Ceci est ma dernière chronique. J'aime toujours la lutte, mais je n'ai plus autant envie de vous faire partager ma passion sur une base régulière car elle m'a amèrement déçu durant la dernière année. Tellement que je ne suis plus du tout les nouvelles du monde de la lutte au Québec depuis ma sortie du milieu en mai dernier. Je manque aussi de temps pour bien le faire. Mon absence des derniers mois sur le site peut s'expliquer de plusieurs façons. Je m'excuse auprès de ceux que j'ai offusqués mais j'ai vraiment manqué de temps avec ma famille, mon travail ainsi que mon bref retour sur la scène de la lutte au Québec.

La dernière année fut très pénible pour moi. J'ai vu mon bébé, la NCW, prendre une direction que je ne pouvais pas partager. J'ai préféré quitter plutôt que d'essayer d'en reprendre le contrôle par des moyens sournois comme on le voit souvent dans le monde de la lutte. Ce qui aurait été facile puisque la NCW a négocié mon retour comme "booker" environ deux mois avant Challengemania 11, mais sans succès puisqu'il était impossible pour les gens en place de prendre des décisions difficiles. Si j'étais resté, j'aurais pu facilement reprendre la direction en pareilles circonstances. En passant, la NCW m'a approché à nouveau la semaine dernière et j'ai dit non sans négocier; je suis en rémission de ma dépendance à la lutte. En explorant mes options durant la dernière année, j'ai pu exorciser mes démons et mettre mon implication dans le domaine en perspective. Voici donc le résumé de ma dernière année dans le monde de la lutte ainsi que mes conclusions.

Ce fut très flatteur de se retrouver agent libre car dans les jours qui ont suivi mon départ de la NCW, j'ai eu des offres de plusieurs fédérations incluant la FLQ à Montréal et la CCW de Québec qui voulait m'avoir si jamais je déménageais à Québec. Je cherchais plus, un nouveau défi, et j'ai finalement entrepris des négociations avec Lutte Internationale 2000 par l'entremise de Pierre-Carl Ouellet et en un peu plus d'une semaine, Jacques Rougeau m'offrait une position au sein de sa compagnie. Ce fut une superbe expérience où j'ai appris beaucoup de choses et travailler sur le plus gros gala de ma vie au Parc Jarry. Mais c'est avant toute chose la fédération de Jacques Rougeau et il peut y faire ce qu'il veut. Je voulais plus de liberté, apporter l'expérience ainsi que l'équipe de support fiable.

Pour une raison que j'ignore, la communication entre Jacques et moi s'est brisée et nous avons mutuellement mis un terme à notre association. J'aurais aimé qu'on me laisse en faire plus. C'est d'ailleurs le seul reproche que je pourrais faire à Jacques Rougeau; il a abandonné l'idée de faire des galas que les gens viennent voir à cause des lutteurs et des histoires. Dans ces circonstances, je ne pouvais pas l'aider car c'est ce que je sais faire.

Il fait "un gala de lutte" pour tous, il en fait un événement d'un soir. Il vend ensuite les billets en avance sur son nom et avec l'aide de ses commanditaires. C'est son droit et c'est son produit; de plus, il a du succès en terme de billets vendus. C'est difficile d'argumenter car même la NWA:TNA ne vend pas autant de billets que Lutte 2000 pour ses événements. Il y a plein de talents dans cette fédération et ce fut un plaisir de travailler avec eux. J'aurais aimé avoir plus de temps pour partager ce que je sais et ce que mes amis savent pour faire d'eux une nouvelle génération de vedettes qui font vendre des billets. Ce n'était tout simplement pas notre destin.

Je fut assez surpris d'avoir des offres de la ICW en début d'année 2003, car après tout, nous avions été impliqués dans l'équivalent au Québec de la guerre du lundi entre la WWF et la WCW aux États-Unis. Malheureusement, ma fille venait d'arriver et je devais aider ma petite famille à s'adapter à l'arrivée de ce nouveau membre. Je me voyais mal les quitter à chaque samedi si rapidement. Nous avons par contre gardé le contact et après l'échec de mes négociations avec la NCW, j'ai contacté Serge Proulx.

