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« Ce n'est rien comparé à ce que je veux atteindre » - Nathan Saliba

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LONGUEUIL – Comme on dit qu'il n'y a pas de sot métier, on pourrait dire qu'il n'y a pas de mauvaise façon pour un joueur de soccer de faire ses débuts en équipe nationale. Mais à la fin de sa carrière, lorsqu'il bordera ses enfants en leur relatant ses plus beaux souvenirs sportifs, Nathan Saliba ne devrait pas s'attarder trop longtemps sur son premier match avec la sélection senior canadienne.

Le 7 septembre, dans un rendez-vous amical contre les États-Unis, Saliba a mis fin à son échauffement et s'est fait envoyer dans la mêlée pour contribuer à protéger une avance d'un but en toute fin de match. Son entraîneur Jesse Marsch allait en rire un mois plus tard dans une discussion avec les journalistes : sa jeune recrue a rempli sa mission... sans même toucher une seule fois au ballon.

« On était supposés entrer cinq minutes plus tôt, je pense, mais on avait un problème avec l'arbitre, rigole Saliba, rencontré plus tôt cette semaine près du terrain de son enfance à Longueuil. Le ballon ne voulait pas sortir et il n'avait pas fait le changement à temps, donc il restait quoi, deux minutes? Ça m'a permis de faire deux sprints dans le match! »

Malgré une contribution limitée sur le terrain, Saliba est revenu de ce premier camp avec un cahier de notes rempli et une motivation décuplée. Le récit de son expérience rejoint les propos de Jonathan Sirois, son coéquipier avec le CF Montréal, qui disait il y a quelques semaines s'être senti comme un nouvel homme à son retour de sa plus récente convocation, et ce même s'il n'avait fait que s'y entraîner.

« Beaucoup, beaucoup, beaucoup, répond le milieu de terrain de 20 ans lorsqu'on lui demande ce qu'il a gardé de son expérience. Juste avec les entraînements, j'ai appris beaucoup. [L'équipe nationale préconise] un style de jeu différent de ce qu'on a en club, donc c'est plus d'outils qui rentrent dans mon sac, on va dire. L'intensité dans mes déplacements, la pression, aller cadrer les joueurs plus rapidement, des choses comme ça. C'est un camp qui m'a amené plus de confiance dans mon jeu. C'est quelque chose que j'ai pu ramener avec le CF Montréal. »

Déjà plus sollicité depuis le départ de Mathieu Choinière en Europe, Saliba a effectivement semblé franchir un autre palier après son passage en équipe nationale. Titulaire immuable aux côtés de Samuel Piette, il s'est montré créatif (sa passe décisive contre Chicago), audacieux (son but égalisateur contre la Nouvelle-Angleterre), agressif en récupération et juste dans sa distribution.

Et cette confiance qu'il voit teinter ses comportements sur le terrain s'entend aussi dans ses paroles.

« Je suis encore jeune, donc ça va continuer de s'améliorer, prédit-il sans prétention. Avec le travail que je mets et la façon que je vois les choses, je sais que je dois continuer de travailler pour pouvoir continuer de m'améliorer et progresser. C'est sûr qu'à un certain moment, le travail doit payer. Donc d'après moi je vais toujours continuer de m'améliorer. En ce moment, c'est peut-être vrai que je joue mon meilleur foot, mais ce n'est encore rien par rapport à ce que je veux atteindre. »

Le nom de Saliba est de plus en plus fréquemment rattaché au bouquet de superlatifs dont l'analyse sportive est si souvent parfumée. Il arrive au 14e rang du classement fraîchement publié des meilleurs joueurs de moins de 22 ans en MLS. Plusieurs vont jusqu'à lui prédire un rôle clé avec le Canada à la Coupe du monde de 2026.

Un jaune « très dommage »

La confiance que Saliba a pu continuer d'accumuler cette semaine en s'entraînant avec l'équipe nationale à Montréal ne sera malheureusement d'aucune utilité à son club lorsque la saison MLS sera relancée pour la toute dernière journée de son calendrier.

Saliba a écopé d'un carton jaune tard dans la deuxième demie de son dernier match avant la trêve internationale. Sans qu'il y ait menace imminente, il a appliqué ses crampons sur la jambe de Patrick Agyemang du Charlotte FC. Pour accumulation de telles offenses, il a été suspendu pour la visite du New York City FC au Stade Saputo le 19 octobre.

Ce match sera d'une importance capitale pour le CF Montréal, qui pourra assurer sa place dans les éliminatoires avec un nul.

« Il va apprendre, se désolait son entraîneur Laurent Courtois jeudi. À un moment donné, le joueur doit non seulement prendre ses responsabilités, mais aussi faire les propres ajustements. C'est un joueur avec énormément de qualité, mais il sait qu'il doit progresser dans certains domaines, notamment la gestion des émotions. »

« J'essayais de ne pas trop y penser et de jouer mon match quand même, s'est défendu Saliba quelques jours après les faits. Surtout que ce n'était un match compliqué. Honnêtement, si c'est un jaune ou pas, ça revient à l'arbitre. J'essayais de faire attention pendant le match, mais il y a des fautes qui se font appeler sur lesquelles tu n'as pas vraiment le contrôle. Et à la fin de la journée, tu ne veux pas vraiment jouer à moitié quand tu es sur un jaune, tu ne veux pas disparaître ou moins faire défensivement pour l'équipe. »

« C'est très dommage. Ça vient me chercher un peu de manquer le dernier match de la saison, mais il en est ce qu'il en est. Ce qui est fait est fait. »