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CF Montréal : Joey Saputo partage ses nombreux regrets dans une entrevue en italien

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Le propriétaire du CF Montréal Joey Saputo estime qu'il a commis une grave erreur en quittant la présidence de l'équipe.

 

Dans une entrevue de 32 minutes donnée dans sa langue première à OMNI Television, un réseau de télévision multilingue canadien, il s'est vidé le coeur sur la situation du soccer à Montréal et de celle qu'il vit avec son équipe italienne à Bologne.

 

Il n'a pu s'empêcher de faire la comparaison entre les deux villes. Il a d'ailleurs choisi de s'établir en Italie pour vivre à fond sa passion pour ce sport.

 

Saputo n'a pas abordé le congédiement de l'entraîneur Laurent Courtois en début de semaine puisque l'entrevue a été réalisée dans les jours précédents. Il s'est plutôt épanché sur la culture qui règne chez le CFM et sur la perception des gens concernant la culture, ainsi que la philosophie de l'équipe.

 

Ciblé de critiques pendant des années pour sa gestion de l'Impact maintenant devenu le CFM, Saputo a choisi de laisser la présidence de la formation à ses fils, Luca et Simone, et de toute évidence, il éprouve une part de regrets.

 

« Mon problème ici, c'est que j'étais trop passionné et peut-être que j'ai été trop critiqué pour cette passion. Alors j'ai dit  'Écoutez, je vais laisser les autres le faire pour moi.' Je dois dire que c'était une erreur. C'était une énorme erreur parce que quand je vois où est l'organisation aujourd'hui, il n'y a plus la culture qu'il y avait quand j'étais là », a-t-il été traduit à partir d'une réponse donnée par Saputo en italien.

 

Saputo pensait à l'époque qu'il prenait la bonne décision en quittant Montréal, mais le recul lui fait croire que ce n'était peut-être pas la chose à faire.


« Honnêtement, maintenant que j'y repense un peu, c'était peut-être une erreur de m'être un peu déconnecté du club. Ce n'était pas une erreur de me détacher au niveau du travail quotidien. Mais je me suis vraiment laissé aller et j'ai dit que j'allais à Bologne pour prendre en charge le club. »

Saputo s'est investi à Montréal pour assouvir sa passion pour le ballon rond. Au fil des ans, il a apprécié la progression qu'il a orchestrée et il croyait que l'équipe pouvait jouer un rôle majeur sur l'échiquier du soccer de ce côté de l'Atlantique.


« J'ai créé l'Impact de Montréal, ou le CF Montréal comme on l'appelle maintenant, il y a 30 ans. Je l'ai fait. Autrement dit, quand il était temps de travailler, je travaillais. Et je l'ai fait parce que c'était ma passion. Je dois dire que lorsque nous avons commencé et qu'il y avait 500 ou 1000 partisans aux matchs,  je croyais que nous pourrions devenir un club important dans le football nord-américain, et nous le sommes. »

 

Il semble déçu de ce qu'est devenu le CFM en 2025. Il estime que l'équipe était en bonne santé quand il a choisi de se concentrer sur sa formation italienne.  « Je dois dire que cela me rend très triste de ne plus voir l'organisation telle que je l'ai laissée. Et je vois la différence par rapport à où nous en sommes avec Bologne. »

 

Un marché aux possibilités limitées

 

En évaluant la situation du marché montréalais, Saputo constate que son équipe ne joue pas égal avec les autres concessions du circuit Garber pour bien des raisons.


« Il faut comprendre que dans notre ligue, nous ne pouvons pas dépenser comme les autres équipes dépensent parce que nous n'avons pas le marché. Si nous regardons nos revenus, ils proviennent de la vente de billets, des commandites, de la vente de marchandise et de la vente de joueurs. Malheureusement, nous avons les prix de billets les plus bas de la ligue parce que notre marché n'accepte pas les prix de New York ou les prix de Miami. Au plan des commandites, nous sommes très limités [parce] que les plus grandes entreprises canadiennes sont basées à Toronto. »

 

Il a rappelé que la situation financière est précaire dans la métropole, ce qui empêche l'équipe de rêver à de grandes ambitions. 


« Ici à Montréal on perd 20 millions par année, alors ne disons pas que l'on met les profits dans nos poches. Nous sommes donc limités dans ce que nous pouvons faire et dans la manière dont nous pouvons le faire. »

 

Une passion qui s'est effritée 
 

Montréal et Bologne ne vivent pas leur passion pour le soccer au même diapason. Saputo croit que l'amour des amateurs pour l'Impact, puis le CFM, s'est transformée au fil des ans et que la situation semble le chagriner. 

« Pour moi, quand je regarde Bologne, quand je regarde la passion des gens, quand je vois que nous sommes unis, nous sommes une grande famille. Il y a des gens qui viennent me voir pour me parler, nous sommes tous pareils [...] et c'est ce qui nous rend forts. La force du club réside dans le sentiment d'appartenance que les gens ont envers le club. Ils veulent travailler pour le bien de l'équipe. Et pour moi, je trouve qu'il n'y a pas ça ici. Ce n'est plus là, mais il y en avait un. Honnêtement, il y en avait un. Maintenant, il n'est plus là. Et c'est là que je vois la grande différence entre l'un et l'autre. »

 

Malgré les nuages qui planent sur le club à Montréal, Saputo voit le soleil se pointer à l'horizon en partie grâce à la présentation en Amérique du Nord du Mondial l'an prochain. Il estime que cet événement planétaire va donner un élan à la MLS, qui devrait gagner en crédibilité, ce qui permettra aux clubs d'attirer et de vendre plus facilement de meilleurs joueurs.

 

Puisqu'il évolue sur deux tableaux, Saputo est bien placé pour comparer les marchés de Bologne et de Montréal. Selon lui, il s'agit essentiellement d'une question de culture qui diffère totalement entre les deux villes. 

« C'est la grande différence. Ici, malheureusement, les gens n'apprécient pas ce que nous faisons, alors qu'ils apprécient ce que nous faisons à Bologne. Ils nous donnent l'opportunité de travailler. Je n'ai pas peur de parler, je n'ai pas peur de dire la vérité parce que les gens comprennent. »

 

Il croit quand même que les choses peuvent changer à Montréal, mais pour y arriver, la perception du club aussi devra changer, mais ça pourrait demander un peu de temps. 

« Au niveau du CFM, j'espère que la façon dont nous sommes perçus changera. Il faut que les gens ici nous donnent le temps de mettre en place ce qu'on veut mettre en place pour continuer à grandir. »

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