Emil Gazdov veut pousser Jonathan Sirois dès l'an prochain
MONTRÉAL – En trois ans, Logan Ketterer est passé comme une ombre dans l'effectif du CF Montréal. Il n'a jamais été sollicité pour aller salir ses gants dans un match de MLS. À l'exception de son unique apparition en Championnat canadien, on n'a à peu près jamais entendu parler du vétéran gardien.
Emil Gazdov n'est pas Logan Ketterer.
Le nouveau cerbère de l'Impact a de l'ambition. Pas qu'il se promène en le criant à toutes les intersections, le torse bombé. À première vue, le jeune homme de 21 ans dégage l'humilité de celui qui connaît sa place. Sa confiance semble dénuée d'arrogance. Mais questionnez-le sur ses objectifs et il ne passera pas par Lac-Etchemin pour vous les faire connaître.
« J'espère me battre pour [le poste de numéro 1] l'an prochain. On verra ce qui arrivera, mais dans ma tête, chaque séance d'entraînement sert à m'approcher de ce but », a-t-il mis au clair après l'entraînement de mardi.
Et si Gazdov est à Montréal, résultat d'un transfert conclu avec le Pacific FC de la Première Ligue Canadienne durant le camp d'entraînement, c'est parce qu'il sait qu'on lui donnera les clés pour ouvrir les bonnes portes. En entrevue à One Soccer, le jour où son acquisition a été confirmée, il a affirmé que les dirigeants de son nouveau club l'avaient attiré en lui faisant savoir qu'ils le voyaient comme un éventuel titulaire.
« C'est un énorme compliment, a-t-il reconnu à sa première présence devant les médias montréalais. Je veux franchir la prochaine étape, mais je ne voulais pas aller dans un club où mon avenir à court terme se résumerait à m'entraîner sans possibilité de progresser. Ça n'aurait pas aidé mon développement. Quand Montréal nous a appelés, ils ont dit à mon agent qu'ils me donneraient l'opportunité de tracer mon chemin. »
Présentement, Gazdov ne se fait pas d'illusion. Jonathan Sirois est l'homme de la situation et à moins d'une blessure ou d'une série de contre-performances, il conservera sa place dans la hiérarchie cette saison. Sa meilleure chance de voir le terrain est probablement de déloger Sebastian Breza pour des minutes dans les compétitions parallèles à la saison de la MLS.
Mais le natif de Vancouver sait dans quoi il s'embarque. Il a beau avoir été décoré du titre de gardien de l'année dans la PLC en 2024, son ascension durant ses cinq saisons sous contrat à Pacific n'a pas été linéaire.
Après avoir passé deux saisons en prêt dans une équipe de jeune en Allemagne, le Canado-Bulgare a hérité en 2022 du rôle de second derrière le vétéran Callum Irving. Il a effectué son premier départ et sa première victoire cette année-là contre une certain... Jonathan Sirois.
Il a obtenu une promotion la saison suivante, mais un faux départ lui a fait perdre son poste après quelques rencontres. Il a dû bûcher dans le rôle de second pendant deux mois avant de le regagner. Le pas de recul lui a permis de cultivar sa résilience.
« J'ai appris à traverser les moments difficiles. Je crois que c'est aujourd'hui l'une de mes plus belles qualités. Les moments difficiles sont inévitables. Tu te trompes, tu fais des erreurs, tout le monde te regarde. C'est dur à vivre, mais j'ai trouvé le moyen d'avaler rapidement ma pilule. Le lendemain, je vais me réveiller et aborder la journée comme une nouvelle page blanche, me concentrer sur les prochains arrêts que je dois effectuer. »
La saison dernière a été celle de la révélation. En 21 sorties, Gazdov n'a concédé que 18 buts et a réalisé sept blanchissages. Ses performances ont attiré l'attention du Crew de Columbus et du Toronto FC sans qu'un terrain d'entente ne puisse être trouvé. C'est finalement Montréal, en allongeant un montant estimé à 250 000$ pour régler la transaction, qui a décidé de miser sur son potentiel.
Pour Gazdov, c'est une occasion qui arrive au bon moment.
« La PLC est une excellente ligue pour développer des jeunes joueurs, leur offrir du temps de jeu. J'y ai joué près de 50 matchs, j'y ai appris les rudiments du métier. Quand je suis arrivé à 16 ans, je ne faisais pas d'extra, je ne m'étirais pas avant les entraînements, je ne restais pas dans le gym après les séances. Je n'étais pas mal intentionné, je n'avais juste aucune idée de ce que je faisais! J'ai fait mes devoirs, au point de devenir le meilleur gardien de la ligue. Je ne voulais pas retourner y jouer une autre saison. Je sentais que je n'avais rien de plus à prouver. C'était le temps pour moi de passer à la prochaine étape. »
Et avant longtemps, il visera d'en franchir une autre.