Un moment impossible à oublier
Soccer samedi, 18 oct. 2014. 16:58 jeudi, 12 déc. 2024. 05:40Samedi soir, dans le cadre de la superbe série «25 ans d’émotion», RDS nous fait revivre la spectaculaire conquête de la médaille de bronze des Canadiennes au tournoi de soccer des Jeux olympiques de Londres. J’ai eu la chance d’être un témoin privilégié de cette fabuleuse épopée et ce fut certes l’un des moments les plus marquants de ma carrière.
Je me souviens parfaitement de cette réunion tenue quelques mois avant le départ alors que le patron Domenic Vannelli nous avait rencontré pour nous donner nos affectations. J’avais hérité d’une demi-douzaine de sports : Taekwondo, judo, sports équestres, volleyball de plage, haltérophilie…et soccer féminin. Plein d’enthousiasme à l’aube de mes premiers JO d’été en carrière, je m’étais lancé dans l’étude des athlètes participants à ces compétitions pour réaliser rapidement que le Canada ne monterait certainement sur le podium au soccer.
L’année précédant les JO avait été extrêmement difficile pour les filles de Team Canada avec des défaites humiliantes dans quelques compétitions et un changement d’entraîneur avec la récente nomination de John Herdman. Avant même le début des compétitions olympiques, lors du premier entraînement auquel j’ai assisté, à Coventry, j’ai toutefois pu constater que cette équipe croyait quand même fermement en ses chances. Huitième lors des JO de 2008, le Canada a réussi à accéder à la ronde des quarts-de-finale avec une victoire, un match nul et un revers lors du tournoi à la ronde. Un gain de 2-0 face à la Grande-Bretagne a ensuite propulsé le pays en demi-finale face aux Américaines et c’est à compter de ce moment que le reste de la nation a aussi commencé à y croire et à se ranger derrière ce groupe de valeureuses battantes. Et à la suite de ce triomphe, les familles de la plupart des joueuses avaient été obligées de repousser leur départ vers l’Amérique ! Personne n’avait imaginé que les Canadiennes se rendraient aussi loin. Et n’eut été d’une injuste des arbitres en demi-finale, elles seraient peut-être allées jusqu’au bout.
Je n’oublierai jamais cette journée du 6 juin 2012. Il a fallu fouiller dans mes notes pour retrouver la date exacte mais le souvenir de cette rencontre demeure bien présent. Ça se passait dans le mythique stade Old Trafford qui accueille le Manchester United. Malgré trois buts de Christine Sinclair, le Canada s’est incliné 4-3 devant les Américaines. Pourtant, ce match appartenait aux Canadiennes. Deux ans et demi plus tard, je considère toujours qu’elles furent victimes d’un vol…deux ans et demi plus tard, je n’ai pas oublié ce que je ressentais après la rencontre en les interviewant sur les lignes côtés. Jamais avant dans ma carrière je n’avais ressenti autant de compassion envers des athlètes. Sans se défiler, malgré l’injustice flagrante qu’elles venaient de vivre, les filles sont venues partager leurs émotions en pleurant à chaudes larmes. Je regardais les Québécoises Rhian Wilkinson et Marie-Ève Nault parler en sanglots et je partageais intérieurement cette tristesse avec elles. Ce que je ne savais pas, c’est que des millions de Canadiens et Canadiennes ressentaient aussi la même chose devant leur téléviseur.
Malgré l’amertume, la colère et la frustration, les joueuses d’Équipe Canada se sont relevées avec brio pour le match de la médaille de bronze face à la France. Et cette fois, les Dieux du soccer étaient de leur côté. Malgré la domination de l’adversaire, les Canadiennes l’ont emporté 1-0 dans les dernières secondes. Et aujourd’hui, je suis fortement convaincu qu’à travers le pays, des milliers de personnes ont été grandement inspirées par la détermination et la passion de Christine Sinclair, Rhian Wilkinson, Marie-Ève Nault et compagnie.