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L'attitude d'abord, la tactique ensuite pour Marco Donadel

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Suivez samedi dès 20 h 30 à RDS et sur le RDS.ca, le match entre le CF Montréal et le Fire de Chicago. On met la table à 20 h avec une émission d'avant-match. 

MONTRÉAL – Est-ce la fatigue, la nervosité ou simplement le manque de familiarité avec ce décor inhabituel dans lequel on l'invite à s'installer dans une pièce du Centre Nutrilait? « Où est Pat? », s'étonne Marco Donadel, badin, quand la voix du directeur des relations médias du CF Montréal retentit à travers le haut-parleur de l'ordinateur placé devant lui.

Dans le contexte, la confirmation de l'une ou l'autre de ces hypothèses serait absolument légitime. Reste qu'en ce doux vendredi matin, l'homme en face de nous ne dégage pas la même aisance que celle qui l'avait caractérisé lorsqu'on l'avait rencontré en tête-à-tête entre deux séances d'entraînement il y a un mois et demi en Floride.

« Cette semaine, ma principale préoccupation était de survivre », confirmera Donadel au milieu de son premier point de presse en tant qu'entraîneur-chef du Bleu-Blanc-Noir.

Grosse semaine, en effet. Lundi, l'Italien a officiellement succédé à Laurent Courtois. Le dénouement avait beau être écrit dans le ciel, ce n'est pas le genre de promotion qu'on célèbre en sortant le champagne. Un respect mutuel liait les deux collègues. Donadel exerçait de grandes responsabilités dans le staff de son prédécesseur et semblait vaquer à ses tâches avec toute la confiance de celui-ci.  

Du jour au lendemain, le mauvais début de saison de l'équipe et la nécessité de trouver des solutions retombent sur ses épaules. C'est lui qui devra répondre aux questions, expliquer ses décisions, prendre le blâme pour ce qui ne fonctionnera pas.

Peu de temps après son embauche, cet hiver, Donadel avait affirmé à La Presse que sa seule expérience comme entraîneur-chef avait été « stressante » et qu'il n'était pas certain d'être intéressé à porter de nouveau, un jour, ce chapeau. Et pourtant le voilà.

« Ma dernière expérience était en troisième division en Italie, a-t-il répondu, rieur, lorsque questionné sur ce virage brusque. Je t'invite à y aller et peut-être même à pratiquer le journalisme là-bas. Tu vas voir la différence. Mais le stress, pour moi, apparaît quand les choses ne sont pas claires. Quand une personne me dit de faire une chose, mais que quelqu'un d'autre arrive avec des demandes différentes. »

Donadel a réitéré que l'idée derrière son retour à Montréal était d'abord et avant tout de se replonger dans le soccer et de continuer à prendre de l'expérience dans une ville qu'il adore. « J'étais venu pour aider, et maintenant le club me demande d'aider d'une autre manière. »

De l'aide, le CF Montréal en a besoin. Toujours sans victoire, il montre le pire différentiel de la MLS avec deux buts marqués contre neuf buts concédés. Depuis une entame encourageante à Atlanta, il n'a rien envoyé derrière les gardiens adverses. Encore plus hallucinant : en cinq matchs, il n'a cadré que douze tirs.

Coeur et âme

Des premières pistes de solution afin de provoquer l'électrochoc que le président Gabriel Gervais a dit attendre de son arrivée en poste ont filtré cette semaine à l'entraînement. Lors de notre présence au Centre Nutrilait mercredi, les deux groupes formés pour un match à 11-contre-11 jouaient avec seulement deux défenseurs centraux. En apportant ainsi du renfort en milieu de terrain, Donadel espère donner à ses joueurs les ressources pour fluidifier la marche vers les filets adverses.

Mais au-delà des considérations tactiques, le nouveau patron du vestiaire dit surtout souhaiter voir ses joueurs se libérer des contraintes – celles qui leur étaient imposées comme celles qu'ils s'imposent eux-mêmes - et retrouver une sérénité qui leur permettrait de jouer plus librement et de retrouver le goût du risque.   

Avant de les noyer dans une mer de nouvelles stratégies et de conseils techniques, il leur demande de se présenter au travail avec la bonne attitude.

« J'espère qu'on aura à l'avenir la possibilité d'aborder plus en profondeur toutes les considérations tactiques, qu'on parlera de nos objectifs, de nos résultats. Mais présentement, je veux me concentrer sur ce que les joueurs sentent dans leur cœur, dans leur esprit. Parce qu'il faut en montrer plus sur le terrain. »

Cette approche ne concerne pas seulement le jeu avec le ballon. Défensivement, l'Impact a pris la mauvaise habitude d'encaisser sur des séquences en apparence sans danger où il finit par causer son propre malheur. Donadel a dit s'attendre à ce que ses hommes « prennent leurs responsabilités » pour défendre l'accès à leur but.

George Campbell a quant à lui fait écho aux propos mis par Joel Waterman plus tôt cette semaine. Le vétéran défenseur avait dit s'attendre à ce que l'arrivée de Donadel fasse sortir le côté plus « méchant » du CF Montréal.

« Je suis d'accord avec Joel, je crois que c'est quelque chose qui nous manquait grandement. Même si on est une jeune équipe, on doit être capable de s'imposer physiquement et de jouer avec malice comme le font les équipes adverses contre nous. C'est dans la façon de commettre des fautes, de neutraliser les contre-attaques, de récupérer le ballon. Il faut s'améliorer là-dedans et je crois que c'est le bon moment pour le faire. »

Puisqu'il est question de l'importance d'afficher une bonne attitude, Donadel a montré l'exemple vendredi en faisant l'effort de se présenter et d'offrir des parcelles de réponses en français. « Je suis sûr que d'ici quelques semaines ou quelques mois, je pourrai faire un meilleur travail », a-t-il laissé présager.

C'est l'un des nombreux chantiers qui attendent l'ancien milieu de terrain dans la mission qui lui a été confiée.