D.C. United - CF Montréal : un gros test pour une défense fragile
MONTRÉAL – Attitude, volonté, sens du sacrifice. Au-delà des impératifs techniques ou stratégiques, c'est souvent dans ces mots que sont décrites, au soccer, les conditions requises afin de bien protéger les corridors terrestres et aériens qui mènent à son propre but.
En partant de cette prémisse, un duel contre D.C. United sera une belle occasion de voir ce que le CF Montréal a dans le ventre.
La défensive montréalaise a été permissive depuis le début de la saison. Après chacun de ses trois matchs, un joueur qui la compose a déploré un but concédé qui n'avait pas lieu d'être. Selon le modèle de la firme de statistiques avancées Opta, le Bleu-Blanc-Noir a assez bien joué pour avoir 4,7 buts accordés à sa fiche jusqu'ici. Il en a pris six.
Contre ses prochains adversaires, une incapacité à resserrer les rangs pourrait coûter cher. D.C. United est une équipe qui attaque agressivement la surface de réparation adverse depuis le début de la saison et qui compte sur l'un des plus dangereux prédateurs de la MLS près des filets ennemis.
La semaine dernière, à Vancouver, le CFM a peiné contre l'équipe qui s'est offert le plus de touches dans la surface adverse (103) après trois matchs. Il ne devrait pas avoir de répit dans la capitale américaine : D.C. vient au septième rang à ce chapitre avec 83.
La troupe de l'entraîneur Troy Lesesne est juste à l'extérieur du top-10 pour le nombre de centres décochés, mais elle se démarque par la précision de ceux-ci. Douze de ces relais ont trouvé la zone délimitée par la ligne des buts et le point de penalty, un sommet dans le circuit Garber. D.C. United a complété un total de 33 passes dans ce secteur critique du terrain, le troisième plus haut total en MLS.
Au niveau des duels aériens, les prochains hôtes de l'Impact ne se démarquent pas par leur efficacité exceptionnelle. Ils ont remporté 53 % de ces batailles pour la possession. Là où le bât blesse, c'est que Montréal fait figure de cancre dans ce domaine avec un taux de succès de 30 %, toujours selon Opta.
Puis il y a le facteur Benteke. Le grand attaquant belge, Christian de son prénom, est une terreur pour ceux qui ont le mandat de le couvrir ou de parer ses tirs. Il a été le meilleur buteur de la MLS en 2024 avec 23 réussites. Il en a déjà ajouté trois à son compteur cette année.
À 6 pieds 3 pouces, Benteke est un aimant pour les ballons en altitude. Huit de ses 23 buts l'an passé ont été marqués de la tête. En 2025, il a déjà été impliqué dans 25 duels aériens. Il est extrêmement sollicité et ne se laisse pas battre facilement.
Tout ça pour dire que le CF Montréal, à la lumière de ce qu'il a montré jusqu'à maintenant, risque d'en avoir plein les bras dans sa quête pour une première victoire cette saison.
« On a pensé à une stratégie, sans sortir de ce qu'on veut faire défensivement, mais on va essayer de limiter au maximum les centres. Ça sera déjà une bonne partie de faite », calculait l'entraîneur-chef Laurent Courtois avant de diriger son dernier entraînement de la semaine.
« On sait que ça arrivera fatalement, c'est juste que tu veux limiter les avantages et les accès faciles à ces centres. Et puis on a des défenseurs qui, on pense, peuvent gérer ces situations-là. Il faut juste ajouter la bonne communication. »
« Moi, c'est sûr que je vais devoir être excellent au niveau aérien quand je vais faires mes sorties, anticipe le gardien Jonathan Sirois. Être très agressif, très percutant. En même temps, c'est très connecté, mais [ça prend une] meilleure communication. Si je suis capable de diriger mes défenseurs sur l'opposition dans la boîte, surtout Benteke qui est leur plus grande menace, si on peut neutraliser ça par une meilleure communication et une bonne couverture homme-à-homme, ça va nous faciliter beaucoup la vie. »
Besoin de résultats
Ce n'est que le quatrième match d'une très longue saison, mais l'urgence de récolter des points pourrait très bientôt se faire sentir chez le CF Montréal. Les attentes pour ce passage obligé de sept matchs sur la route dans lequel l'équipe est engagée n'étaient pas énormes, mais si elle vise à accumuler au moins cinq ou six points avant sa rentrée locale le 12 avril, il serait temps de s'y mettre.
Courtois a exprimé un tantinet d'impatience vendredi, mais a surtout voulu se faire rassurant.
« Il y a deux sentiments. Il y a le sentiment qu'on sait comment on travaille, on sait où on est performants. Après, bien sûr il y a la dynamique des résultats. Même si pour moi il y a des motifs de satisfaction, ça fait trois matchs qu'il y a un ou deux joueurs qui passent à côté de leur match et ça pénalise l'équipe », a critiqué le coach.
« Mais collectivement, on est satisfaits du travail fourni, a-t-il enchaîné. On manque cruellement de justesse dans le dernier tiers, mais collectivement, sur le ballon – hormis les approximations techniques - et le projet de jeu défensif, on est très satisfaits. »
« On s'est redressés à l'entraînement, on travaille plus fort. On a toujours confiance et on croit en nos moyens ici à l'interne, au sein de l'équipe, clame Sirois. Confiance dans le talent qu'on a et la mentalité qu'on peut avoir. Après c'est à nous de plus en démontrer pendant les matchs, c'est aussi simple que ça. Et la beauté dans le foot, c'est qu'on peut avoir perdu nos trois derniers matchs, mais ça ne veut pas dire qu'on va perdre nos trois prochains. »
La bonne nouvelle, dans ce contexte où cette équipe a besoin de muscle, de hargne et d'expérience, c'est que George Campbell et Samuel Piette semblent s'approcher pour vrai d'un retour au jeu.
« Ils reviennent bien. Ils sont de plus en plus impliqués dans les situations collectives. On va voir après l'entraînement, mais on est proche », a dit Courtois à leur sujet.
Un point d'interrogation semble toutefois planer au-dessus de l'attaquant Prince Owusu. Ceux qui ont assisté aux entraînements de la semaine au Complexe sportif Marie-Victorin, dont Maxime Truman du site Dans Les Coulisses, ont rapporté des limitations dans son implication.