Maxime Crépeau vise le poste de numéro 2, mais ses entraîneurs prônent la patience
Impact lundi, 8 févr. 2016. 17:10 lundi, 25 nov. 2024. 11:45MONTRÉAL – Parmi les nouveaux visages qui étaient présents au Stade olympique lundi pour la suite du camp d’entraînement de l’Impact, on retrouvait celui de Maxime Crépeau.
À l’instar du défenseur Wandrille Lefèvre et du milieu de terrain Kyle Bekker, Crépeau était de retour d’un séjour avec l’équipe nationale canadienne. Son passage de deux semaines avec l’Unifolié, pendant que le Bleu-Blanc-Noir se mettait au travail en Floride, a culminé vendredi quand il a obtenu le premier départ de sa carrière avec la sélection senior.
Le Canada s’est incliné 1-0 dans un match amical contre les États-Unis, mais le jeune titulaire a livré une performance qui lui a valu une pluie d’éloges d’observateurs de partout au pays.
« J’ai apprécié le match de la première à la dernière seconde, a résumé Crépeau après son premier entraînement avec son club montréalais. Ça a été une très bonne expérience pour moi. J’étais prêt. Dès que le sifflet a sonné, j’étais dans mon match et je n’ai pas eu de problème. Je m’amusais sur le terrain et j’étais confiant. »
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« Il a très bien fait, mais moi ça ne m’étonne pas, a complimenté Lefèvre, qui faisait lui aussi partie du XI partant du sélectionneur Benito Floro. Ça fait cinq ou six ans que je le connais, je sais ce dont il est capable. La seule donnée qui était un peu inconnue, c’est que c’était son premier match professionnel d’envergure, mais je pense qu’il a absolument parfaitement géré ça. »
« J’ai toujours dit que Maxime était un ‘jeune monsieur’. Il n’a jamais eu peur de n’importe qui, de n’importe quel moment. Ce n’était pas facile comme défi, mais il a vraiment démontré sa capacité de jouer dans un grand match. Ça démontre une grande maturité dans son jeu », a apprécié l’entraîneur de l’Impact, Mauro Biello.
En novembre dernier, lors du bilan de fin de saison qui avait suivi l’élimination aux mains du Crew de Columbus, Crépeau avait mis cartes sur table. Inutilisé en MLS depuis sa mise sous contrat par l’Impact en 2013, le produit de l’Académie avait déclaré son intention de viser le poste d’auxiliaire à Evan Bush en 2016.
Crépeau n’a pas chômé durant l’entre-saison. Avant de répondre à l’appel de sa patrie, il a effectué un stage de trois semaines dans l’entourage du FC Bologne, un club de première division italienne. Avec en plus la solide performance qu’il a été en mesure d’offrir contre les Américains, on peut dire que le jeune portier a tout fait pour se donner les moyens de ses ambitions.
« Le message est le même, a-t-il bien mis au clair. Je suis content, parce que l’équipe nationale américaine comptait pratiquement sur une formation de la MLS, de bons joueurs de la MLS. Je crois que je peux remplir le mandat si on fait appel à moi ici et c’est mon objectif. Je veux prouver à l’Impact que je suis capable d’avoir des minutes. »
Des visions différentes
Avant que l’équipe ne quitte pour la première étape floridienne de son camp d’entraînement, à la fin janvier, Biello avait reconnu que le travail de ses gardiens serait évalué de près et n’avait pas exclu la possibilité de modifier éventuellement l’ordre établi à la position avec la présence du vétéran Eric Kronberg comme second à Evan Bush.
Crépeau, qui occupe depuis deux ans le troisième rang de l’échelle, arrive au boulot chaque matin dans le but avoué de bousculer cette hiérarchie.
« C’est sûr et certain qu’Evan va être le premier, on ne se le cachera pas. Selon ce que je sais présentement, on se bat pour la place de deuxième gardien. Mais on est des bons compétiteurs et il n’y a pas plus de tension dans l’air. »
Mais chez l’Impact, tout le monde ne semble pas partager la vision de l’ambitieux cerbère de 21 ans. L’entraîneur des gardiens de l’organisation, Youssef Dahha, préfère insister sur l’importance de ne pas brusquer la progression de celui qui a montré une moyenne de buts alloués de 1,18 en 11 matchs de deuxième division l’année dernière.
« Il faut arrêter de dire numéro 2, a sommé le volubile enseignant. Numéro 2, ce n’est pas une place. Je l’ai toujours dit, c’est un rôle pour un gardien en fin de carrière qui est là pour jouer 10 ou 15 matchs, voire moins que ça. Mais Maxime, il a besoin de jouer, de jouer beaucoup. »
« J’aime mieux qu’il soit un numéro 3 qui joue tous les matchs qu’un numéro 2 qui reste toujours sur le banc. Surtout s’il est en équipe nationale. Il va lui falloir des matchs de préparation, il va lui falloir de la compétition », a insisté Dahha.
Il y a donc un contraste évident entre le discours du mentor et la vision de l’élève.
« On sait que Maxime est très bon, mais on ne veut pas brûler les étapes. Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte, mais on croit en lui. Il faut seulement qu’il soit patient. Il a patienté pendant huit ans, je pense qu’il peut patienter encore une année. [...] On a un projet, on a un programme ensemble et on y arrive tranquillement. Lentement, mais sûrement. »
Crépeau pourrait-il aller chercher du temps de jeu dans une autre organisation à laquelle il pourrait être envoyé sous forme de prêt? Dahha ne semble pas chaud à l’idée.
« Ça a pris des années à former Maxime, c’est notre produit. C’est sûr qu’on veut qu’il reste ici, c’est l’objectif. On ne travaille pas pour les autres, on travaille pour nous. »
Si jamais Crépeau devait commencer la saison dans les mêmes crampons que la saison dernière, d’autres objectifs à courts termes pourraient garder sa flamme allumée. La sélection canadienne pourrait faire appel à ses services pour un important match de qualification pour la prochaine coupe du Monde contre le Mexique. Aussi, Biello garde secrètes ses intentions quant à l’attribution du filet pour les matchs de championnat canadien à partir du mois de juin.
« Les choses changement rapidement au soccer et il faut être réaliste dans certains cas, a affirmé le coach. Nos trois gardiens travaillent très bien. On va voir avec leurs performances, leur état mental et physique, et on va faire des choix. »
« Je ne suis pas dans une position où je peux exiger qu’une décision soit prise rapidement ou quoique ce soit, estime Crépeau. Est-ce que j’aimerais [gagner le poste de numéro 2] avant le premier match de la saison? Peut-être, oui. Mais pour l’instant, je ne m’en fais pas avec ça. »