Team USA : L'équipe avant les statistiques
Jeux Sotchi 2014 jeudi, 2 janv. 2014. 13:49 mercredi, 11 déc. 2024. 17:42On attendait des surprises lors du dévoilement de Team USA en vue du tournoi de hockey de Sotchi.
On les a eues!
Dustin Byfuglien, des Jets de Winnipeg, (7 buts, 29 points) et Keith Yandle, des Coyotes de Phoenix, (6 buts, 27 points), premier et troisième pointeurs chez les défenseurs américains évoluant dans la LNH, joueront au golf, iront se faire bronzer ou broieront du noir pendant la trêve olympique au lieu de défendre les couleurs de leur pays.
Pourquoi Byfuglien et Yandle - surtout Yandle qui est de beaucoup supérieur au gros Byfuglien à mes yeux – sont-ils écartés? Parce que si leurs statistiques offensives écarquillent les yeux des amateurs, elles n’aveuglent pas les dirigeants de Team USA.
Les risques que Byfuglien soit trop vulnérable sur le plan de la mobilité sur une patinoire de dimension olympique ont pesé dans la balance. Les risques que Yandle multiplie sur la glace ont certainement contribué à la décision de se passer de ses grandes qualités offensives.
Comme quoi il n’y a pas que P.K. Subban qui doit composer avec ce genre de préjugé.
Ce qui est vrai pour Byfuglien et Yandle l’est tout autant pour Erik et Jack Johnson dont les exclusions représentent aussi, du moins pour certains, des surprises.
Malgré leur présence à Vancouver aux JO de 2010 et leurs longues associations avec le programme de développement de hockey aux États-Unis, Erik (tout premier choix de la cuvée 2006, sélectionné par les Blues de St Louis, il a ensuite été échangé à l’Avalanche du Colorado) et Jack (premier choix des Hurricanes de la Caroline et troisième sélection de la cuvée 2005) ont perdu de leur lustre au profit de plus jeunes défenseurs qui feront leur entrée au sein de Team USA à Sotchi.
Derrière Ryan Suter et Brooks Orpik – deux seuls défenseurs américains présents à Vancouver – les sélections de Ryan McDonagh (Rangers), Cam Fowler (Ducks), Justin Faulk (Hurricanes), John Carlson (Capitals) et Kevin Shattenkirk, cinq défenseurs âgés de 24 ans et moins, confirment un changement de la garde au sein de Team USA.
Ces sélections, qui sont difficiles à mettre en doute, confirment aussi, et j’ajouterais surtout, que les Américains comptent aujourd’hui sur un bassin de joueurs élites qui dépassent les cadres d’une seule équipe de 25 joueurs.
Club B plus que respectable
Bon! Il est encore trop tôt pour dire qu’un club B des USA serait en mesure de faire aussi bonne figure qu’une équipe B canadienne. C’est évident.
Mais quand on met l’un derrière l’autre les noms des joueurs laissés de côté par le directeur général David Poile (Nashville) et ses associés dans l’aventure américaine, il est évident que l’Oncle Sam est loin de patiner sur la bottine comme c’était le cas il n’y a pas si tant longtemps.
En passant, le miracle de 1980 aux Jeux de Lake Placid fut d’ailleurs l’exception qui confirme cette règle.
Autour de Jason Pominville, Bobby Ryan, Kyle Okposo, Alex Galchenyuk, Brandon Dubinsky, des défenseurs laissés de côté et du gardien Ben Bishop qui aurait facilement pu déloger un ou deux des trois gardiens retenus – en dépit de statistiques moyennes et/ou de blessures, Ryan Miller (Buffalo), Jonathan Quick (Los Angeles) et Jimmy Howard (Detroit) seront à Sotchi –, un club B américain pourrait rivaliser avec l’Allemagne, la Suisse, voire la Slovaquie dans le peloton de clubs exclus de l’élite mondiale.
Profondeur et complicité
Cette nouvelle manne au Sud de la frontière a d’ailleurs permis à Poile et ses associés de prendre le temps de composer une équipe, une vraie, au lieu de se contenter d’inviter les meilleurs joueurs de leur pays.
