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Le CF Montréal peut-il rêver à un long parcours en séries?

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MONTRÉAL – C'est bien connu. En MLS, rien ne sert de partir à point. Il faut juste être prêt à courir quand c'est le temps.

La petite histoire du circuit Garber est remplie d'équipes qui ont racheté un début de saison raté en s'enflammant à la fin de l'été. Souvent, la combustion persiste jusqu'en séries. Des cartes sont brouillées, des hiérarchies brisées.

L'exemple le plus souvent évoqué est probablement celui de l'édition 2016 des Sounders de Seattle. En perdition sous la gouverne de l'entraîneur Sigi Schmid, les Sounders l'ont remplacé par Brian Schmetzer et ont fini cette saison avec une fiche de 8-2-3. Ils ont conclu quelques semaines plus tard avec le premier championnat de leur histoire.

En 2021, les Timbers de Portland montraient une fiche de 7-10-3 avant leur dernier match du mois d'août. Ils ont ensuite gagné dix de leurs 14 dernières parties et n'ont pas arrêté avant d'avoir atteint la grande finale, où leur rêve a été brisé par le New York City FC.

Un récit plus modeste a été écrit l'année dernière par le Sporting Kansas City. Grâce à un rendement de six victoires et trois défaites après la Coupe des Ligues, l'équipe avait accroché le huitième rang dans l'Ouest, avait remporté son match de barrage et avait surpris St-Louis au premier tour des éliminatoires.

Après s'être élevé au-dessus d'une féroce meute de prétendants dans la portion inférieure du tableau de l'Association Est, propulsé par une récolte de 16 points sur une possibilité de 21, le CF Montréal pourrait-il être l'équipe Cendrillon du tournoi d'après-saison?

Déjà improbable par définition, ce scénario demeure difficilement envisageable. L'équipe de Laurent Courtois n'a ni la profondeur ni le talent des Sounders de 2016. Et contrairement à Kansas City en 2023, elle n'est pas attendue en première ronde par une équipe d'expansion qui a joué au-dessus de sa tête en saison régulière.

S'il parvient à éliminer Atlanta mardi au Stade Saputo, l'Impact se retrouvera devant l'équipe qui vient de réaliser la meilleure saison de l'histoire de la MLS. Et il devra la battre non pas une, mais deux fois pour continuer sa route.

« En séries, que ça soit au soccer ou juste en général, les équipes négligées vont tout faire pour trouver une façon de gagner, exposait le milieu de terrain Caden Clark lundi matin. Elles doivent être supérieures dans les petits moments, les petites choses qui ont une grande importance. L'exécution des jeux de base, la forme défensive, la façon de contre-attaquer, tout ça devient crucial. »

« Pour défendre comme on l'a fait à notre dernier match, conscients qu'on allait souffrir mais déterminés à le subir, ça ne prend pas du talent. Ça prend du travail et de la hargne. Il s'agit de s'assurer que tout le monde le comprenne et l'accepte, a poursuivi la nouvelle jeune vedette de l'équipe. Bien sûr, on voudra jouer, jouer pour gagner. Mais parfois, ce n'est juste pas réaliste. Si on joue à Miami, par exemple, il faudra savoir rester concentrés et gratter tous ensemble pour sortir de là avec un résultat. »

Dans un autre « mode »

« Si vous regardez les prédictions en début de saison, on nous voyait en dernière place, des choses comme ça. Je crois qu'on a fait mentir plusieurs personnes, alors pourquoi arrêter maintenant? », demande de manière rhétorique Bryce Duke. « Les séries sont là. On croit en nous et on se concentre sur ce qu'on sait faire. On verra où ça nous mènera. »

Les optimistes plaideront que la version actuelle du CF Montréal n'a rien à voir avec le portrait peint par le classement final dans l'Est.

Avec le retour en force de Josef Martínez, l'équipe compte sur un véritable attaquant élite capable de changer les regrets en célébrations près des filets adverses. Sur les cinq derniers matchs de la saison, ni Christian Benteke, ni Denis Bouanga, ni Cucho Hernández n'ont su produire au même rythme que le sauveur du Bleu-Blanc-Noir. Le seul autre joueur à l'avoir fait s'appelle Lionel Messi.

L'acquisition de Clark, qui compte quatre buts et autant de passes décisives depuis son arrivée, a aussi complètement changé la donne.

En défensive, le différentiel de -16 qui colle au dossier du CF Montréal – de loin le pire chez les équipes qualifiées dans l'Est – n'est pas le reflet de son visage actuel. Jonathan Sirois a accordé un but ou moins dans cinq de ses sept derniers départs. À domicile, le gardien n'a pas récupéré un ballon dans le fond de son but depuis la première demie du match contre Charlotte le 14 septembre.

« Moi j'ai l'impression que les gars sont tournés dans un autre mode, ressent Courtois. Je ne parle pas de la qualité ou de la réussite, je parle dans les attitudes et l'état d'esprit. T'as senti qu'ils sont dans un autre mode. C'est leur capacité à exécuter ce qu'ils ont fait au dernier match, mais en mode playoffs. »

Montréal peut aussi justifier ses espoirs par ses antécédents contre ses deux prochains adversaires potentiels. Il a battu Atlanta deux fois cette saison et est l'une des quatre équipes à avoir surpris Miami dans le contexte d'un match MLS.

« On est vraiment heureux d'avoir pu offrir un match de séries à domicile à nos partisans. Maintenant, on en veut plus, prévient Courtois. Il n'y a pas d'arrogance, il n'y a pas non plus trop d'humilité. Ça fonctionne. Maintenant on veut juste avancer. »