La langue française est négligée
Jeux olympiques mardi, 9 mai 2006. 11:50 dimanche, 24 nov. 2024. 20:26
PARIS (AP) - Grand Témoin de la Francophonie aux Jeux olympiques d'hiver de Turin en février, Lise Bissonnette a remis un rapport accablant mardi: la langue française ne fait plus le poids face à l'anglais.
La présidente de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et ancienne directrice du Devoir tire la sonnette d'alarme dans le document remis à Paris à Abou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie.
"Le français, qui fut 'la' langue des Jeux il y a un siècle, est devenu une langue de cérémonie, une étiquette à laquelle on continue à déférer dans les occasions d'élégance, tandis qu'à l'usage il n'est plus que langue seconde, ou tierce, au mieux", dit-elle dans les conclusions de ce rapport intitulé "La place et l'usage de la langue française aux Jeux olympiques d'hiver de Turin 2006".
La Charte olympique, texte fondateur des Jeux de l'ère moderne, continue d'affirmer dans sa version la plus récente, amendée en septembre 2004, que "les langues officielles du Comité international olympique sont le français et l'anglais".
Cette règle 24 indique encore qu'"en cas de divergence entre le texte français et le texte anglais de la Charte olympique et de tout autre document du CIO, le texte français fera foi sauf disposition expresse écrite contraire".
Sur le terrain, la réalité est toute autre.
"Passion lives here" (la passion vit ici), le slogan unilingue en anglais choisi par les responsables de l'image de "Torino 2006", omniprésent dans la capitale piémontaise, "a offert à l'anglais une prépondérance symbolique sans égale", note le rapport.
Tous les billets mis en vente pour donner accès aux épreuves, et même à la cérémonie d'ouverture et de clôture, étaient rédigés en anglais et en italien uniquement. Dans les "Olympic stores", les produits officiels étaient uniquement étiquetés en anglais et en italien.
Lors des compétitions, l'affichage électronique des résultats n'était proposé qu'en anglais.
Concernant les médias, l'information "à chaud" offerte par intranet pour les journalistes accrédités ne l'était qu'en anglais. Les données de référence, comme les biographies des athlètes, étaient proposées dans une version beaucoup plus détaillée en anglais.
Pour la presse audiovisuelle, la "Torino Broadcasting Organisation" chargée de produire le signal et de le transmettre aux médias ayant acquis les droits, a fourni des images avec incrustations exclusivement en anglais.
"Ces incrustations, point de référence de millions de téléspectateurs de par le monde, se devraient donc d'être exemplaires quant au respect de la règle 24 de la Charte olympique", note le rapport.
Au vu de l'importance de l'audiovisuel, le Comité international olympique (CIO), qui s'est toujours dit attaché aux principes de la Charte olympique, va bénéficier d'une occasion unique de faire évoluer la situation actuelle: à compter de 2010, il deviendra lui-même diffuseur hôte, c'est à dire qu'il produira le signal audiovisuel. "Aucune assurance ne nous a été donnée quant à une intention ou volonté de modifier la procédure actuelle", s'inquiète pourtant Lise Bissonnette.
La Canadienne s'étonne de n'avoir reçu durant son séjour aux Jeux en sa qualité de Grand Témoin "aucune invitation du CIO ou du TOROC (le comité d'organisation) à exercer cette représentation".
L'avènement de "l'ère du marketing" des Jeux, devenu un événement majeur autant sur le plan sportif que sur le plan économique, a accéléré le processus d'amoindrissement du français. La langue de travail des "sponsors" est l'anglais.
"Le caractère particulier des olympiques et leur tradition culturelle s'effacent à l'entendement des jeunes organisateurs professionnels qui traient l'événement olympique comme toute autre vaste manifestation internationale génératrice de fortes retombées économiques", indique le rapport.
Comment le français peut-il survivre, un siècle après la création du CIO et la refondation des Jeux par le baron Pierre de Coubertin à Paris en 1894?
