LOS ANGELES - Donald Sterling, qui a déclenché une tempête dans la NBA en tenant des propos racistes, est depuis longtemps la risée des propriétaires d'équipes du circuit.

Ce milliardaire à l'allure débonnaire, âgé de 80 ans, est accusé d'avoir tenu des propos racistes lors d'une conversation téléphonique avec sa petite amie. Ses déclarations nauséabondes ont provoqué une gigantesque vague de protestations. La NBA a ouvert une enquête, dont les premiers résultats sont attendus mardi, et les Clippers ont déjà vu plusieurs commanditaires de poids les abandonner.

En 2008 et 2009, M. Sterling avait pourtant parrainé la NAACP, une organisation de soutien à la communauté afro-américaine, mais il est aujourd'hui attaqué de toutes parts.

Né Donald Tokowitz à Chicago avant d'arriver à Los Angeles à l'âge de deux ans, Donald Sterling a changé de nom alors qu'il travaillait dans un magasin d'ameublement pour payer ses études de droit. Il a d'ailleurs épousé la fille du propriétaire du magasin avant de faire sa fortune dans l'immobilier, et également grâce aux profits tirés de son équipe de basket, pour laquelle il a toujours rechigné à investir dans de hauts salaires.

Les « trombones »

En 2009, il avait déjà payé 2,73 millions de dollars au département de la Justice pour régler à l'amiable une affaire de discrimination, après avoir apparemment refusé de louer ses appartements à des noirs ou des hispaniques. Quatre ans auparavant il avait aussi dû régler une certaine somme, non divulguée, pour avoir essayé d'expulser des habitants non Coréens de ses appartements situés dans le quartier de Koreatown, à Los Angeles.

Le milliardaire a acheté les Clippers en 1981, alors que l'équipe était encore basée à San Diego. Il a relocalisé la franchise à Los Angeles en 1984, mais les Clippers sont toujours largement restés dans l'ombre de leur grand frère, les Lakers, tant en termes de popularité qu'au niveau des performances.

Ainsi, son équipe a présenté des bilans affichant plus de défaites que de victoires lors de 19 de ses 20 premières années à Los Angeles. Pire, en 1986-1987, les Clippers n'ont remporté que 12 matchs, pour 70 défaites.

Les résultats ont fait des Clippers et de leur propriétaire la risée de la ligue et des fans de sport. En 2000, le magazine Sports Illustrated avait ainsi fait sa une avec une photo des supporteurs de l'équipe portant un sac sur la tête, pour ne pas voir les performances catastrophiques des Clippers.

L'équipe était ironiquement surnommé « les trombones », et le magazine rapportait une histoire selon laquelle Sterling, cherchant à faire des économies, avait demandé à l'entraîneur d'alors, Paul Silas, s'il avait vraiment besoin d'assistants pour l'aider à préparer les matchs.

Clippers : 12 à 575 M$ US

Il affirmait pourtant à Sports Illustrated que voir son équipe perpétuellement parmi les derniers était pour lui une vraie souffrance. « Il faut continuer, continuer à se battre, continuer à vivre et espérer que l'équipe va s'améliorer », disait alors celui qui possède le Malibu Yacht Club et de nombreux appartements à Beverly Hills.

En vérité, le propriétaire le plus ancien de toutes les formations de la NBA préfère vendre ses meilleurs joueurs pour en tirer de beaux profits plutôt que d'avoir une équipe de pointe. « Je ne sais pas si gagner est vraiment important pour Donald, regrettait ainsi Carl Scheer, un des managers des Clippers au milieu des années 1980. Il semble plus intéressé par le fait que les comptes soient à l'équilibre, qu'il dirige une des rares équipes de la NBA sans dettes, et qu'il peut amener ses amis aux matchs. »

À ce titre, l'achat des Clippers pour 12 petits millions de dollars en 1981 aura été une affaire en or pour Donald Sterling : la franchise est aujourd'hui valorisée à hauteur de 575 millions de dollars!

L'équipe a même retrouvé un semblant de dignité sportive depuis l'arrivée de Blake Griffin, élu meilleure recrue de la NBA en 2011. Grâce à lui notamment, les Clippers ont remporté la division Pacifique ces deux dernières années, mais les dernières déclarations du propriétaire sont de nature à décourager même ses fans les plus fervents.