Tout, sauf le manque de talent
Ski mardi, 8 janv. 2002. 17:55 jeudi, 12 déc. 2024. 09:38
Le manque de succès de l'équipe nationale masculine de ski ne vient certainement pas du manque de talent que nous avons au Québec, au Canada. Selon moi, nos « petites » performances viennent du fait que nous avons un sérieux manque de profondeur, un manque flagrant d'athlètes et un manque de connaissance au niveau des entraîneurs en descente. Notre plus grande erreur, c'est de ne pas avoir réussi à garder notre héritage, de ne pas intégrer dans le système des gens qui ont réussi en descente dans l'équipe canadienne par le passé et qui pourraient, maintenant, faire toute la différence pour nos athlètes.
Je prêche pour ma paroisse me direz-vous, mais avec les Crazy Canucks, on a développé dans les années 70 et 80, une connaissance et un savoir-faire au niveau de l'entraînement et au niveau des performances des descendeurs. Mais surtout niveau de l'expérience. Celui qui a fait les Crazy Canucks, selon moi, c'est Scott Henderson. Il n'était pas nécessairement un grand stratège, mais il était un grand connaisseur en technique et avait beaucoup de crédibilité auprès des jeunes qu'il entraînait. Parce que Henderson avait fait de la compétition, il avait fait toutes les descentes, ses résultats avaient été corrects et son message aux jeunes était le suivant : voilà ce que j'aurais dû faire pour gagner, les jeunes l'ont suivi, parce qu'ils le croyaient, ils savaient que Henderson connaissait dans la pratique ce qui leur enseignait. Aussitôt qu'on a passé l'époque glorieuse des Crazy Canucks et les athlètes qui les ont suivis, qui se sont développés sous leur influence, on a cessé de performer.
Mais aujourd'hui, pourquoi les gars ne performent plus en descente? C'est que non seulement on n'a pas de profondeur, mais on n'a plus de lien avec la victoire, avec le succès, avec la réussite. Quand un skieur est en tête, il a besoin d'autres skieurs pour le pousser, et quand un skieur est en tête, ça prend de bons entraîneurs pour le tirer. Podivinsky, quand il a gagné sa médaille de bronze à Lillehammer, il avait Rob Boyd avec lui, un skieur d'expérience et performant, un connaisseur. Quand Rob est parti, Podivinsky s'est retrouvé tout seul à tirer toute l'équipe, sans support. De plus, nos skieurs canadiens en descente sont seuls en entraînement, et comme ils ne sont que deux, Edi Podivinsky et Darin MacBeath, il leur est impossible de se positionner pendant qu'ils s'entraînent, ils n'ont aucun élément de comparaison. Ils doivent attendre aux course pour se positionner et ça peut prendre une saison avant d'y arriver. Et il n'y a qu'une dizaine de descentes dans une saison, saison qui ne dure que deux mois par année. Nos skieurs passent donc 10 mois à s'entraîner seuls. C'est dur de trouver la motivation à deux, quand tu dois pousser et tirer en même temps et c'est dur de voir où tu te situes. Deux skieurs d'un même niveau ne peuvent pas avoir assez de points de comparaison, n'ont pas assez d'exemples pour réussir à faire la différence en compétition.
Les entraîneurs qui sont arrivés après les Crazy Canucks n'ont pas mis la barre assez haute au niveau de la profondeur et du nombre des athlètes. On mise sur 1 ou 2 leaders, on ne se concentre que sur eux pour avoir des résultats et aller chercher les fonds nécessaires à l'équipe. Podivinsky et MacBeath sont complètement isolés, ils sont seuls 90% du temps qu'ils passent à s'entraîner et n'ont pas accès à des entraîneurs qui travaillent sur la profondeur de l'équipe. Avec les Crazy Canucks, on a bâti un noyau d'entraîneurs qui comprenaient comment faire monter les athlètes et comment obtenir du succès et de grandes performances.
Mais aujourd'hui, maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire pour donner à l'équipe masculine de ski alpin le succès et les performances qu'elle mérite? À mon avis, nous devons commencer à rebâtir l'équipe en lui imposant une base large quant au nombre des athlètes. Ensuite, trouvons des entraîneurs qui sauront dépister le talent, le développer et qui sauront aussi travailler autour des leaders de l'équipe, afin de leur donner les outils qu'il faut pour que les skieurs performent. Ne nous acharnons pas à trouver des athlètes jeunes avec des performances magistrales. Cherchons plutôt de jeunes athlètes avec du talent et laissons-leur le temps de se développer pour connaître le succès, pour aller chercher des résultats.
