MONTRÉAL – La situation de Patrice Bernier n’a rien de particulier aux yeux de l’entraîneur Frank Klopas. Selon lui, le rôle du capitaine de l’équipe a simplement diminué avec l’ajout de nouvelles ressources, mais il souhaite le garder au sein de son effectif.

Ce n’était pas la première fois que Klopas devait expliquer le traitement – jugé injuste par certains – qu’il réserve à Bernier. L’entraîneur d’expérience a toujours détesté les questions délicates à ce propos et il aurait bien aimé éviter le sujet jeudi au lendemain du match nul de sa troupe contre les Red Bulls de New York.

Toutefois, la très faible utilisation de l’athlète de 35 ans (15 minutes depuis six matchs) est revenue sur la table à la suite de la sortie de sa femme sur les réseaux sociaux. Finalement, Klopas s'est résigné devant l'insistance des médias et il a accepté d’en dévoiler un peu plus sur sa pensée.

« Nous avons procédé à beaucoup de changements au sein de l’équipe, nous avons mis un plan en place pour améliorer la formation et on mise sur un très bon groupe de joueurs », a fait remarquer Klopas pour expliquer le fait que Bernier doit exercer sa patience.

Aux dires du dirigeant, la mission de Bernier n’est plus la même avec l’Impact en raison de son âge et il ne veut pas s’en départir pour autant (la fenêtre des transferts se fermait à 17 h).

« Je veux qu’il reste, mais les choses changent avec le temps. Je ne peux pas être le même joueur que j’étais à 20 ans. Il a encore beaucoup à offrir, mais son rôle est différent maintenant. Ceci dit, on essaie de traiter tous les joueurs avec beaucoup de respect », a-t-il prétexté.

Malgré les commentaires explicites de la femme de Bernier, Klopas a prétendu que sa relation n’est pas conflictuelle avec le Québécois.

« C’est le capitaine, il nous aide de plusieurs façons que ce soit sur le terrain ou à l’extérieur. Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui. C’est une équipe ici, ce n’est pas à propos d’un joueur », a évoqué Klopas sans vouloir préciser s’il avait rencontré le numéro 8 pour calmer la tempête.

En fin de compte, l’entraîneur considère qu’il doit poser des gestes difficiles pour le bien du collectif. D’ailleurs, il n’a pas hésité à dire qu’il voulait être jugé en fonction des résultats de l’équipe et non de ses choix sur l’effectif.

« Nous filons dans la bonne direction et je dois prendre des décisions basées sur l’entraînement et les matchs. Jugez-moi
selon les résultats à la fin », a insisté l’homme aux origines grecques.

Les rares présences de Bernier sur le terrain compliquent le déploiement de son mandat de capitaine. Cet élément ne dérange pas Klopas puisqu’il avait été limpide sur ce point.

« Quand je l’ai nommé capitaine, j’ai été clair que ça ne lui garantissait pas une place sur le terrain. Il a ce rôle pour différentes raisons. Par exemple, on avait besoin de lui pour calmer le jeu contre New York et il est entré dans un moment important de ce match », a mentionné celui prétend que la porte de son bureau est toujours ouverte pour ses protégés.

Klopas n’est pas dupe, il sait bien que son « heureux problème » de disposer d’une profondeur enrichie provoque du mécontentement chez certains et il essaie de gérer la situation.

« Il y a toujours des joueurs qui ne sont pas heureux. Dans son cas, je ne sais pas s’il accepte la situation, il faudrait lui demander parce que je ne veux pas parler pour lui. Mais j’ai été clair avec lui dans nos discussions à propos de son rôle comme c’est le cas avec ses coéquipiers », a souligné Klopas en refusant de dire que Bernier ne peut pas accomplir le même travail que les autres joueurs qui évoluent à sa position.

Étrangement, l’une des faiblesses de l’Impact se situe dans le contrôle du ballon par les milieux de terrain. Klopas a d’ailleurs reconnu que l’absence de Marco Donadel avait été coûteuse contre New York et Bernier semblait un candidat idéal pour le remplacer, mais Eric Alexander et Nigel Reo-Coker ont été envoyés sur le terrain avant lui.

« Nous avons manqué Marco, son habileté pour voir le jeu et ses passes. Il aurait été d’une grande aide pour passer leur première ligne de pression », a noté Klopas dans une description qui fait pourtant penser aux aptitudes de Bernier qui devrait rencontrer la presse dans les prochains jours.

Ses coéquipiers marchent sur des œufs

Outre Klopas, Dominic Oduro, Wandrille Lefèvre et Evan Bush ont rencontré les médias jeudi à la Caserne Létourneux, le centre d’entraînement du club. Aucun membre de l’Impact n’avait besoin qu’on lui fasse un dessin au sujet de la situation de Bernier. Le contexte s’avère plus délicat pour Lefèvre et Bush qui sont de bons copains du vétéran depuis quelques années.

« C’est mon ami et j’ai une sensibilité pour sa cause et ce qu’il peut ressentir. Sauf que je représente aussi l’Impact et je laisse cette histoire se dérouler. Je le soutiens en tant qu’ami quand j’ai à le voir », a admis toujours pertinent Lefèvre.

« Il traverse une période plus difficile, mais il contribue de plusieurs manières quand même. C’est un bon capitaine et il a fait le travail quand il était sur le terrain. Ceci dit, ce n’est pas à moi de déterminer son utilisation », a décrit Bush avec compassion dans la voix.

Tout de même, les trois comparses croisés ne croient pas que l’épineux dossier deviendra une distraction.

« Ce ne sera pas le cas parce que ce fut ainsi depuis le début de la saison et que ça arrive souvent dans le sport », a répondu Bush qui n’avait pas vu le tir de Felipe franchir le mur avant d’aboutir sur le poteau lors du dernier jeu du match de mercredi.

La situation n’est pas identique, mais Lefèvre peut facilement se placer dans les souliers de Bernier puisqu’il a été confiné à un rôle de spectateur pendant neuf matchs à la suite d’une bévue contre NYCFC. Il aura la chance de fouler le terrain de nouveau samedi contre le puissant D.C. United étant donné que Laurent Ciman sera suspendu.

« On savait que ça pouvait arriver, Laurent n’est pas invincible même s’il est très fort. On peut s’estimer chanceux de ne pas avoir été privé de lui alors que nous sommes au mois d’août. Personnellement, j’ai de l’orgueil, je veux prouver que l’entraîneur n’a pas raison de penser que je ne fais pas partie de sa meilleure paire en défense centrale », a conclu le sympathique athlète.