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Montréal-Toronto : un enjeu qui dépasse la proximité au classement

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Suivez le match entre le CF Montréal et le Toronto FC dès 19 h 30 avec RDS et le RDS.ca

Avant-match 

MONTRÉAL – Laurent Courtois avait déjà donné quelques détails sur les ajustements qu'il avait tenté d'apporter durant le long entracte imposé à ses joueurs pendant une mi-temps orageuse en milieu de semaine au New Jersey. Vendredi, l'entraîneur-chef du CF Montréal a dévoilé un autre truc qu'il a sorti de son chapeau pour tenter de motiver ses joueurs.

« Je crois que pour la première fois, j'ai montré aux gars le classement, a révélé Courtois. Dans un scénario où je pensais qu'on était dans un match à notre portée, je leur disais que non seulement on avait l'occasion de bien se placer si on prenait le match nul, mais que si on arrivait à puiser pour aller chercher le but de la victoire, c'est là qu'on se positionnait. C'était pour leur faire voir que voilà, on arrive dans le money time comme on dit. »

En MLS, accorder trop d'attention aux variations du classement peut mener à des exagérations précoces et des conclusions hâtives. Les saisons sont longues, la parité très réelle et les principales intrigues ne se dénouent souvent qu'à la toute fin.

Avec dix matchs à jouer avant la conclusion du calendrier, la position actuelle du CF Montréal inspire surtout ces deux constats.

1)    L'Association Est est un spectaculaire assemblage de médiocrité. Seulement six de ses 15 équipes montrent présentement une fiche supérieure à ,500 et celle qui compte le moins de victoires n'est qu'à trois points d'une place en séries.

2)    Le format des éliminatoires de la MLS n'est pas sérieux. Si les éliminatoires débutaient aujourd'hui, le CF Montréal se qualifierait malgré qu'il n'a pas gagné deux matchs de suite depuis plus de quatre mois, que sa dernière victoire sur la route remonte à la même période et qu'il affiche un ratio buts marqués/buts encaissés de -14.

N'empêche, comme il est toujours mieux d'avancer que de reculer, Courtois pourra de nouveau montrer le classement à ses joueurs s'il souhaite les pousser vers l'obtention d'un résultat samedi. Le CF Montréal est nez-à-nez avec l'équipe qui sera en visite au Stade Saputo, le Toronto FC. Les deux rivaux sont à 27 points. Les Torontois ont l'ascendant puisqu'ils ont signé deux victoires de plus, mais Montréal a joué un match de moins.

Toronto est un autre bel exemple qu'il n'est pas nécessaire de bien jouer pour viser une place en séries cette année. L'équipe de John Herdman a perdu plus de matchs que n'importe quelle équipe dans l'Est à l'exception du Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Elle a subi huit défaites à ses neuf dernières sorties.

C'est donc un duel entre une équipe qui ne va pas très bien et une autre qui va très mal qui se déploiera sous les projecteurs de la rue Sherbrooke, deux adversaires qui tenteront de se tirer vers le haut plutôt que de niveler vers le bas.

Deux adversaires qui, surtout, ne devraient pas avoir besoin de regarder le classement pour se motiver à foutre une baffe à l'autre.

Toronto, c'est Toronto

La rivalité entre le Bleu-blanc-noir et les Rouges n'est peut-être plus ce qu'elle était au milieu des années 2010, quand les Bernier, Piatti et Ciman échangeaient coup pour coup avec les Bradley, Altidore et Giovinco. Mais elle est encore là, s'est-on efforcé de nous assurer vendredi matin au Centre Nutrilait.

« Assurément, a dit sans hésiter Joel Waterman. On prend tous nos matchs au sérieux, mais ceux-là ont un petit quelque chose de spécial. »

Ça doit être vrai parce que depuis quelques jours, et pour la durée de la fin de semaine, une équipe de production est à Montréal pour documenter le plus récent chapitre de ce qui a été baptisé la « Canadian Classique ». Le produit final sera diffusé dans un format s'apparentant aux séries à succès qui ont levé le voile sur le monde de la Formule 1, du Tour de France et du tennis professionnel, notamment.

« Ce qui peut être particulier pour moi, c'est que je viens de passer six semaines [en équipe nationale] avec des gars comme Jonathan Osorio, qui est leur capitaine, et Richie Laryea, renchérit Samuel Piette. C'est particulier parce que pendant six semaines on est des frères et on se bat pour la même mission, mais quand on est de retour en club, il faut se taper dessus et il faut se battre. Ça, c'est particulier. Mais on sait à quel point cette rivalité est importante. »

Piette dit ça tout en étant conscient que ça n'a pas trop paru la dernière fois que les deux équipes se sont affrontées. En mai, le CF Montréal avait été humilié par une défaite de 5-1 à Toronto. La contre-performance avait secoué un entraîneur à court de réponses et mis en rogne les partisans les plus fidèles. Dans le vestiaire, elle avait mené à une nécessaire remise en question.

L'équipe s'est légèrement replacée depuis, mais on sent que rien ne sera réellement pardonné si on ne traîne pas les visiteurs dans un enfer similaire en fin de semaine.

« On veut rectifier ce qui s'est passé, clame Waterman, qui a clairement identifié le dénouement du rendez-vous précédent comme une source de motivation. On ne veut plus jamais se sentir comme on s'est senti ce soir-là et on va tenter de leur réserver le même sort sur notre terrain. On va s'assurer que tous les gars soient prêts et qu'ils saisissent bien l'enjeu de la partie. »

« Je sais que les partisans avaient été déçus, mais nous aussi et ce n'est pas un sentiment qu'on veut revivre, a assuré Piette. Dès la première minute, il faut être prêts, avoir le couteau entre les dents et imposer notre jeu, notre rythme. […] Je pense qu'on est une bonne équipe avec le ballon, mais si on ne fait pas le dirty work comme j'aime le dire aux joueurs, le beau jeu de possession et le jeu de de passes ne vaut pas grand-chose. Il faudra être prêts à mettre nos bottes de travail, à se présenter dès la première minute et à montrer à Toronto qu'ils seront chez nous et que ça va être difficile d'en ressortir avec des points. »

« On veut corriger, approuve Courtois. Maintenant, c'est un autre scénario aussi, un autre moment de la saison. Il ne faut pas être aveuglés par les émotions, il faut avoir la tête froide. Mais il y a un sentiment que ce n'était pas nous [la dernière fois] et on veut montrer autre chose à nos partisans. »