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Caden Clark : quitter la maison pour revenir à ses racines

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MONTRÉAL – En 2021, Caden Clark a marqué cinq buts et fourni quatre passes décisives en quelque 1500 minutes de jeu avec les Red Bulls de New York. C'est l'année où il a soufflé ses 18 bougies. À ce jour, cette saison demeure la plus productive de sa carrière dans le soccer professionnel.

Plusieurs clubs ont pris le pari de miser sur le développement du milieu de terrain américain dans les années suivantes. Le RB Leipzig, en première division allemande, a investi près de deux millions d'euros pour faire son acquisition. Minnesota United l'a rapatrié dans l'espoir qu'il retrouve, dans son État natal, sa touche d'antan.

Ça n'a fonctionné nulle part. Au tour maintenant du CF Montréal de miser sur le potentiel inachevé de cet espoir autrefois si lumineux.

Avec une maturité frappante, Clark a accepté de revenir sur les apprentissages qu'il a tirés de ses récentes escales après un récent entraînement au Centre Nutrilait.

L'Europe, donc. Il n'a finalement jamais joué un seul match à Leipzig, qui l'a retourné en prêt à New York et dans un club danois plutôt que de l'intégrer à sa structure. Croit-il s'y être dirigé trop tôt?

« Voici ce que je pense de l'Europe : c'est cool d'y aller, mais il faut trouver la bonne destination, suggère le nouveau numéro 23 de l'Impact. Veux-tu vraiment quitter un endroit où tu connais tous les joueurs, où tu connais le système, où tu connais tout, au profit d'un scénario rempli d'incertitudes? Il faut retomber sur ses pieds rapidement là-bas parce que tout va très vite, les joueurs font partie de l'élite et on ne rigole pas. »

Clark va jusqu'à dire qu'on l'a menotté avant même son départ pour la Bundesliga.

« Ce n'était pas trop vite pour moi, mais les choses ont mal fini à New York avec mes entraîneurs et le temps de jeu qu'on m'accordait. Quand il est entendu que vous allez partir mais que vous devez rester encore un certain temps, l'opinion des gens à votre sujet commence à changer. Alors non, je ne crois pas que c'était trop tôt. »  

En septembre 2023, un peu plus de deux ans après son recrutement en Europe, Clark pensait avoir agrippé la bouée qui allait lui permettre de sortir la tête de l'eau et reprendre son souffle. Le Minnesota United, qui joue ses matchs locaux à 30 minutes de voiture de la banlieue où il a grandi, a annoncé son embauche pour la saison 2024. « Il fait partie d'un noyau de jeunes joueurs que nous avons assemblé et qui établira les standards de qualité du club dans les années à venir », avait alors déclaré l'entraîneur-chef Adrian Heath.

Mais Heath a été congédié un mois plus tard et le retour de l'enfant prodige à St. Paul n'a jamais rapporté les résultats espérés. Sous le nouvel entraîneur Eric Ramsay, Clark a surtout été utilisé sur l'aile droite. Les statistiques qu'il a amassées sont celles d'un chien dans un jeu de quilles : 23 matchs, 11 titularisations, 1030 minutes, une passe décisive.

« Je suis reconnaissant d'avoir pu passer un peu de temps à la maison. Après avoir été sur la route depuis l'âge de 13 ans, les six derniers mois m'ont fait du bien. Mais j'aurai le reste de ma vie pour y retourner. En attendant, je dois faire ce que j'ai à faire pour maximiser ma carrière. J'étais dans mes pantoufles au Minnesota. Je voyais mes amis chaque jour, j'étais entouré des membres de ma famille. J'adorais ça, mais c'est aussi bon de se mettre en danger, de visiter un autre pays, de s'exposer à une nouvelle langue, une nouvelle culture. Je suis jeune. Je veux voir le monde et soutirer le meilleur de moi-même. »

Ironiquement, Clark considère son arrivée à Montréal comme un retour à ses racines. Clairement, ses premières conversations avec l'état-major de l'Impact lui permettent de croire qu'on le replacera dans un rôle de milieu axial avec comme mandat d'assurer une liaison fluide entre le secteur défensif et les spécialistes offensif. C'est son poste de prédilection.

La pression sera forte. On a tôt fait de comparer le contexte de son arrivée à celle de Djordje Mihailovic en 2021. Sous-performant dans sa ville natale, Mihailovic, qui avait 22 ans à l'époque, est devenu un joueur dominant pendant ses deux saisons à Montréal, assez pour charmer les dirigeants d'un club européen.

Clark n'a pas besoin qu'on lui fasse un dessin. Mihailovic et lui sont représentés par le même agent. « Si c'est le parcours qui m'attend, soit. Sinon, je veux quand même m'éclater ici. La façon qu'ils ont de jouer au ballon ici, je crois que ça me sied vraiment bien. »

Surtout, le joueur qui a été incapable de s'implanter dans les deux derniers clubs où il s'est installé veut se donner le droit de se tromper. Elle est entre autres là, cette maturité dont on vous parlait. Malgré les détours et les durs retours à la réalité, Caden Clark continue de croire que la meilleure façon d'avancer est de s'exposer à l'échec.

« Tout le monde veut être parfait dans tout ce qu'ils entreprennent, mais ça n'arrivera pas. Tout est dans notre façon de réagir quand ça ne va pas comme on l'avait prévu. »

« Il nous arrive tous de foirer. Il nous arrive tous de faire des erreurs bêtes. On est jeunes. Mais la seule chose qui compte, c'est notre prochaine décision. Je pratique ce sport depuis que j'ai 3 ans. Est-ce que je vais arrêter de me faire confiance parce que j'ai commis une petite bourde? Je crois que c'est la mentalité qu'il faut avoir si on veut être un joueur d'impact. »