À Montréal, Jalen Neal a trouvé l'inconfort recherché

MONTRÉAL – Jalen Neal vivait un rêve éveillé. Né à Los Angeles, modelé à l'académie du LA Galaxy, le jeune défenseur s'était taillé un poste de titulaire au sein de son équipe de cœur. Quelques mois après avoir célébré son 21e anniversaire, il aidait cette équipe à célébrer la conquête d'un championnat. Il l'a fait devant les personnes qui lui sont le plus chères, ses parents, ses deux frères et sa sœur.  

Mais à peine les effets du champagne s'étaient-ils dissipés qu'il était échangé à l'autre bout du continent, dans une contrée froide et enneigée, à un club qui, en termes de budget et d'ambitions, ne joue pas sur le même terrain que le Galaxy.

Assommé, le jeune homme? Au contraire. C'est exactement ce qu'il recherchait.

« Ça a été difficile de partir, a reconnu le nouveau défenseur du CF Montréal mardi en visioconférence. Mais toute ma vie, c'est quelque chose que je savais que je devrais faire pour faire progresser ma carrière. C'est la première étape de ce cheminement pour moi. Je sors de ma zone de confort. »

Neal était dans un environnement familier et sécure à Los Angeles. Ça ne veut pas dire qu'il l'a eu facile.

En 2023, alors qu'il sortait de sa coquille avec ses premières minutes chez les professionnels et d'importantes missions avec l'équipe nationale américaine, son ascension a été freinée par une hernie qui a nécessité deux interventions chirurgicales. Une fois rétabli, il a vite regagné la confiance de l'entraîneur Greg Vanney. Mais vers la fin de la saison 2024, il a perdu son poste au profit d'un nouveau venu, le Colombien Emiro Garcés. C'est principalement à partir du banc qu'il a vécu le parcours étoilé du Galaxy jusqu'à son triomphe en finale de la Coupe MLS.

L'humilité avec laquelle il revient sur cet épisode, qui ne peut être interprété autrement que comme une grande déception, donne de la crédibilité à toute la documentation qui circule à son sujet. On parle de lui comme un jeune qui ne fait pas son âge, dont les pieds sont solidement ancrés sur la terre ferme. « Il est impressionnant, étonnant de maturité, de calme, a déjà remarqué son nouvel entraîneur Laurent Courtois. Très sûr de lui aussi, sans non plus être dans l'excès. »  

Reste que ce dénouement a probablement précipité l'arrivée de Neal à cette intersection qu'il savait inévitable.

« La chose la plus importante pour un jeune joueur, c'est d'obtenir des minutes. C'est comme ça qu'on peut monter les échelons. C'est en jouant, en en bavant contre les meilleurs joueurs, qu'on acquiert l'expérience la plus payante. C'est là que j'étais rendu. Et quand j'ai discuté avec les dirigeants et les entraîneurs de Montréal, j'ai adoré ce que j'ai entendu. »

Ambition et polyvalence

Comme l'ont fait les Koné, Mihailovic, Johnston et Choinière avant lui, Jalen Neal veut utiliser Montréal comme un tremplin vers l'Europe. Mais il est conscient que ses projets personnels vont de pair avec ceux d'une équipe gagnante. Avec l'Impact, il croit être en position pour recevoir autant que ce qu'il croit être en mesure de donner. En d'autres mots, il veut continuer de gagner et croit arriver au bon endroit pour le faire.  

« Le plan qu'on m'a partagé est celui d'un club qui a de grands objectifs, de grandes aspirations. C'est avec une équipe comme ça que je veux jouer. »

L'arrivée de Neal durant l'entre-saison a coïncidé avec le départ de Gabriele Corbo. Malgré un début de saison prometteur et quelques assignations réussies à des moments clés l'an dernier, l'Italien n'a jamais pu mériter la confiance de Courtois sur une période prolongée. Le jeune Fernando Álvarez en a profité pour faire un bond hiérarchique important dans l'effectif.

L'acquisition de Neal devrait logiquement mettre en danger Álvarez ou George Campbell sur les flancs de Joel Waterman dans la défense à trois du CF Montréal. Le Californien est un droitier qui a surtout été utilisé au centre d'une défense à quatre autant en MLS qu'avec l'équipe nationale américaine.

« Avec le Galaxy, on transitionnait souvent vers une défense à trois dès qu'on prenait possession du ballon. C'était la même chose à l'époque où je jouais avec la réserve, alors en attaque, je dirais que je suis très à l'aise dans ce système, nuance Neal. Défensivement, il m'est arrivé de me trouver dans des situations où on défendait à trois ou à cinq, dépendamment du contexte. J'ai de l'expérience dans différentes formations et donc je n'envisage pas que ça compliquera mon adaptation ici. »

Courtois, qui prêche depuis son arrivée à Montréal les vertus de la polyvalence, dit reconnaître cette qualité chez son nouvel élève.

« On pense qu'il a une capacité à jouer à plusieurs positions et dans plusieurs formations et donc qu'on pourra mettre de l'avant ses qualités individuelles au service du collectif. Il n'y a pas plus que ça à analyser. On pense qu'on a un des jeunes défenseurs centraux les plus intéressants au pays, tout simplement. »