une réalité demeure : le principal intéressé a toujours eu cette mauvaise habitude de manquer de constance à l'intérieur d'un même match. Il est capable du meilleur comme du pire, en allouant un ou deux buts discutables.
Il devra corriger cette fâcheuse tendance s'il veut avoir l'étoffe d'un gardien numéro un dans la LNH.
Le calendrier plus allégé des Sénateurs a probablement fait en sorte que Korpisalo a obtenu le départ face aux Red Wings samedi, mais disons que dans les prochaines semaines, le vent risque de pousser de plus en plus fort dans le dos de celui-ci, avec la tenue de Forsberg depuis le début de la saison.
Au bout du compte, un entraîneur veut faire jouer le gardien qui donne le plus de confiance aux joueurs devant lui.
Tel que mentionné plus tôt, il est trop tôt pour se prêter à la panique, mais dans un circuit où la victoire fait foi de tout, la patience de Smith envers Korpisalo ne fera pas long feu, surtout que Smith ne bénéficiera pas de beaucoup de patience lui-même en cas de déboires répétés. La mèche est courte cette année, et l'instructeur des Sens en est très conscient.
Je l'ai souvent dit et je le répète : la LNH est une « business » qui ne fait pas et ne fera jamais dans les sentiments. Ne l'oublions jamais!
Bonne semaine de hockey!