ORANGE - Le maillot jaune du Tour de France Chris Froome et son équipe Sky n'ont pas caché lundi leur exaspération de voir leurs performances mises en cause, au lendemain de l'impressionnante victoire du Britannique au sommet du Mont Ventoux.

La conférence de presse tenue lundi matin à l'hôtel de la formation britannique a duré un peu plus d'un quart d'heure. Six des dix questions qui ont été adressées à Froome et au manageur de l'équipe Dave Brailsford étaient liées au dopage.

Et rapidement, un inhabituel agacement a point chez le placide Chris Froome. Quand un journaliste lui a demandé pourquoi il s'était dit honoré la veille d'être comparé à Lance Armstrong pour sa victoire au sommet du mythique Ventoux, il a immédiatement corrigé.

« Je n'ai jamais dit que j'étais honoré, j'ai dit que je prenais ça comme un compliment parce qu'il a gagné ces courses. Une fois ça dit, me comparer à Lance... Lance a triché, je ne triche pas. Point final », a rétorqué le Britannique, calmement mais fermement.

« Je sais au plus profond de moi que je me suis entraîné extrêmement dur pour en arriver là. Je sais que tous mes résultats sont le fruit de ma détermination. J'ai le soutien d'une équipe fantastique. C'est tout l'ensemble de ces choses (qui font sa réussite, NDLR). Les gens peuvent parler d'autres choses, je ne peux pas, je ne sais rien de ces choses-là. Je sais ce que j'ai fait et j'en suis fier », avait-il assuré une minute plus tôt.

« Je trouve ça triste d'être assis là au lendemain de la plus grande victoire de ma carrière et de parler de dopage. Mes équipiers et moi-même avons passé des semaines loin de chez nous, à nous entraîner, à nous tuer au travail... Et on m'accuse d'être un tricheur et un menteur, ce n'est pas cool », a-t-il insisté.

« On se creuse le cerveau »

Le manager Dave Brailsford a également montré son exaspération face au feu roulant de questions sur le dopage depuis le début du Tour.

Interrogé une nouvelle fois sur le sujet, il a lancé : « En gros, vous me demandez comment vous prouver que nous ne nous dopons pas? Vous allez tous poser la même question. On se creuse le cerveau chaque jour, on cherche la manière optimale pour vous prouver qu'on ne se dope pas ». 

« La dernière mode, c'est les données sur la puissance : trouver, comparer, interpréter des chiffres pour rendre évident que nous nous dopons. Les gens aimeraient qu'on rende publiques nos données. Je ne pense pas que les diffuser telles quelles serait la bonne chose à faire », a-t-il estimé en allusion au travail mené notamment par l'ancien entraîneur de l'équipe Festina entre 1995 et 1998 Antoine Vayer.

Brailsford a plaidé pour une utilisation approfondie du passeport biologique, dipositif mis en place en 2009. « En théorie, le passeport biologique ne traite pas que des données sanguines, mais aussi du poids, de la puissance... Il donne le portrait complet d'un individu », a-t-il souligné.

« On pourrait encourager l'AMA (Agence mondiale antidopage) à venir vivre avec nous, regarder nos données, avoir accès à tous les dossiers d'entraînement, les comparer aux résultats sanguins, au poids, toutes ces données qu'elle pourrait avoir sur une base régulière... L'AMA serait une bonne instance pour rassembler ces informations et pourrait dire au monde si c'est crédible ou non », a-t-il estimé.

« Et pourquoi vous (les journalistes), vous ne vous réuniriez pas, réfléchissez et dites moi ce que nous pourrions faire pour que je n'ai plus à répondre à ces questions? », a-t-il ensuite lancé.

« Vu ce qu'il s'est passé avec Armstrong, l'athlétisme, je pense qu'appliquer les anciennes manières de penser n'est pas une solution, a-t-il affirmé. De nouvelles manières de penser pourraient être le moyen d'avancer. »