Laurence St-Germain se sent d'attaque pour la saison à venir
Alors que la saison de slalom sur le circuit de la Coupe du monde sera lancée samedi et dimanche avec les étapes de Levi, en Finlande, la Québécoise Laurence St-Germain, championne du monde en titre, sent qu'elle a chassé les derniers démons laissés par sa blessure à la cheville subie l'an dernier.
La skieuse de 30 ans de Mont-Sainte-Anne a subi une déchirure partielle d'un ligament de la cheville gauche en enfourchant une porte à l'entraînement en Italie, en décembre dernier. Résultat: elle a raté près de deux mois sur le circuit. Avec le recul, elle estime maintenant qu'il aurait été plus sage de ne pas revenir aussi rapidement à la compétition.
« Ça a influencé ma fin de saison, a-t-elle admis le mois dernier, en marge d'une entente avec Intelcom, qui est devenu son partenaire financier principal. Je voulais skier de nouveau et je suis peut-être revenue un peu trop vite. Je suis revenue parce qu'il n'y avait pas de risque que je me blesse plus gravement, mais j'avais encore beaucoup de douleur. C'est pour ça que je n'étais pas super constante à l'entraînement, ce qui s'est reflété en course. Juste la dernière course: la première manche, je crois que j'ai terminé 22e et la deuxième, troisième. C'est ce qui a manqué à ma saison. »
C'est pourquoi son entre-saison a été consacrée à se refaire une santé.
« J'ai pris un pas de recul. J'ai fait une grosse rééducation et j'ai sauté les camps d'entraînement du printemps et de juin pour tout replacer dans ma cheville. Je me suis concentrée sur ma rééducation physique et je suis allée au camp d'entraînement au Chili en septembre, qui a été mieux que je pensais. J'ai encore un peu de douleur, mais moins que je pensais en ski et on a vraiment pu y aller progressivement.
« Le premier bloc, j'étais avec [la spécialiste du slalom géant] Valérie Grenier, qui faisait aussi son retour sur neige. C'était vraiment motivant de le faire ensemble. Il était question que je retourne en Europe avec les filles de slalom géant pour rattraper mes journées sur neige, mais au final, je me sentais très bien sur mes skis et voulais me concentrer sur ma préparation physique. Je ne voulais pas voir que j'étais en retard en nombre de jours. À mon âge et avec mon expérience, d'avoir des entraînements de qualité, de me sentir bien, en santé et sans douleur, c'est vraiment ça qui va faire la différence. »
Cette blessure n'a pas affecté St-Germain que sur le plan physique. Après avoir récolté deux 22e places et une 19e à son retour à la compétition, elle a dû admettre que mentalement, elle était affectée.
« Ça a été difficile l'année passée, surtout dans les tracés un peu plus rapides, explique-t-elle. C'est sûr qu'en slalom, on ne va pas à 160 km/h, comme en slalom géant. Mais les portes viennent vite et quand je suis tombée, j'ai enfourché la porte qui s'est retrouvée entre mes chevilles et c'est ce qui a créé la torsion de ma cheville. Quand ça va plus vite, je trouvais que mon cerveau ne bougeait pas assez vite et que je commençais à avoir des craintes.
« Mon entraîneur (Francis Royal) m'a vraiment préparée à ça à l'entraînement, au Chili, en faisant des tracés plus rapides que ce qu'on verra en course. De cette façon, quand je retournerai sur des tracés normaux, le sentiment c'est que ça ira moins vite et ce ne sera plus un problème du tout. (...) J'ai vraiment replacé beaucoup de choses dans les trois semaines là-bas. »
Sa pause lui a également permis de découvrir que la blessure n'avait pas été diagnostiquée à 100 % initialement.
« Tout n'était pas sorti d'un coup. (...) Au départ, on parlait d'un ligament, mais il y avait d'autres ligaments de touchés et un peu le tendon. J'avais aussi un oedème osseux, qui est toujours douloureux, mais qui ne peut pas s'aggraver. C'est pour ça que j'avais décidé de retourner. »
Les craintes maintenant derrière elle, elle voudra remonter sur les podiums.
« Ce sont les Championnats du monde cette saison: défendre mon titre, c'est un peu fort, car c'était une grosse surprise pour moi et tout le monde quand j'ai gagné. Tout ce que je veux en fait, c'est de me mettre en position de donner 100 % et viser une médaille sans restriction, sans crainte de pouvoir attaquer. À ce moment-là, ce n'est pas impossible que je monte sur le podium. Est-ce que ce sera dès la première course? C'est possible, mais d'ici la fin de la saison, c'est sûr que je veux être à 100 %.
« J'avais beaucoup ce sentiment de devoir me prouver au début de la saison dernière, a ajouté celle qui a connu sa meilleure saison en 2021, avec une huitième place au classement du globe de cristal. J'ai toujours un peu de nervosité avant la première course de la saison, mais [avec le titre mondial], j'en avais un petit peu plus. Les gens s'attendaient à ce que je fasse bien et moi aussi. Mais après tout ce qui s'est passé l'an dernier, je n'ai plus vraiment ce sentiment-là. En ce moment, il n'y a que moi qui me met la pression de revenir au niveau où j'étais. Je ne dis pas que lorsque je revêtirai le dossard qui dit que je suis championne en titre, il n'y aura pas un petit stress de plus, mais je garde ça pour février! »
Après les deux slaloms de Levi, les slalomeuses prendront le chemin de Gurgl, en Autriche (23-24 novembre), avant de traverser l'Atlantique pour la Coupe du monde de Killington, au Vermont, les 30 novembre et 1er décembre.