L'Impact de Montréal veut se défaire de Pachuca
Impact vendredi, 27 févr. 2015. 21:33 jeudi, 12 déc. 2024. 15:55MONTRÉAL – En l’espace d’un mois, l’Impact de Montréal devait relever l’abrupt défi de bâtir l’équivalent d’une nouvelle équipe et celle-ci aurait à s’imposer, dans un monde idéal, dès sa première sortie officielle sur le terrain mexicain de Pachuca.
L’ambitieux projet laissait craindre que l’effectif revampé en profondeur serait lancé dans la fosse aux lions tellement il était ambitieux. Bien sûr, la mouture 2015 de l’Impact a eu à s’accrocher de toutes ses forces, mais elle parvenue à inspirer confiance en plus d’aspirer à une place en demi-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF.
Si les joueurs apprécient leur premier acte de l’année, ils ont évité le piège de s’emballer même si la deuxième portion de ce duel se tiendra en sol montréalais, mardi le 3 mars, au Stade olympique.
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« Il n’y a que la moitié de la bataille qui est achevée », a insisté Bakary Soumare qui s’amuse déjà avec Hassoun Camara à propos de leurs ressemblances physiques qui pourraient confondre quelques observateurs moins aguerris.
« Même si c’était un bon premier match dans l’ensemble, nous n’avons rien confirmé. On est gourmand parce qu’on sait qu’on aurait pu le gagner, mais ce sera mission accomplie si on parvient mardi à confirmer ce résultat du match aller », a-t-il reconnu avec calme.
L’Impact a non seulement reconstruit sa formation, mais la formation montréalaise a déniché des athlètes de caractère et d’expérience. Les acquisitions de Soumare, Laurent Ciman, Nigel Reo-Coker et Dominic Oduro illustrent ce virage d’envergure.
Inspiré par les éléments ajoutés à son club, l’entraîneur Frank Klopas n’a donc pas hésité à envoyer sept nouveaux joueurs sur la formation partante pour donner le coup d’envoi à la saison 2015. En considérant qu’Evan Bush, Dilly Duka et Ignacio Piatti n’ont pas été des membres du onze partant durant toute la dernière saison, Justin Mapp était l’unique élément de continuité de l’an 2014.
Mais c’est justement en raison des qualités de meneur que ces joueurs ont pu donner raison – dans l’ensemble - à Klopas qui admet que c’était osé de lancer une telle formation dans la mêlée.
« Il y a toujours des craintes, mais la clé était de bien connaître nos nouveaux joueurs avant de les embaucher et ce sont de bonnes personnes. Bien sûr, ça prend du temps (pour que ça clique), mais c’est là que ce long voyage au Mexique prouve son utilité. Ça crée une unité et on verra encore plus leurs qualités dans les moments éprouvants », a-t-il répondu.
« L’important, c’est de bien communiquer avec les joueurs pour éviter des frustrations et on s’assure de le faire », a ajouté Klopas qui risque de multiplier les conversations avec ses hommes puisque la profondeur est rehaussée.
En tant que vétéran et capitaine, Patrice Bernier ne créera pas de vagues à ce sujet, mais il représente un exemple éloquent parce qu’il a dû regarder les siens débattre à partir du banc en terres mexicaines.
Celui qui a notamment arrêté son chemin en Norvège et au Danemark n’a jamais assisté à une métamorphose aussi drastique.
« Non, je dois avouer que normalement ça se limite à deux ou trois nouveaux sur la formation partante. C’est rare de voir un tel changement, mais on a ajouté beaucoup de talent et on possède maintenant une grande de profondeur », a-t-il confirmé.
Le constat pourrait l’effrayer, mais il a déjà insisté sur le fait qu’il est ravi de l’amélioration de la troupe et qu’il est prêt à se battre pour les minutes d’utilisation. Bernier est d’autant plus encouragé qu’il adore le climat qui règne au sein du clan montréalais.
« Ce n’est pas évident d’avoir de la chimie rapidement, mais ça s’en vient. L’ambiance est vraiment bonne et c’est probablement la meilleure dans les quatre ans de l’équipe en MLS. On va continuer de travailler là-dessus parce que ça permettra de traverser les creux et nous n’avons pas été assez bons à ce sujet dans les dernières années », a vanté le milieu de terrain.
Sous la direction des entraîneurs, les joueurs ont donc mis l’épaule à la roue pour que les changements effectués rapportent le plus tôt possible. En vertu de ses sept années d’expérience dans la MLS, Soumare n’est pas étonné du départ prometteur.
