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RÉSULTATS

Avec l'argent de la maison

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En ce qui me concerne, le Canada a déjà réussi sa Copa America.

L'implosion de l'équipe américaine (dans un groupe plus facile que celui des Canadiens) nous rappelle qu'atteindre les quarts de finale n'est pas une mince affaire. Surtout avec un sélectionneur en place depuis cinq matchs seulement.

Les hommes de Jesse Marsch devront élever leur jeu d'un bon cran pour espérer atteindre le carré d'As, mais tout ce qui viendra à partir de maintenant sera du bonus.

La routine de marquer

En phase de groupes, la fébrilité dans la surface adverse était palpable. Je crois que cela s'explique par une hyper-conscience du moment. Marquer un but dans une telle compétition demeure un exploit pour un joueur canadien.

Dans son histoire, l'Unifolié n'a marqué que deux buts à la Coupe du Monde (dont un contre son camp du Maroc en 2022) et un seul à la Copa America. On est loin de la routine de marquer en championnat.

Les attaquants canadiens doivent se rappeler qu'ils en ont marqué des centaines en carrière. En Copa comme avec leurs clubs respectifs, les buts ont leurs dimensions habituelles et les gardiens portent des gants comme tous les autres.

Plus facile à dire qu'à faire, je sais. Voilà où l'impression de jouer avec l'argent de la maison peut jouer un rôle crucial. Avoir le sentiment d'une mission déjà accomplie peut alléger la pression et permettre un retour aux instincts de buteurs qui les ont menés là où ils le sont aujourd'hui.

Un cran plus haut?

Nommé capitaine par Jesse Marsch, Alphonso Davies a beaucoup retenu l'attention avant la compétition. Quand vient le temps d'analyser les trois rencontres de groupe cependant, son nom ressort moins vite du lot.

Tant défensivement qu'offensivement, Davies connait un tournoi discret jusqu'ici. Il y a de ces joueurs dont la qualité première est de ne pas se faire remarquer. Davies n'en fait pas partie et Marsch doit trouver le moyen de le mettre en valeur. Autrement, le défenseur du Bayern Munich devient un joueur comme les autres, ce qu'il n'est pas.

J'aimerais voir Davies passer une plus grande portion de son temps plus haut sur le terrain. Que ce soit en le faisant jouer comme ailier ou en lui demandant de prendre encore plus de risques, je crois que le Canada gagnerait à le voir évoluer là où son facteur X peut faire la différence.

Ce n'est pas en restant conservateur ou entre deux chaises qu'on arrivera à l'exploiter.

Profiter du moment

Lorsque Tajon Buchanan quittait l'entraînement en ambulance, ses coéquipiers ont certainement pris conscience de la nature éphémère de ces moments privilégiés en sélection.

Ayant lui aussi subi une fracture de la jambe qui lui a fait rater la Coupe du Monde, Maxime Crépeau est mieux placé que quiconque pour savoir ce qui attend Buchanan au cours de la prochaine année.

Entre temps, ce triste incident peut avoir un effet galvanisant sur l'équipe. Avec quinze joueurs sous la barre de 25 ans, le groupe est peut-être encore un peu naïf. La blessure à Buchanan offre instantanément une dose de perspective à ce jeune groupe.

Autant l'ascension peut être fulgurante, comme pour Ismael Koné qui vient de signer à Marseille, autant le tapis peut nous glisser sous les pieds sans avertissement.

En voyant un des leurs tomber au combat, les Canadiens ont sans doute saisi l'importance d'apprécier et vivre le moment à fond. On ne sait jamais quand cette opportunité pourrait s'envoler ou si elle reviendra un jour.

Porté par ce sentiment et la volonté d'offrir un cadeau de convalescence à Buchanan, je crois que le Canada a ce qu'il faut pour surprendre le Venezuela et atteindre la demi-finale.