Le Canada participera à sa huitième Coupe du monde de rugby. Il a réussi sa meilleure performance en 1991 alors qu’il s’était rendu en quart de finale contre un adversaire de taille cependant : les All Blacks de la Nouvelle-Zélande, vainqueurs de la première édition. C’est sans surprise que le Canada s’était incliné 29-13, mais cette incursion parmi les huit meilleurs du tournoi lui avait valu une reconnaissance internationale qui s’était traduite ensuite par un intérêt des autres nations et des invitations à jouer des tests matchs, seule façon de réellement progresser sur le terrain et sur l’échiquier mondial.

Malheureusement, l’équipe n’a pas su vraiment profiter de cette vague et l’exploit de 1991 n’a jamais pu être réédité. Six Coupes du monde plus tard, la tâche risque encore d’être difficile. Il y a vingt équipes dans le tournoi, divisées en quatre poules de cinq. Les adversaires du Canada sont plus que sérieux : France, classée 7e au monde, finaliste de la dernière édition, l’Irlande, 6e, une formation solide qui a remporté les deux derniers tournois des Six Nations, l’Italie, classée 14e mais qui a l’habitude des gros adversaires et que le Canada n’a pas battue depuis 2000, et la Roumanie, invaincue par le Canada depuis 20 ans.

L’équipe canadienne semble être dans un creux de vague. Sa préparation n’a pas été rassurante. Une seule victoire en 2014 et cinq défaites à la Coupe des nations du Pacifique de l’été. Mais un creux de vague pousse parfois vers la crête. Il y a eu un léger mieux par la suite avec une victoire intéressante contre la Géorgie en septembre, mais un retour au naturel contre les Fidji quatre jours plus tard.

Comment alors envisager cette huitième participation pour le Canada? L’objectif avoué par l’entraîneur Néo-Zélandais Kieran Crowley, qui était là en 2011, est de terminer au troisième rang de la poule, place qualificative pour le Japon 2019. Mais a-t-on vraiment les moyens de ces ambitions? Le Canada peut s’appuyer sur quelques valeurs sûres comme Jamie Cudmore qui, s’il n’est plus celui qu’il était (commotions cérébrales qui ont même fait douter de sa participation à la Coupe du monde et 37 ans bien sonnés), peut quand même enrichir la formation d’une vaste expérience dans ce tournoi avec ses quatre participations. Quelques autres expatriés (Cudmore joue en France avec  Clermont) comme le capitaine Tyler Ardron et Jeffrey Hassler (Opspreys), Jebb Sinclair (London Irish), Richard Thorpe (London Welsh) et Jason Marshall (Agen)  ajoutés aux trois membres des Cornish pirates de deuxième division anglaise (Aaron Carpenter, Brett Beukeboom et Matt Evans) et à DHT Van der Merwe (Glasgow) peuvent peser dans la formation, mais le Canada paie encore lourdement son isolement géographique, d’autant plus qu’il ne bénéficie pratiquement plus du support gouvernemental depuis que le rugby à sept a été annoncé au programme des prochains Jeux olympiques. La seule façon de raviver les intérêts des instances sportives envers les quinzistes serait de connaître du succès à cette Coupe du monde.

Pour ça, il faut des victoires. Au moins une, comme à chaque édition à l’exception de 2007 où on avait dû se contenter d’un match nul contre le Japon. À deux, ce serait déjà causer une grande surprise. Mais c’est une Coupe du monde, et dans ce genre de compétition tout peut se produire. La Roumanie peut être un objectif réaliste et si la France et l’Irlande semblent définitivement hors de portée, l’Italie, qui a connu de gros départs, un mauvais tournoi des Six Nations et qui souffre d’un manque de stabilité, peut faire rêver.

Le Canada jouera son premier match samedi à 9 h 30 (heure d’ici) contre l’Irlande. Un premier gros test qui pourrait donner le ton à son tournoi avant de rencontrer l’Italie une semaine plus tard. Mais pour penser seulement battre l’Irlande, il faudrait assurément trouver tout un champ de trèfles à quatre feuilles!