Le soir de Lutte-O-Mania, j'avais donc rendez-vous avec l'état major de la ICW. J'ai rapidement signé un contrat et fait mes débuts le même soir. C'est vrai et je suis témoin, la ICW improvise environ 80% de tout ce qui se passe durant un gala. C'est un environnement un peu difficile à apprivoiser pour une personne comme moi habituée à des galas écrits et préparés le plus possible. Pire encore, c'est moi qui écrivait les galas en question. De plus, j'arrivais de Lutte 2000 où 110% du gala était "scripté". Mais malgré cela, j'ai eu beaucoup de plaisir durant mes galas avec la ICW et rencontré une superbe équipe qui a beaucoup de plaisir à travailler ensemble; une bonne gang. Mais pas assez pour compenser les larmes de mon fils à chaque samedi alors que je quittais pour la lutte.

C'était différent de voir l'"ennemi" de l'intérieur et s'apercevoir qu'il n'est pas bien différent de nous. Tout ce que je pensais alors, c'est qu'il aurait été possible de travailler avec eux durant notre guerre de mots et faire des galas incroyables qui auraient attiré beaucoup de monde. Mais nous étions aveugles chacun de notre côté et cette opportunité ne reviendra jamais. Malheureusement pour moi et la ICW, nous avons terminé notre association un peu abruptement à cause d'une divergence d'opinion au niveau créatif auquel il fut impossible de trouver un compromis. C'est dommage, j'aurais aimé terminer cette aventure d'une façon plus positive mais encore une fois ce n'était pas dans mon destin. Je suis par contre très fier de mon court passage où je suis devenu la première personne à avoir été président fictif de la NCW et président fictif de la ICW. On ne reverra pas cela souvent croyez-moi, je veux donc en profiter pour remercier la famille Proulx pour cette opportunité.

Je n'étais pas chez-nous encore une fois et j'ai finalement réalisé que je ne serais jamais heureux ailleurs que dans un endroit où je sois en charge comme à une certaine époque avec la NCW. J'ai donc décidé de me retirer complètement de la lutte au Québec, incluant cette chronique, afin de me consacrer à ma famille en entier. Je reprendrais le collier demain matin si j'avais les moyens de lancer une grosse affaire qui serait mon gagne-pain ou si j'avais une offre de travail rémunéré à temps plein dans le domaine. C'est la dernière chose qu'il me reste à vivre dans la lutte. Mais je suis entièrement satisfait de ce que j'ai accompli et extrêmement fier de ce que je laisse à la lutte au Québec. Je quitte avec la tête haute car je n'ai pas perdu mon intégrité dans l'expérience et je n'ai jamais tabassé aucun lutteur en dehors des galas en 10 ans; ce qui n'est pas le cas de mon remplaçant. Remplaçant qui avait une offre d'aide sur la table pour la dernière saison qui a préféré manœuvrer dans notre dos pour se débarrasser des anciens plutôt que d'accepter leur aide. Mais je m'éloigne du sujet ou plus précisément j'y arrive.

Le manque d'intégrité et de courage, c'est ce qui m'a déçu le plus durant mon passage dans le monde de la lutte. J'ai cru, sinon inventé l'expression "la famille NCW" pour finalement me retrouver avec des gens que je croyais des amis me montrer la porte sans avoir le courage de venir me le dire en pleine face. Leur silence depuis en dit long sur leur intégrité. En passant, un ami en question aurait aussi été le champion si j'avais été élu "booker" en juillet 2002. En plus il aurait fait vendre des billets dans le même rôle. J'ai créé des liens avec des gens comme Frank Blues, Phil Bélanger et Ben le King entre autres qui font de nous des amis pour la vie, mais j'ai aussi perdu une personne que je considérais comme un second frère avant la lutte pour des raisons qui restent encore nébuleuses. Pourtant, une personne qui avait quitté la NCW en guerre avec moi, Eric Ferland (Syl le Sadique), s'est réconciliée avec moi dans la dernière année au point de fêter Noël et ma fête avec moi. Je ne dois pas être si pire que cela.