Et surtout, les entraîneurs devraient travailler dans ce pourquoi ils sont bons, avec les athlètes du niveau qui leur convient. On doit donc aller chercher des entraîneurs qualifiés et spécialisés, avec de l'expérience pratique sur le terrain, et un nombre d'athlètes plus élevé. Plus les athlètes seront nombreux sur l'équipe, plus nos chances seront bonnes pour dénicher des champions et aller chercher des performances dignes de ce nom. Si on continue à ne miser que sur 1 ou 2 leaders, les performances vont tarder à venir. Les leaders sont alors seuls et se retrouvent avec une pression énorme sur les épaules, sans rien pour les soutenir, les pousser, les tirer. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas impliqué un ou deux skieurs des Crazy Canucks sur la neige avec les jeunes skieurs. Les Crazy Canucks étaient des gagnants, et je crois que ce dont l'équipe masculine de ski a le plus besoin ces temps-ci, ce sont des gagnants.
Je veux souligner ici le travail et le courage de Mélanie Turgeon. Elle a eu un « front de bœuf » pour réussir comme elle l'a fait. Mélanie a été toute seule pendant longtemps et a tout de même réussi à performer. La différence se situe peut-être au niveau de son entraîneur. Mais maintenant, Mélanie tire Sara-Maude, Anne-Marie, Allison, Geneviève, et ces filles-là poussent Mélanie à se dépasser pour ne pas se faire rattraper. C'est une équipe avec une base solide, et qui pourrait aller chercher encore plus de performances et de succès en augmentant le nombre de skieuses dans l'équipe.
Bref, il n'y a pas assez de gens dans le système, pas assez de skieurs et d'entraîneurs, certains me diront que c'est une question d'argent, moi je dis que de l'argent, il y en a toujours pour le talent. Le Canada est un pays riche, et c'est aussi une nation où le ski a toujours eu une place de choix. On ne peut pas se permettre d'oublier ça et de ne rien faire pour nos skieurs. Je ne dis pas tout ça pour minimiser ou dénigrer le travail de l'équipe masculine, je dis ça parce qu'il est temps de faire quelque chose pour l'aider. Elle le vaut bien.
Je prêche pour ma paroisse me direz-vous, mais avec les Crazy Canucks, on a développé dans les années 70 et 80, une connaissance et un savoir-faire au niveau de l'entraînement et au niveau des performances des descendeurs. Mais surtout niveau de l'expérience. Celui qui a fait les Crazy Canucks, selon moi, c'est Scott Henderson. Il n'était pas nécessairement un grand stratège, mais il était un grand connaisseur en technique et avait beaucoup de crédibilité auprès des jeunes qu'il entraînait. Parce que Henderson avait fait de la compétition, il avait fait toutes les descentes, ses résultats avaient été corrects et son message aux jeunes était le suivant : voilà ce que j'aurais dû faire pour gagner, les jeunes l'ont suivi, parce qu'ils le croyaient, ils savaient que Henderson connaissait dans la pratique ce qui leur enseignait. Aussitôt qu'on a passé l'époque glorieuse des Crazy Canucks et les athlètes qui les ont suivis, qui se sont développés sous leur influence, on a cessé de performer.
Mais aujourd'hui, pourquoi les gars ne performent plus en descente? C'est que non seulement on n'a pas de profondeur, mais on n'a plus de lien avec la victoire, avec le succès, avec la réussite. Quand un skieur est en tête, il a besoin d'autres skieurs pour le pousser, et quand un skieur est en tête, ça prend de bons entraîneurs pour le tirer. Podivinsky, quand il a gagné sa médaille de bronze à Lillehammer, il avait Rob Boyd avec lui, un skieur d'expérience et performant, un connaisseur. Quand Rob est parti, Podivinsky s'est retrouvé tout seul à tirer toute l'équipe, sans support. De plus, nos skieurs canadiens en descente sont seuls en entraînement, et comme ils ne sont que deux, Edi Podivinsky et Darin MacBeath, il leur est impossible de se positionner pendant qu'ils s'entraînent, ils n'ont aucun élément de comparaison. Ils doivent attendre aux course pour se positionner et ça peut prendre une saison avant d'y arriver. Et il n'y a qu'une dizaine de descentes dans une saison, saison qui ne dure que deux mois par année. Nos skieurs passent donc 10 mois à s'entraîner seuls. C'est dur de trouver la motivation à deux, quand tu dois pousser et tirer en même temps et c'est dur de voir où tu te situes. Deux skieurs d'un même niveau ne peuvent pas avoir assez de points de comparaison, n'ont pas assez d'exemples pour réussir à faire la différence en compétition.
