Les athlètes canadiens célébrés à la Chambre des communes
Alors que les athlètes olympiques et paralympiques canadiens de Paris étaient célébrés à Ottawa mercredi, le Comité olympique canadien (COC) a également profité de l'occasion pour renouveler ses appels à un financement fédéral accru.
De l'autre côté de la rue, en face de l'édifice de l'Ouest du Parlement, quelque 200 athlètes ont été accueillis par des dizaines de dignitaires, dont le premier ministre Justin Trudeau, plusieurs ministres du cabinet, des sénateurs et des députés de différents partis.
Les athlètes ont ensuite été accueillis à la Chambre des communes, où les députés se sont lancés dans une interprétation collective de l'« Ô Canada ».
Tout en retenant l'attention des parlementaires, la présidente du COC, Tricia Smith, a profité de l'occasion pour exposer l'état désastreux des organisations sportives canadiennes.
« Si je peux me permettre, ce dont nous avons maintenant besoin, c'est d'un soutien actualisé au système sportif national. C'est le système qui fournit aux Canadiens les entraîneurs, les camps d'entraînement, les possibilités de compétition », a-t-elle déclaré dans un discours.
« Ces fonds sont réduits par les fédérations sportives nationales ces jours-ci parce qu'elles n'ont pas le financement nécessaire. »
Plus tôt cette semaine, le COC a présenté sa dernière demande budgétaire à Ottawa, bien qu'un porte-parole ait mentionné que les détails exacts de la demande n'ont pas encore été rendus publics.
La demande s'élève à 144 millions $, contre les 104 millions $ demandés par le COC en mars, en prévision du budget fédéral de cette année, a expliqué le chef de la direction et secrétaire général du COC, David Shoemaker. Le montant demandé en mars représentait ce que le COC qualifiait à l'époque de soutien pour éviter des «réductions substantielles» des programmes et des services.
M. Shoemaker a précisé que l'événement d'Ottawa était une occasion de raconter les histoires des succès des athlètes canadiens aux Jeux olympiques et paralympiques, mais aussi de parler du manque à gagner auquel font face les organisations sportives canadiennes.
« Les plus de 60 organisations qui établissent les programmes et les politiques du sport à l'échelle nationale, qui sont responsables, en fin de compte, des athlètes qui se présentent à Paris, n'ont pas eu d'augmentation de financement depuis 2005 », a mentionné M. Shoemaker à La Presse Canadienne.
« Cela fait donc 20 ans que le COC fonctionne avec les mêmes niveaux de financement qui ont été érodés de plus de 50 % par l'inflation. Nous venons à Ottawa depuis cinq ans pour demander au gouvernement d'augmenter le financement de base des budgets. Nous n'avons pas réussi. »
Le gouvernement fédéral a tenu une promesse budgétaire en juillet et a consacré 55 millions $ pour les mensualités des athlètes, la sécurité dans le sport et l'élimination des obstacles.
Cet engagement représentait environ la moitié de ce que le COC avait demandé. Cet argent soutenait directement les athlètes plutôt que les organisations dans leur ensemble – bien que l'argent pour les mensualités des athlètes olympiques et paralympiques ait été supérieur à ce que les athlètes avaient réclamé.
La demande de 104 millions $ du COC était basée sur une étude de Deloitte commandée par l'organisation. Cette étude n'a pas été rendue publique, mais ses conclusions ont été résumées par le COC dans sa dernière soumission budgétaire, qui a été rendue publique.
« Nous avons également mené une enquête sur ces sports. Soixante-dix pour cent des sports réduisent leurs programmes, 80 % réduisent leurs compétitions, 90 % réduisent leurs camps d'entraînement et d'autres choses », a souligné M. Shoemaker.
« Nous commençons donc à voir un réel impact au sein de ce système sportif et nous aimerions que ce problème soit résolu, car il est important pour l'avenir du sport dans ce pays. »
Des organisations obligées de réduire leurs services
Le président-directeur général de Gymnastique Canada, Andrew Price, était l'un des nombreux responsables sportifs canadiens présents mercredi.
Il a indiqué que les organisations sont sur le point de devoir réduire leurs programmes et leurs services, car l'augmentation des dépenses ne permet plus d'étirer les budgets pour faire le même travail.
« Nous devons soutenir nos athlètes qui sont ici en ce moment », a-t-il fait savoir, en réponse à la façon dont le manque de financement a affecté les programmes de base.
« Cela signifie, en tout cas pour la gymnastique, que bon nombre de ces programmes durables à long terme ont été mis en pause et définancés, et que les postes de personnel qui en seraient responsables ont été supprimés, afin de faire de la place pour les choses urgentes. »
La ministre des Sports, Carla Qualtrough, triple médaillée de bronze paralympique en natation, était l'un des ministres présents à l'événement de célébration.
Elle a soutenu qu'elle continuait à soulever les questions de financement au sein du cabinet, mais a reconnu qu'il y avait des « priorités concurrentes » pour le gouvernement.
« Personne ne me regarderait dans les yeux et ne me dirait que nous ne voulons pas investir dans le sport. Il s'agit simplement de s'assurer qu'ils disposent de toutes les informations nécessaires pour savoir depuis combien de temps un gouvernement n'a pas investi dans le système sportif », a-t-elle ajouté.
« Qu'ils sachent ce que chaque dollar rapporte en termes de valeur, en termes de santé de nos citoyens, en termes de coût pour notre système de santé que nous évitons lorsque nous investissons dans le sport. »
« C'est mon travail de raconter cette histoire, et c'est l'histoire que je raconte assez obstinément tout le temps », a-t-elle avancé.