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Après une année de transition, Courtois aura les mains sur le volant

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MONTRÉAL – Au CF Montréal, l'année 2024 a commencé avec l'annonce de l'embauche de Laurent Courtois. On exagère à peine en disant qu'un an plus tard, le Français est l'un des rares visages familiers toujours à bord d'une embarcation en quête de stabilité.

En rétrospective, Courtois ne blaguait pas lorsque, au milieu de l'été, il avait décrit sa première saison à la barre de l'Impact comme une « année de transition » pour le club.

Olivier Renard, l'architecte de la première équipe et principale figure publique de l'organisation pendant près de cinq ans, a quitté. Son bras droit Vassili Cremanzidis a pris la porte de sortie plus ou moins au même moment.

Mathieu Choinière, personnification de la réussite d'une académie que le club brandit comme l'une de ses grandes fiertés, a demandé, et obtenu, d'aller jouer ailleurs sur les bases d'un différend salarial de quelques centaines de milliers de dollars.

Dans son vestiaire, Courtois a eu de la difficulté à gérer quelques-unes des personnalités fortes qui l'y ont côtoyé. Victor Wanyama, ancien capitaine, a vite été placé sur la voie d'évitement. Son mécontentement, exprimé de façon cryptique tout au long de la saison, a été comme un bruit de fond auquel on a fini par s'habituer. Il y a eu la « trahison » de Josef Martínez et les nombreuses réprimandes exprimées à des joueurs coupables d'inconstance, de Matías Cóccaro à Dominic Iankov en passant par Raheem Edwards.

Au final, un mercato hivernal qui avait suscité un enthousiasme presque sans réserve aura livré bien peu de valeurs sûres.

Mais à travers toutes ces distractions, Courtois a réussi à livrer des résultats intéressants. Son équipe a remporté cinq de ses sept dernières rencontres pour atteindre le match de barrage donnant accès au tournoi éliminatoire de la MLS. L'espoir d'un hiver miraculeux s'est vite consumé, mais du brasier a émané celui d'un avenir plus radieux.

On sait maintenant par qui et comment sera conduite la prochaine phase de la transition annoncée par l'entraîneur. Fin novembre, le président Gabriel Gervais a dévoilé un organigramme restructuré dans lequel Luca et Simone Saputo, les fils du propriétaire, ont officiellement fait leur entrée dans les affaires du club. Corey Wray, qui avait été embauché comme consultant durant l'été, travaillera avec eux sur une base permanente. Avec ce nouveau trident en charge de sa direction sportive, le CF Montréal espère optimiser son recrutement international tout en continuant à quadriller la MLS à la recherche d'aubaines à fort potentiel.

Le vent de changement a aussi soufflé à la hauteur du terrain. Neuf joueurs, dont Martínez, Edwards et Gabriele Corbo, n'ont pas été invités à faire partie de la suite du projet. À l'approche de Noël, les noms de Cóccaro et Iankov se retrouvaient dans des rumeurs de transferts. Imaginez les restes du règne de Renard sur un convoyeur en mouvement avec, tout au bout, un gros bac à recyclage.

Les nombreux remplaçant à dénicher viendront quand même s'ajouter à un noyau prometteur. Le bref échantillon laissé par Caden Clark, Jahkeele Marshall-Rutty et Tom Pearce, combiné à la progression observée chez des joueurs comme Nathan Saliba, George Campbell et Fernando Álvarez, justifie un optimisme modéré. Pour les entourer convenablement, il reste beaucoup à faire.

Le ménage a aussi touché le personnel d'entraîneurs. Quatre membres du staff ont été remerciés. Le visage de cette refonte est celui de Laurent Ciman. Son départ est un autre signe de la cassure qu'on souhaite opérer avec les régimes précédents et vient appuyer l'idée que dans le sport professionnel, les sentiments peuvent être un obstacle au progrès.

Plus que jamais, les mains de Courtois sont sur le volant. Les nombreux joueurs qu'on a laissé partir seront remplacés, dit-on, par des profils qui cadrent avec ses valeurs et ses goûts footballistiques. En théorie, il travaillera désormais avec des gens qu'il aura choisis et avec qui il aura des affinités. Et contrairement à l'année dernière, il aura une connaissance approfondie de la ligue et aura eu le temps de préparer le camp d'entraînement.

La composition de son équipe sera très différente, mais ça ne pourra être toléré comme une excuse valable. Courtois aura participé à son ébauche. Ce sera à lui de l'enligner sur la bonne voie dès le départ.

À juste titre, Gabriel Gervais a multiplié les votes de confiance envers son entraîneur dans la dernière année. À peine entré en poste, le nouveau patron du vestiaire méritait qu'on lui accorde le bénéfice du doute. Mais les circonstances ont changé. En 2025, Courtois sera l'un des visages les plus anciens au Stade Saputo et au Centre Nutrilait.

Lors des périodes troubles, il n'y aura personne d'autre à pointer du doigt.