Une absence familière
NBA lundi, 25 nov. 2013. 19:27 mercredi, 11 déc. 2024. 23:43Le pire est confirmé – Derrick Rose sera absent pour le reste de la saison, une fois de plus.
La tragique familiarité de la situation désarçonne la saison des Bulls. Maintenant, il faut prévoir à long terme et, inévitablement, anticiper le pire à Chicago. La blessure au ménisque de Rose n’est pas aussi grave que sa déchirure ligamentaire d’il y a deux ans, mais il y a là matière à inquiétude pour l’équipe qui a énormément investi sur l’avenir du joueur étoile.
Avec raison d’ailleurs.
À 25 ans seulement, Derrick Rose est le visage de l’organisation, le premier depuis le départ de Michael Jordan à la fin des années 90. Avec un titre de joueur par excellence (2011), le titre de recrue de l’année (2009) et trois sélections au Match des étoiles (2010 à 2012), les accomplissements de Rose justifiaient la décision des Bulls d’endosser le joueur de pointe pour le présent et l’avenir de l’équipe.
Un plan sans faille, ou presque.
Lors des séries éliminatoires de la saison 2011-2012, une grimace de douleur sur le visage de Rose changea la donne. Le garde étoile s’est écroulé sur le sol en raison d’une déchirure ligamentaire au genou gauche et, dans sa chute, il entraîna avec lui l’équipe et ses aspirations aux plus grands honneurs.
La saison 2012-2013 était sous le signe de l’attente à Chicago. L’attente de nouvelles encourageantes à propos du joueur étoile. L’attente d’un échéancier réaliste en prévision de son retour et, surtout, l’attente d’une stratégie à long terme pour la suite des choses. Les Bulls ont choisi l’avenue de la patience et Rose n’a pas foulé le bois franc au cours de cette saison, incluant les séries éliminatoires malgré un feu vert de la part de l’équipe médicale.
L’attente avait un visage à Chicago, visage martelé médiatiquement à l’aide d’une audacieuse campagne publicitaire de la part d’Adidas autour du retour au jeu de Rose à temps pour le début de la saison 2013-2014. L’attente était maintenant « le retour » et les Bulls retrouvaient enfin le chemin tracé à la base en 2011 au lendemain des premiers succès monstrueux de leur joueur par excellence.
Moins d’un mois après le début de cette saison retour, 11 matchs pour être précis, les Bulls doivent reformater la route, une fois de plus.
Une malédiction semblable à celle des Blazers?
Ironiquement, la deuxième chute de Rose en trois ans est survenue contre les Trail Blazers de Portrand, vendredi dernier.
Les Blazers sont malheureusement trop familiers avec ce genre de situations. De Sam Bowie à Greg Oden, en passant par la carrière écourtée de Brandon Roy, Portland a vécu son lot de blessures, si bien qu’on parle maintenant d’une malédiction autour de l’équipe.
Un mauvais présage pour les Bulls.
Parce qu’avec une deuxième saison ratée de suite, les signes ne pointent pas dans la bonne direction pour Rose, même si les pronostics initiaux sont rassurants au lendemain de sa chirurgie.
Premier choix du repêchage de 2008, devant Michael Beasley, Derrick Rose a vite été considéré comme le choix judicieux en raison de la carrière cahoteuse du turbulent Beasley. Sauf qu’aujourd’hui, avec les deux genoux rafistolés de Rose, est-ce que les Bulls seraient en droit de souffrir d’une remise en question par rapport à cette sélection?
Russell Westbrook et Kevin Love ont été sélectionnés respectivement au 4e et 5e échelon de la cuvée 2008. Brook Lopez (10e) et Roy Hibbert (17e) sont les autres joueurs étoiles issus de cette édition. Du lot, Rose est certainement le plus talentueux, même si Westbrook et Love ne sont pas très loin derrière. Par contre, le talent est une chose seulement si la santé collabore. À ce niveau, Rose ne s’impose pas du tout.
Depuis la saison dernière, que Rose a raté dans son entièreté, les Bulls versent un salaire annuel de plus de 16 millions de dollars au joueur étoile. En fait, le salaire augmente d’un million par saison (environ) jusqu’à la saison 2016-2017, après quoi il sera libre comme l’air.
Il s’agit d’un investissement colossal pour un joueur qui, jusqu’ici, n’aura joué que onze matchs sur un total de 164 en deux saisons.
Une question s’impose dans ce cas : est-ce que les Bulls doivent poursuivre l’aventure Derrick Rose ou réorienter l’équipe plus loin de l’épicentre qu’était devenu le joueur de pointe?
Sans parler d’une libération complète (et payée) de Rose, les Bulls pourraient choisir de ne plus complètement construire leur avenir autour des talents particuliers de Rose. Ils pourraient aussi redoubler de patience et « oublier » la saison en cours en n’ayant en tête que l’an prochain pour le deuxième retour du talentueux garde.
Des réflexions peu plaisantes devant une situation très désagréable à Chicago.
Malgré tout, la saison se poursuit. Jimmy Butler reviendra éventuellement au jeu et Joakim Noah sera toujours la peste défensive qui offre une identité singulière à la formation de l’entraîneur Tom Thibodeau.
Pour ce qui est de Derrick Rose, les réponses viendront avec le temps. Beaucoup de temps, malheureusement.