Brooks Orpik n’est plus jeune. De fait, à 33 ans, on pourrait dire qu’il est vieux. Mais parce que la relève est là, Poile et ses acolytes n’ont pas hésité à mettre de côté des défenseurs plus talentueux afin de compter sur son expérience. Sa complicité avec Paul Martin qui n’est plus jeune, jeune à 32 ans, est un autre exemple de l’importance accordée à la chimie recherchée dans la composition de cette équipe.
Ce qui est vrai à la ligne bleue l’est tout autant à l’attaque.
Phil Kessel et James van Riemsdyk unissent leurs efforts pour aider les Maple Leafs de Toronto à marquer des buts. Ils l’ont prouvé une fois encore mercredi lors de la Classique hivernale – un succès sur toute la ligne en passant – au Big House à Ann Arbor, devant 105 000 spectateurs venus braver le froid et la neige, et le plus gros bassin de téléspectateurs américains de l’histoire de la LNH depuis la tenue de ces matchs à l’extérieur. Ce n’est pas rien.
Pas surprenant que Kessel et JVR soient sortis ensemble du vestiaire des Leafs pour venir saluer la foule et leur sélection avec un chandail des États-Unis sur le dos.
Et il ne sera pas surprenant de les voir encadrer l’un des centres sélectionnés – David Backes (St Louis), Joe Pavelski (San Jose), Ryan Kesler (Vancouver), Paul Stastny (Colorado) et Derek Stepan (New York) – une fois en Russie.
Il ne faudrait pas se surprendre non plus de voir Backes et T.J. Oshie (complices à St Louis) de même que Stepan et Ryan Callahan, son capitaine avec les Rangers, multiplier les présences au sein d’un même trio.
Car avec le peu, voire l’absence de préparation en vue de ce tournoi, l’entraîneur-chef Dan Bylsma et ses adjoints seraient bêtes, très bêtes, de ne pas miser sur une complicité déjà développée entre certains des joueurs mis à leur disposition.
C’est pour cette raison que je crois toujours aux chances de Chris Kunitz de maintenir sa place à la gauche de Sidney Crosby au sein d’Équipe Canada.
Je sais, n’importe qui pourrait bien paraître dans le sillon de Crosby. Mais Kunitz y est déjà. On verra ce qui arrivera la semaine prochaine à Toronto (7 janvier) lors du dévoilement de la formation canadienne.
Ligne de centre
Bien que le Canadien parte favori, du moins je crois, que les Américains sont menaçants, que les Russes voudront impressionner dans le cadre de JO disputés chez eux et que les Finlandais comptent sur des gardiens sensationnels, je crois toujours que la Suède sera l’équipe à battre à Sotchi.
Il faudra que Henrik Lundqvist recommence à garder les buts comme il en est capable, mais j’aime l’équilibre suédois, la vitesse de cette équipe, l’intelligence de son système et l’abnégation des joueurs prêts à tout pour le respecter.
Les États-Unis?
Ils seront forts. Devant le filet. Sur les ailes. À la ligne bleue aussi.
Au centre? Je ne suis pas tout à fait convaincu. Les candidats sont forts. Talentueux. Solides. Mais je ne vois pas dans ce groupe la pierre d’assise nécessaire pour traverser les épreuves. Pour se lever quand c’est nécessaire et qu’il n’y a pas de lendemain.
Peut-être que je sous-estime David Backes et qu’il est prêt à assumer ce rôle. Que je commets la même erreur avec Joe Pavelski ou Ryan Kesler. Mais ces trois joueurs n’ont pas guidé leur club de la LNH jusqu’à la victoire ultime. Je ne vois donc pas comment ils pourraient le faire à Sotchi.
Il est vrai qu’ils seront mieux entourés que dans la LNH et que c’est en équipe qu’on gagne une médaille d’or olympique, mais tous les clubs comptant sur des chances réelles de mettre la main sur l’or seront tout aussi forts, rapides, talentueux et solides devant les buts que les États-Unis. D’où l’importance de compter sur un ancrage qui ne cédera pas sous la pression. Un ancrage que je ne vois pas.
Du moins pour l’instant.
On verra s’il me sautera au visage dans deux mois…