BRUXELLES - Le sélectionneur de la Belgique Marc Wilmots a convaincu les sceptiques, au sein même de sa propre Fédération, en qualifiant les Diables Rouges pour un Mondial-2014 désormais plein de promesses pour la génération Hazard.

Le succès 2 à 1 (doublé de Lukaku) vendredi à Zagreb face à la Croatie a validé le billet belge pour le Brésil.

Ce n'était pourtant pas gagné d'avance pour l'ancien joueur de Shalke 04 et Bordeaux quand il avait succédé à Georges Leekens en juin 2012.

La Belgique naviguait alors en plein doute, au 54e rang du classement Fifa, et malgré l'émergence soudaine d'une génération qualifiée de dorée, l'arrivée d'un jeune (44 ans) coach sans expérience à la tête de l'équipe nationale laissait songeurs certains journalistes et décideurs.

Vingt mois plus tard, la Belgique, invaincue en qualifications, occupe le 6e rang mondial et Wilmots a levé tous les doutes concernant ses qualités de mentor.

Même la presse flamande, qui s'interrogeait sur les capacités tactiques d'un entraîneur (francophone mais multilingue) qui n'avait guère brillé lors de ses brefs passages à Saint-Trond (Belgique) et à Schalke (Allemagne), salue aujourd'hui son travail.

Wilmots est, c'est vrai, sans doute arrivé au bon moment. Il ne pouvait pas faire pire que ses plus récents prédécesseurs (Leekens, Advocaat, Vandereycken, Vercauteren,...), la Belgique ne s'étant plus qualifiée pour un tournoi majeur depuis le Mondial-2002.

Plus talentueux que la génération 1986

L'ancien attaquant international (80 sélections) savait aussi qu'il pouvait compter sur un groupe de joueurs inexpérimentés certes mais extrêmement talentueux.

« Sans doute, sur le plan du talent pur, un groupe plus fort que celui qui avait atteint les demi-finales du Mondial-86 au Mexique », estime Georges Heylens, l'ancien entraîneur de Lille.

Les cadres de l'équipe jouent effectivement dans des clubs de premier plan. Hazard et De Bruyne à Chelsea, Lukaku à Everton, Dembélé, Chadli et Vertonghen à Tottenham, Vermaelen à Arsenal, Kompany à Manchester City, Fellaini à Manchester United, Van Buyten au Bayern Munich, Witsel au Zenit Saint-Pétersbourg, Courtois à l'Atletico Madrid, Mertens à Naples etc. Et on en passe.

Wilmots possédait donc du bon matériel. Encore fallait-il l'exploiter et savoir gérer ces soudains problèmes de riche.

Proche de ses joueurs, « Willie » a aussi une force de caractère qui lui a permis de réinstaurer une discipline de groupe qui s'était étiolée au fil des contre-performances passées.

Les supporteurs rêvent désormais d'exploit au Brésil. Et on ne compte plus les observateurs qui voient les Belges aller jusqu'en demi-finales.

Robert Waseige, dernier sélectionneur à avoir qualifié les Diables Rouges pour un Mondial, tempère cependant les ardeurs: « Si tout va bien aujourd'hui, en football, les choses changent très vite. Il faudra d'abord franchir le premier tour, ce qui n'est jamais simple. Et si l'on tombe sur le Brésil au 2e tour, ce sera peut-être vite fini.... Alors, du calme ! ».

L'homme sait de quoi il parle. Sous ses ordres, la Belgique du capitaine... Marc Wilmots avait été éliminé en 8e de finale de la Coupe du monde 2002 par le Brésil de Ronaldo (2-0).

La Belgique avait ensuite vécu une traversée du désert de presque douze ans qui s'est terminée vendredi à Zagreb au terme d'une soirée déjà historique pour le football belge.

Les Suisses aussi

La Suisse disputera en juin au Brésil sa troisième Coupe du monde consécutive, forte des belles promesses de sa jeune génération dont Xherdan Shaqiri est le plus emblématique représentant.

Depuis le Mondial sud-africain en 2010, où son fait de gloire fut d'être la seule à battre l'Espagne sur sa route vers le titre, l'équipe suisse a été forcée de changer de visage.

Au printemps 2011, Alexander Frei, meilleur buteur de l'histoire de la « Nati », décide avec fracas de tourner le dos à l'équipe nationale, imité par l'autre carte-maîtresse de l'attaque, Marco Streller, après une campagne désastreuse pour l'Euro-2012.

La Suisse perd certes son duo d'attaquants de la décennie, mais elle gagne en cohésion sur le terrain, ainsi qu'un nouvel état d'esprit, insufflé par des jeunes joueurs sur lesquels le sélectionneur Ottmar Hitzfeld se résout alors à miser.

Shaqiri, le polyvalent milieu de terrain vite recruté par le Bayern Munich après avoir éclos à Bâle, vient apporter de la flamboyance à un jeu helvète réputé pour en manquer. Tout comme Haris Seferovic et Granit Xhaka, deux héros de l'équipe sacrée championne du monde des moins de 17 ans en 2009 au Nigeria, pour le seul et unique trophée mondial décroché par le football suisse.

Ce pari de la jeunesse s'avère payant. La Suisse a traversé les qualifications pour le Mondial-2014 en patronne du Groupe E, sans concéder la moindre défaite, et elle peut même prétendre à une place de tête de série en cas de dernier succès mardi à Berne face à la Slovénie.

La Suisse nourrie par l'ex-Yougoslavie

La Suisse a rajeuni sa moyenne d'âge tout en conservant d'anciens cadres comme son solide gardien Diego Benaglio, et elle a intégré différentes identités.

Son multiculturalisme reflète celui d'un pays qui a accueilli bon nombre de réfugiés après l'éclatement de l'ex-Yougoslavie. Plusieurs joueurs ont choisi le drapeau rouge à croix blanche mais auraient pu défendre d'autres couleurs.

D'ores et déjà, cette génération qui jouera le Mondial au Brésil est présentée comme la meilleure de l'histoire du football suisse et Ottmar Hitzfeld a vu les critiques virer au positif.

Décrié après l'échec de la campagne de l'Euro-2012, l'Allemand, l'un des sélectionneurs les mieux payés de la planète, est aujourd'hui loué pour avoir fait de la place à la relève et rassemblé ses jeunes talents autour de l'objectif commun.

Malgré sa campagne victorieuse, la Suisse de 2013 est-elle capable de faire mieux que celle de l'ère Frei, qui avait chuté en huitième de finale au Mondial-2006 ?

La fée du ballon rond a été plutôt bienveillante avec elle au moment du tirage au sort, en lui réservant des adversaires bien modestes dans le Groupe E, de la Slovénie à la Norvège, en passant par Chypre, l'Islande et l'Albanie, où la Nati a validé son billet pour le Mondial vendredi soir.

Si nombre de ses joueurs se sont expatriés dans des grands clubs européens, force est de constater qu'ils sont plus souvent sur le banc que sur le terrain. Shaqiri, lui-même, doit se contenter de jouer les remplaçants de luxe de Robben au Bayern de Munich.