L'Impact doit bâtir son équipe en dépensant de façon saine
Impact mercredi, 4 févr. 2015. 20:03 jeudi, 12 déc. 2024. 15:55MONTRÉAL - Maintenant que le tableau gris a été peint par Joey Saputo et les dirigeants de l’Impact, l’organisation montréalaise doit trouver la manière d’illuminer sa toile de fond ce qui nécessite des ajustements.
Gonflés par leur enthousiasme d’accéder à la MLS pour leur première saison en 2012, les gestionnaires de l’Impact ont cru que l’engouement se propagerait à la vitesse d’un tir d’Ignacio Piatti.
Plus de trois ans après ce saut dans le plus haut circuit nord-américain, force est d’admettre que leurs visées étaient trop ambitieuses.
« Ou bien nous avons manqué le bateau sur le côté marketing ou nous avons surévalué le marché du soccer à Montréal et qu’il n’est pas ce que nous pensions », a relevé Saputo dans une rencontre de presse perçue comme hâtivement pessimiste par certains.
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Malgré la déception qui habite Saputo et ses collègues, l’Impact peut redresser la barre sans atteindre des chiffres astronomiques au niveau des spectateurs.
« La saison 2014 a fait mal parce que notre moyenne d’assistance par match a chuté de 19 000 à 16 000. On doit être capable de faire ça à Montréal : aller chercher de 3000 à 5000 partisans de plus par rencontre », a lancé le vice-président exécutif Richard Legendre.
Il faut dire que l’orgueil corporatif de l’Impact en a pris un coup récemment quand le moment est venu d’analyser les rapports d’assistance de la MLS. En effet, le circuit Garber a connu un manque à gagner de trois millions de revenus au chapitre des billets pour ses prévisions de 2014 et l’Impact est responsable du deux tiers de cette donnée comptabilisée en rouge.
« C’est dur, mais réaliste comme portrait. Quand je me présente à la MLS, c’est très décevant de déposer nos résultats financiers par rapport à nos attentes », a confié Saputo qui ne pouvait pas commenter le dossier des négociations qui stagnent avec l’association des joueurs pour la signature d’une nouvelle convention collective.
Saputo avale mal la pilule surtout que le climat sportif montréalais lui semblait favorable pour établir une équipe forte et l'ancrer dans les intérêts de la population.
« Au niveau de convaincre les partisans, c’est un peu plus difficile que ce que nous avions imaginé. Si nous étions dans une région comme New York avec 11 équipes professionnelles, mais nous en avons seulement 3 ici... », a comparé le président qui vantait toutefois le travail accompli par son organisation pour développer la prochaine génération de joueurs de soccer.
Même si l’Impact a attiré un joueur de la trempe de Laurent Ciman sans oublier d’autres acquisitions attrayantes, les amateurs désirent l’arrivée d’un joueur désigné de renom en attaque. Le hic, c’est que l’Impact a compris qu’elle ne pouvait pas rivaliser en termes de budget avec les riches organisations dont l’ennemi de Toronto.
« C’est malheureux pour nous parce que l’équipe qui a dépensé le plus est notre plus grand rival », a admis Saputo en parlant du Toronto FC.
« On doit être plus sensible au niveau des finances et on doit continuer de bâtir une équipe sans dépenser l’argent que nous n’avons pas. (Les grosses acquisitions) ça met plus de pression, mais il faut suivre notre plan », a-t-il enchaîné.
Les sommes colossales dépensées par le TFC, les Red Bulls ou le Galaxy finissent par affecter les tractations avec des cibles intéressantes pour l’Impact.
« Ça change un peu les choses dans le sens que le joueur en Italie qui entend parler des gros contrats qui se signent, il pense qu’il y a de l’or dans les rues en Amérique du Nord et il a des demandes irréalistes », a dévoilé l’homme d’affaires.
Nul doute, l’Impact ne possède pas les ressources financières pour se lancer dans une acquisition trop dispendieuse.
« Ça aide d’ajouter un gros nom, mais il faut que ce soit une dépense justifiée. Ce n’est pas à tout prix, on ne peut pas se le permettre. Je ne peux pas dépenser huit millions pour un joueur pour atteindre deux millions de plus en revenus de billets de saison », a-t-il comparé avant de s’adresser aux amateurs.
« C’est dans nos moments les plus faibles que nous avons besoin de support et on ne le sent pas nécessairement en ce moment », a ajouté Saputo qui parlait sans gêne, mercredi, à 20 jours du premier match de 2015 contre Pachuca au Mexique.
Question d’élargir cet appui, l’Impact a décidé de diriger davantage ses efforts de marketing vers la clientèle 25-34 ans qui représente un bassin peu exploité.
En somme, Saputo et le reste de l’état-major veulent convaincre les partisans potentiels avec ce discours.
« On a fait les changements nécessaires pour présenter une meilleure équipe. Si les gens veulent un meilleur produit, nous avons livré la marchandise et c’est à eux de venir voir si c’est le cas », a présenté Saputo dont les finances de l’équipe ne sont heureusement pas trop affectées par la baisse de la valeur du dollar canadien.
Afin de se rapprocher des amateurs, le club montréalais a fortifié son effectif avec l’ajout de quelques joueurs francophones comme Ciman et Bakary Soumare ce qui constitue un plus quand vient le temps d’étudier le dossier des candidats.
Une tangente néfaste pour la MLS ?
En tant qu’équipe soucieuse de sa santé économique, l’Impact prêche logiquement pour sa paroisse, mais Saputo s’inquiète des magots offerts par les équipes aux poches les plus profondes.
« J’ai déjà donné mon opinion au commissaire. Je ne cache pas que ça peut être bien pour la ligue sauf que je crois que ça pourrait faire mal à long terme. La MLS veut une stabilité et une parité, mais ça finira que seulement certaines équipes vont dépenser. Il y aura New York, Los Angeles, Toronto et le reste », a nuancé Saputo.
L’Impact ne dispose peut-être pas des ressources pour attirer les joueurs les plus coûteux, mais l’organisation a investi autour de 100 millions pour l’équipe, la relève et leur futur centre d’entraînement.
Ce complexe progresse et il pourra accueillir l’Impact en avril alors que sa construction devrait être complétée en septembre avec des terrains naturels et artificiels.
Un autre investissement de Saputo pourrait rapporter et c’est celui auprès du FC Bologne. Dans l’avenir, des joueurs de l’Impact iront parfaire leurs aptitudes sur la première ou deuxième équipe.
Pour conclure le dossier économique, l’Impact aurait souhaité garnir le Stade Saputo d’un toit partiel pour protéger tous les bancs des fréquentes intempéries, mais les premières indications exigeraient des coûts astronomiques.