Les entraîneurs qui sont arrivés après les Crazy Canucks n'ont pas mis la barre assez haute au niveau de la profondeur et du nombre des athlètes. On mise sur 1 ou 2 leaders, on ne se concentre que sur eux pour avoir des résultats et aller chercher les fonds nécessaires à l'équipe. Podivinsky et MacBeath sont complètement isolés, ils sont seuls 90% du temps qu'ils passent à s'entraîner et n'ont pas accès à des entraîneurs qui travaillent sur la profondeur de l'équipe. Avec les Crazy Canucks, on a bâti un noyau d'entraîneurs qui comprenaient comment faire monter les athlètes et comment obtenir du succès et de grandes performances.
Mais aujourd'hui, maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire pour donner à l'équipe masculine de ski alpin le succès et les performances qu'elle mérite? À mon avis, nous devons commencer à rebâtir l'équipe en lui imposant une base large quant au nombre des athlètes. Ensuite, trouvons des entraîneurs qui sauront dépister le talent, le développer et qui sauront aussi travailler autour des leaders de l'équipe, afin de leur donner les outils qu'il faut pour que les skieurs performent. Ne nous acharnons pas à trouver des athlètes jeunes avec des performances magistrales. Cherchons plutôt de jeunes athlètes avec du talent et laissons-leur le temps de se développer pour connaître le succès, pour aller chercher des résultats.
Et surtout, les entraîneurs devraient travailler dans ce pourquoi ils sont bons, avec les athlètes du niveau qui leur convient. On doit donc aller chercher des entraîneurs qualifiés et spécialisés, avec de l'expérience pratique sur le terrain, et un nombre d'athlètes plus élevé. Plus les athlètes seront nombreux sur l'équipe, plus nos chances seront bonnes pour dénicher des champions et aller chercher des performances dignes de ce nom. Si on continue à ne miser que sur 1 ou 2 leaders, les performances vont tarder à venir. Les leaders sont alors seuls et se retrouvent avec une pression énorme sur les épaules, sans rien pour les soutenir, les pousser, les tirer. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas impliqué un ou deux skieurs des Crazy Canucks sur la neige avec les jeunes skieurs. Les Crazy Canucks étaient des gagnants, et je crois que ce dont l'équipe masculine de ski a le plus besoin ces temps-ci, ce sont des gagnants.
Je veux souligner ici le travail et le courage de Mélanie Turgeon. Elle a eu un « front de bœuf » pour réussir comme elle l'a fait. Mélanie a été toute seule pendant longtemps et a tout de même réussi à performer. La différence se situe peut-être au niveau de son entraîneur. Mais maintenant, Mélanie tire Sara-Maude, Anne-Marie, Allison, Geneviève, et ces filles-là poussent Mélanie à se dépasser pour ne pas se faire rattraper. C'est une équipe avec une base solide, et qui pourrait aller chercher encore plus de performances et de succès en augmentant le nombre de skieuses dans l'équipe.
Bref, il n'y a pas assez de gens dans le système, pas assez de skieurs et d'entraîneurs, certains me diront que c'est une question d'argent, moi je dis que de l'argent, il y en a toujours pour le talent. Le Canada est un pays riche, et c'est aussi une nation où le ski a toujours eu une place de choix. On ne peut pas se permettre d'oublier ça et de ne rien faire pour nos skieurs. Je ne dis pas tout ça pour minimiser ou dénigrer le travail de l'équipe masculine, je dis ça parce qu'il est temps de faire quelque chose pour l'aider. Elle le vaut bien.