Je travaille dans le même bureau avec une personne que je considérais un ami avec qui je ne parle plus que de travail si nécessaire alors que nous passions chaque moment libre à parler de lutte et de la NCW. Le pire, c'est que cette personne m'avait donné l'impression qu'elle était de mon côté à l'élection de juillet pour finalement ne pas se présenter le soir venu et ne jamais s'expliquer. Je ne crois pas que ce soit à moi à faire les premiers pas dans une situation où je suis la personne qui fut trahie, car pour moi, c'était mes amis et je n'aurais jamais fait une chose pareille.

Je ne vois pas ce que j'aurais à gagner à supplier des gens d'être mes amis qui ne m'ont donné aucun signe de vie depuis un an après avoir manqué à des règles importantes de l'amitié, soit la franchise et la loyauté. Je vais être beaucoup plus avaricieux de mon amitié dans le futur c'est certain.

Je n'arrive tout simplement pas à croire que des amis m'ont tourné le dos pour des promesses de ceintures et de "pushs". Pire encore, qu'on ait pu croire que je priverais des personnes de ceintures et de "pushs" à cause d'animosité personnelle; inventée de toute pièce d'ailleurs. Vous comprenez mon amertume face à la scène québécoise? Car il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, il n'y a pas autant de fédérations au Québec car les gens veulent présenter un style de lutte différent car il croit qu'ils peuvent faire plus d'argent ainsi et attirer de plus grandes foules par un meilleur "booking". Les gens lancent des fédérations car ils se pensent meilleurs que le gars que son promoteur met champion (souvent le promoteur ou le "booker" eux-mêmes) et lui aussi veut être le champion. On se fout du produit et du nombre de billets vendus, on veut gagner des ceintures dans un sport où les gagnants sont choisis par une tierce personne. Pourtant la lutte c'est d'abord présenter un bon produit qui vend des billets, pas un concours d'égo. Comment voulez-vous garder le feu sacré quand vous réalisez comment tordu le monde de la lutte est vraiment?

Même une jeune fédération comme la FCL, que j'ai vu avant mes débuts avec la ICW, qui semble être une superbe place où vivre sa passion, doit connaître si on creuse un peu la même jalousie que partout ailleurs dans le domaine. La majorité des décisions des "bookers" dans le monde est basée sur ce qui leur fait plaisir à eux ou pour se venger de la compétition ou pire encore pour prouver que les lutteurs de la compétition ne sont pas de taille avec ceux de leur fédération.

L'utilisation décevante de Goldberg par la WWE ainsi que la majorité de leur "booking" récemment est la preuve de ce que j'avance. Même Vince McMahon ne peut se résoudre à présenter le Goldberg que tout le monde veut voir même si cela lui fait perdre de l'argent. Imaginez comment c'est facile lorsque ce genre de décision ne représente aucune perte de revenus comme pour les fédérations du Québec?

C'est tellement facile quand tu écris le gala de penser à toi et de te mettre champion juste pour ton plaisir personnel. C'est l'autre chose dont je suis le plus fier dans mon passage dans la lutte, j'aurais pu à deux reprises me mettre champion par équipe de la NCW pour quelques minutes et inscrire mon nom dans le livre d'histoire de la NCW. Un soir en plus, c'était dans ma ville à Beauharnois. Je ne l'ai pas fait, pourtant j'aurais aimé cela et j'aurais adoré me faire photographier avec les ceintures, victorieux et jubilant. Je ne l'ai pas fait car cela n'aurait pas été bon pour "la business" et j'ai pris chacune de mes autres décisions avec la NCW dans le but de nous faire vendre des billets, d'accroître notre visibilité et d'augmenter nos profits. J'ai fait passer la compagnie, ma compagnie (qui n'existe plus à mes yeux en passant) en avant de mon intérêt personnel ou de celle des autres. J'ai fait des erreurs durant 10 ans mais pas celle là.

Merci à ceux qui ont encouragé la NCW durant ces années et qui ont payé pour voir mon produit et ma vision de la lutte. Merci à ceux qui sont devenus mes amis au fil des ans et qui le sont restés. Personne ne pourra nous enlever nos 10 ans et il y aura toujours une place sur mon divan pour qu'on puisse regarder un bon PPV ensemble et se raconter nos histoires de guerre.

Merci au site de RDS, à Jean-François Kelly et à mes lecteurs pour cette tribune que j'ai fortement apprécié. À dans une autre vie!

FIN