"Il devient impératif d'adopter un cadre réglementaire (...), d'insérer dans le cahier des charges du comité organisateur de la ville hôte des dispositions précises et contraignantes énumérant ses engagements dans le domaine des langues officielles", préconise le rapport.
La présidente de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et ancienne directrice du Devoir tire la sonnette d'alarme dans le document remis à Paris à Abou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie.
"Le français, qui fut 'la' langue des Jeux il y a un siècle, est devenu une langue de cérémonie, une étiquette à laquelle on continue à déférer dans les occasions d'élégance, tandis qu'à l'usage il n'est plus que langue seconde, ou tierce, au mieux", dit-elle dans les conclusions de ce rapport intitulé "La place et l'usage de la langue française aux Jeux olympiques d'hiver de Turin 2006".
La Charte olympique, texte fondateur des Jeux de l'ère moderne, continue d'affirmer dans sa version la plus récente, amendée en septembre 2004, que "les langues officielles du Comité international olympique sont le français et l'anglais".
Cette règle 24 indique encore qu'"en cas de divergence entre le texte français et le texte anglais de la Charte olympique et de tout autre document du CIO, le texte français fera foi sauf disposition expresse écrite contraire".
Sur le terrain, la réalité est toute autre.
"Passion lives here" (la passion vit ici), le slogan unilingue en anglais choisi par les responsables de l'image de "Torino 2006", omniprésent dans la capitale piémontaise, "a offert à l'anglais une prépondérance symbolique sans égale", note le rapport.
Tous les billets mis en vente pour donner accès aux épreuves, et même à la cérémonie d'ouverture et de clôture, étaient rédigés en anglais et en italien uniquement. Dans les "Olympic stores", les produits officiels étaient uniquement étiquetés en anglais et en italien.
Lors des compétitions, l'affichage électronique des résultats n'était proposé qu'en anglais.
Concernant les médias, l'information "à chaud" offerte par intranet pour les journalistes accrédités ne l'était qu'en anglais. Les données de référence, comme les biographies des athlètes, étaient proposées dans une version beaucoup plus détaillée en anglais.
Pour la presse audiovisuelle, la "Torino Broadcasting Organisation" chargée de produire le signal et de le transmettre aux médias ayant acquis les droits, a fourni des images avec incrustations exclusivement en anglais.
"Ces incrustations, point de référence de millions de téléspectateurs de par le monde, se devraient donc d'être exemplaires quant au respect de la règle 24 de la Charte olympique", note le rapport.
Au vu de l'importance de l'audiovisuel, le Comité international olympique (CIO), qui s'est toujours dit attaché aux principes de la Charte olympique, va bénéficier d'une occasion unique de faire évoluer la situation actuelle: à compter de 2010, il deviendra lui-même diffuseur hôte, c'est à dire qu'il produira le signal audiovisuel. "Aucune assurance ne nous a été donnée quant à une intention ou volonté de modifier la procédure actuelle", s'inquiète pourtant Lise Bissonnette.
La Canadienne s'étonne de n'avoir reçu durant son séjour aux Jeux en sa qualité de Grand Témoin "aucune invitation du CIO ou du TOROC (le comité d'organisation) à exercer cette représentation".
L'avènement de "l'ère du marketing" des Jeux, devenu un événement majeur autant sur le plan sportif que sur le plan économique, a accéléré le processus d'amoindrissement du français. La langue de travail des "sponsors" est l'anglais.
"Le caractère particulier des olympiques et leur tradition culturelle s'effacent à l'entendement des jeunes organisateurs professionnels qui traient l'événement olympique comme toute autre vaste manifestation internationale génératrice de fortes retombées économiques", indique le rapport.
Comment le français peut-il survivre, un siècle après la création du CIO et la refondation des Jeux par le baron Pierre de Coubertin à Paris en 1894?
"Il devient impératif d'adopter un cadre réglementaire (...), d'insérer dans le cahier des charges du comité organisateur de la ville hôte des dispositions précises et contraignantes énumérant ses engagements dans le domaine des langues officielles", préconise le rapport.