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RÉSULTATS

La route sinueuse de Noah Lyles vers la gloire

Noah Lyles - PC
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Le solaire sprinteur américain Noah Lyles, en quête de gloire aux Jeux olympiques de Paris, a toujours cru en son destin de champion, malgré une maladie infantile et des épisodes dépressifs qu'il maîtrise depuis trois ans.

Favori du 200 m aux Jeux de Tokyo en 2021, il n'avait pris que la médaille de bronze après avoir tout juste accepté un traitement face à sa dépression.

« J'avais l'impression d'avoir bien géré dépression et anxiété depuis le lycée, d'avoir tenu le coup. Je ne voulais pas de traitement, j'en avais peur », raconte Lyles.

« En 2021, le premier jour où j'ai pris des médicaments, j'ai senti un énorme soulagement. »

« J'ai ensuite connu quelques problèmes de genou à l'approche des JO de Tokyo, je m'étais remis à stresser. Après la course j'étais cassé, détruit même. J'avais rêvé de ce moment depuis sept ans, et je n'avais pas reçu la médaille que je pensais mériter. J'ai alors compris qu'il n'était pas ici question de mérite. Il me revenait de faire en sorte que cela n'arrive plus. »

L'athlète âgé de 27 ans a depuis atteint le sommet de son sport en devenant triple champion du monde l'été dernier à Budapest (100, 200 et 4x100 m).

« Devenir une étoile »

Souriant, adepte du show en toute circonstance, le sprinteur-dessinateur-rappeur au style soigné paraît se régaler sur la piste d'athlétisme, où il n'hésite pas à chambrer ses adversaires pour ajouter un peu de piquant.

« Je m'amuse, je suis joyeux sur la piste. C'est le type d'énergie que j'essaie de créer, de maintenir. Quand ça devient dur je me rappelle que ce n'est que de la course, et que je suis super bon à ce jeu. »

Né le 18 juillet 1997 à Gainesville (Floride), l'enfance de l'athlète a été marquée par les difficultés.

Jusqu'à ses six ans, il multiplie les séjours à l'hôpital pour traiter de violentes crises d'asthmes. Sa mère Keisha Caine Bishop, avec qui il garde un lien très fort, restait éveillée des nuits entières pour le maintenir en position assise afin qu'il puisse dormir.

Dyslexique et atteint de troubles de l'attention, Lyles souffre à l'école où il est moqué par ses camarades - « ils étaient impitoyables » - pour ses dents jaunies par un traitement contre l'asthme.

Après le divorce de ses parents, il se révèle sur la piste à Charlotte (Caroline du Nord) où, avec son frère Josephus, il fait parler la génétique : sa mère était une sprinteuse universitaire, son père membre du relais 4x400 m américain champion du monde en 1995.

« Je voulais déjà courir aux Jeux olympiques, devenir une vedette de la piste, l'homme le plus rapide du monde », relate-t-il dans le documentaire « The Noah Lyles Project » que la NBC consacre à celui qui a grandi entouré d'athlètes olympiques, parmi les amis de ses parents.

« Champion de sprint, il pensait que c'était banal : tu passes le permis, tu vas au lycée et tu es sélectionné aux JO », lance sa mère, dont il a hérité du large sourire, interrogée par l'AFP en juin.

« Unique »

Lyles passe directement du lycée au monde professionnel, une rareté, et manque la qualification pour les Jeux de Rio sur 200 m pour 9 centièmes de seconde, avant de devenir champion du monde du demi-tour de piste pour la première fois en 2019 à Doha. Le tout sans jamais s'éloigner de son cercle proche, sa mère et son frère, depuis élargi à sa petite amie, la sprinteuse jamaïcaine Junelle Bromfield.

« On se fait des soirées jeux en famille, on rigole, on fait les fous, explique sa mère. Parfois il vient chez moi et s'étale juste sur le canapé. En famille, Noah n'est pas une vedette, c'est juste un de mes enfants. »

« Je n'ai aucune médaille chez moi, seulement des photos de famille. C'est une maison normale. »

Lyles, déjà sextuple champion du monde, a trouvé son équilibre dans le groupe d'entraînement de Lance Brauman à Clermont (Floride), l'un des plus relevés du monde, où il recherche l'excellence.

« Son intuition, ses connaissances, sa façon de maximiser son potentiel le rendent unique. Il a tellement grandi depuis Tokyo », note Diana McNab, la préparatrice mentale qui le suit depuis le lycée.

Pour les Jeux de Paris, l'athlète qui s'est donné pour mission de rajeunir l'image de l'athlétisme, s'est mis « beaucoup de pression », assure sa mère, pour atteindre l'objectif d'une vie.