MONTRÉAL – Il y a un an, la situation des gardiens chez l’Impact de Montréal ne pouvait être plus limpide.

 

À 32 ans, Evan Bush venait de connaître la meilleure saison de sa carrière. Sous la tutelle de Joël Bats, il avait dominé la MLS avec 132 arrêts et établi une nouvelle marque personnelle avec dix jeux blancs. L’organisation, qui avait déjà lancé un message clair en le préférant au jeune Maxime Crépeau avant le début de la campagne, allait en rajouter en aval de ces accomplissements en lui consentant un nouveau contrat de trois ans.

 

Aujourd’hui, l’emprise du vétéran américain sur le poste de numéro 1 semble plus incertaine que jamais.

 

« Notre confiance nous a trahis »

Dire que Bush a déjà mieux paru qu’en 2019 relèverait de l’euphémisme. Les statistiques – il a accordé plus de buts que l’année précédente même s’il a reçu moins de tirs et disputé moins de matchs – ne disent qu’une partie de l’histoire. À ce constat se sont ajoutés des sorties hasardeuses, des remises imprécises et un manque général d’assurance dans sa surface.

 

Privé du luxe de la patience, l’entraîneur-chef Wilmer Cabrera a agi. Avec deux matchs à faire à la saison, il a remplacé Bush par Clément Diop, qui venait de contribuer à la conquête du Championnat canadien. La boîte de Pandore était ouverte. Diop a livré la marchandise contre Atlanta et New York, jetant un flou sur la hiérarchie des portiers chez l'IMFC.

 

Bush n’a pas fait de vagues au sujet de sa rétrogradation mardi lors du bilan de fin de saison des joueurs de l’Impact. Le doyen du vestiaire du Bleu-blanc-noir a dit comprendre la décision qui a été prise à ses dépens et ne conserver aucune rancune face à qui que ce soit.

 

« La victoire en Championnat canadien nous avait donné une certaine vitesse de croisière et les entraîneurs étaient soucieux de conserver ce momentum. C’était une décision qui se défendait », a commenté Bush.

Clément Diop

 

« Pour moi, c’était important d’afficher le même professionnalisme et d’être le même coéquipier dans les mauvais comme les bons moments. Dans une saison et dans une carrière, les fluctuations sont inévitables. Tout ce qu’il y a à faire, c’est conserver un état d’esprit positif. La longue saison morte me donnera le temps d’évaluer tout ça et de refaire le plein. »

 

Et par « évaluer tout ça », Bush ne veut pas dire qu’il entend étudier les options qui pourraient s’offrir à lui à l’extérieur de Montréal. Lorsque la possibilité d’un changement de décor lui a été présentée mardi, le vétéran gardien a balayé cette alternative du revers de la main.

 

« Je n’ai jamais envisagé une autre possibilité que celle d’être de retour pour aider ce club. Je sais que la Ligue des champions est importante ici. Il ne reste plus beaucoup de joueurs qui y ont participé la dernière fois et je crois que cette expérience a une certaine valeur. Je n’ai pas encore eu de conversation avec la direction, mais je n’ai pas de raison de croire que je serai ailleurs qu’ici l’an prochain. Je me considère toujours comme une partie très importante de cette équipe. »

 

Une saine compétition possible?

 

À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer un scénario où Bush partagerait de nouveau le filet avec Clément Diop en 2020.

 

Diop, qui a récemment déclaré s’être senti « dénigré » par moments pendant ses deux premières saisons à Montréal, n’est clairement plus intéressé par le rôle de second violon. À peine besoin de lire entre les lignes pour comprendre que le Français de 25 ans souhaite être de retour, mais pas à n’importe quel prix.

 

« J’attends d’en savoir un peu plus, a dit Diop au lendemain de sa première rencontre avec le nouveau directeur sportif Olivier Renard. Je pense que j’aurai certainement encore une ou deux discussions avec lui dans les semaines qui arrivent et de là, on prendra une décision tous ensemble. J’ai transmis au club ma façon de penser et je leur ai dit que j’aimerais continuer l’aventure ici. Ils vont prendre les décisions qui s’imposent me concernant. La balle est dans leur camp. »

 

« Je pense qu’ils aimeraient que je revienne l’année prochaine, mais à l’heure actuelle je ne sais pas dans quelles conditions ils aimeraient que je revienne. C’est quelque chose que je vais devoir savoir avant de prendre une décision. »

 

La profondeur de l’Impact entre les poteaux permet de croire que l’Impact sera prêt à faire un choix entre ses deux vétérans. James Pantemis, 22 ans, est considéré comme l’un des plus beaux espoirs du club. Jason Beaulieu, 25 ans, attend toujours de faire ses preuves chez les pros après un passage remarqué à l’Université New Mexico.

 

Il y aura aussi le repêchage d’expansion, prévu pour la mi-novembre et pour lequel l’Impact pourra protéger 12 joueurs. Même si, dans l’état actuel des choses, le club montréalais semble posséder bien peu d’intouchables, il pourrait devoir y exposer un gardien au risque de le voir partir pour Miami ou Nashville.

 

Le statu quo créerait une situation délicate. Bush a joué au moins 30 matchs dans chacune des cinq dernières saisons et ne croit pas être arrivé à la croisée des chemins. Diop a clairement accumulé une certaine dose de frustration depuis deux ans et n’es plus intéressé à perdre son temps sur le banc. Un seul des deux hommes pourra obtenir satisfaction.

 

« Je suis en faveur d’une compétition à chaque position. Je crois que c’est très important, ça ne peut que rendre une équipe plus forte. Mais ça doit être une saine compétition, nuance Bush. Il ne faut pas que ça affecte le vestiaire de façon négative. Ça n’a jamais été le cas depuis que je suis ici et j’en retire beaucoup de fierté. »

 

Le maintien des bonnes relations pourrait maintenant passer par une séparation. 

« Je suis content d'être ici »