« Ça fait trois semaines qu’on bûche et qu’on vit ensemble. Ce match est le fruit de notre dure préparation et il y a cette envie de bien faire. Les joueurs de l’an dernier sont conscients qu’on veut faire une grosse saison tandis que les nouveaux veulent hausser le niveau et les dirigeants du club mettent tout en œuvre pour que ce soit une saison réussie », a analysé le colosse originaire du Mali.
Impliqué dans une confusion avec le gardien Evan Bush qui a mené au but égalisateur de Pachuca, Laurent Ciman a aussi démontré qu’il prenait à cœur la destinée de sa nouveau clan alors que sa frustration se ressentait jusqu’au Québec !
« Je suis quelqu’un qui veut toujours gagner. J’étais déçu du second but, je crois qu’il aurait pu être évité si on avait plus communiqué ou joué ensemble. C’est de bon augure pour la suite et on a vraiment envie d’accomplir quelque chose », a assuré le Belge qui est emballé à l’idée d’entamer son chapitre à Montréal surtout que sa famille sera présente.
Des changements pour une meilleure possession ?
Cette complicité en devenir sera mise à rude épreuve une deuxième fois mardi quand le Stade olympique ouvrira ses portes peu utilisées aux Tuzos et aux milliers de partisans qui se rangeront derrière l’Impact.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Bleu-blanc-noir se prépare à toutes les éventualités puisqu’il serait étonnant que le match retour soit un copier-coller du duel initial.
« Le personnel d’entraîneur a fait un très bon boulot à repérer leurs qualités et leurs défauts. On les connaît un peu plus depuis le premier match et ça ne peut que nous aider pour le retour », a ciblé Soumare.
« Je m’attends à ce que ça soit aussi compliqué que le match aller. Oui, on a un avantage, mais ça peut vite tourner à notre défaveur donc on devra demeurer concentré et être plus calme au ballon. On détient toutes les cartes dans nos mains donc c’est à nous de bien les jouer », a suggéré Ciman avec son regard perçant.
« Pour être honnête, nous n’avons pas encore abordé le plan de match précisément. Mais ce sera certainement différent et on va suivre les recommandations des entraîneurs en espérant contrôler un peu plus le tempo », a révélé Bush vendredi.
Afin d’accomplir ce projet ambitieux contre les redoutables visiteurs, Klopas pourrait procéder à des changements à son effectif.
« On verra, tous les matchs sont différents. Le résultat est bon, mais on s’attend à un match retour difficile et il faudra pousser avec autant de conviction. On a bien joué par moments, mais on peut corriger quelques aspects », a statué l’entraîneur.
De son siège de spectateur, Bernier a confirmé qu’une possession plus partagée serait préférable.
« C’est ce qui nous manquait un peu pour aider l’équipe à souffler dans certains moments. On a vu que le dernier tiers du match a été plus éprouvant et on a commis des erreurs techniques ce qui sera à éviter. On a bien défendu dans les circonstances », a-t-il partagé.
En marquant les deux buts des siens, Duka ne risque pas de céder sa place. L’Américain de 25 ans a louangé ses partenaires pour ses réussites et il a pris connaissance des répercussions de son doublé plutôt tardivement.
« Je n’avais pas pris conscience de la situation avant de parler à ma famille et mes amis. Je dois vous dire que nous n’avions pas l’internet à l’hôtel ni sur le trajet de retour de 15 heures. J’ai donc revu certains messages des partisans et je le réalise plus maintenant, mais le deuxième match sera plus important », a dévoilé l’athlète aux pieds agiles.
Même si la saison n’est vieille que d’un match, le plaisir se ressent dans l’entourage de l’Impact.
« Il y a une belle dynamique, une belle énergie. La base est présente et on continue à cimenter le tout, petit jeu de mots avec Laurent », a rigolé Bernier qui croit que cette solidarité fera la différence dans les moments plus difficiles.
Un exploit se retrouve donc à la portée de ce groupe et les joueurs ont réalisé le tout.
« On veut prouver aux partisans qu’on veut accomplir quelque chose de bien pour la ville et notre sport », a clamé Duka.
« C’est ça l’idée, on a fait le nécessaire à l’extérieur et ce serait bien de passer en demi-finale en marquant l’histoire avec tout le support de Montréal », a conclu Bernier.