Patrice Bernier dénonce un problème d'attitude chez l'Impact
Impact mardi, 12 mai 2015. 14:50 mercredi, 11 déc. 2024. 16:35MONTRÉAL – Un creux de vague était prévisible. Frank Klopas avait lui-même tenu à atténuer les attentes qu’il savait désormais énormes envers son club au terme de son improbable parcours en Ligue des champions.
Mais deux semaines après avoir atteint l’apothéose, l’Impact tarde à jouer à un niveau acceptable et l’intolérance commence déjà à se faire sentir.
Lundi soir, en entrevue sur les ondes de la station radiophonique TSN690, l’entraîneur-adjoint Enzo Concina a insinué que l’équipe avait éteint les moteurs et traversait ce qui s’apparente à un dur lendemain de veille. « Je crois que les joueurs ont de la difficulté à retrouver leur rythme », a déclaré Concina à nos confrères anglophones, insistant sur le fait que le problème ne résidait pas tant au niveau tactique que dans le manque de mordant de ses exécutants.
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« Cette équipe, si elle ne joue pas avec intensité, devient une bien petite équipe. (...) Nous avons un bon groupe de joueurs, un groupe talentueux, mais si nous ne sommes pas assez intelligents pour comprendre que notre talent ne suffira pas, nous sommes dans le pétrin », a tranché l’entraîneur.
Le lendemain, Patrice Bernier a offert un son de cloche similaire. Tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde présentement chez le Bleu-blanc-noir, affirme le capitaine.
« Il y a une attitude que l’on doit avoir que je crois que l’on n’a pas nécessairement, a laissé tomber Bernier avant l’entraînement de mardi. Il y en a qui le démontrent et il y en a d’autres qui sont peut-être un peu plus... je ne veux pas dire fatigués, parce que tu ne peux pas être fatigué quand la saison n’est vieille que de deux ou trois mois. »
Les commentaires de Bernier ne sont pas sans rappeler les premiers signes d’impatience qui avaient ressurgi samedi après la défaite encaissée à la maison face aux Timbers de Portland. Le vétéran Nigel Reo-Coker avait notamment affirmé qu’il était temps pour chacun de se regarder dans le miroir et d’assumer les répercussions de ses actions.
« Il faut simplement ne pas vouloir perdre, a ajouté Bernier, laissant présumer d’un certain malaise dans le vestiaire. Quand tu ne veux pas perdre, tu veux tout donner. Il faut qu’on ait une attitude irréprochable. »
Tout en concédant que tout n’était pas au beau fixe, Klopas a préféré calmer le jeu en prêchant la patience.
« Il n’y a pas un seul joueur ici qui aime perdre, ça c’est certain, a clamé l’entraîneur montréalais. Il faut simplement calibrer notre concentration et ça, c’est un travail constant. De bonnes choses nous sont arrivées très tôt dans la saison avec la Ligue des champions et maintenant, ça ne va pas si bien. Mais c’est un long processus. »
Rôle limité, exemple à donner
Bernier serait le premier à pouvoir diffuser de mauvaises vibrations. Le vétéran de 35 ans n’a débuté que deux des douze matchs de l’Impact, toutes compétitions confondues, depuis le début de la saison. Mais le Québécois dit s’efforcer de montrer la bonne marche à suivre peu importe le contexte dans lequel il chausse les crampons.
« Tu peux parler comme tu veux, mais si tu ne montres pas l’exemple, les paroles, ça s’en va dans l’air. Il faut s’entraîner à fond et ne pas se donner d’excuse. Je considère qu’avec la situation précaire dans laquelle je me trouve, je ne me donne pas d’excuse pour relâcher à l’entraînement. Il faut que tout le monde soit dans cet état d’esprit parce ce que c’est comme ça qu’on va gagner les matchs. »
Les propos de Bernier permettent de croire qu’il adhère à la théorie de ses entraîneurs. Le talent réuni au sein de l’effectif ou les stratégies élaborées par le personnel technique ne sont pas en cause dans les insuccès répétés contre les clubs de la MLS. En fin de semaine, par exemple, ce sont davantage des erreurs d’inattention qui ont permis aux Timbers de frapper deux fois en six minutes.
« On peut avoir les meilleures tactiques au monde, si on n’a pas la bonne attitude dans toutes les phases, si on n’est pas concentrés pendant 90 minutes, c’est ça la différence. C’est ce qui cause des erreurs ou qui nous empêche de faire payer le prix aux autres équipes lorsqu’elles en commettent », avance le milieu de terrain.
Dans une période qu’il décrit comme « délicate », Bernier dit vouloir tout faire en son pouvoir pour garder les dissensions au large. Concrètement, ça implique de prendre son mal en patience et d’accepter son rôle limiter sans rechigner.
« Je ne vais pas le répéter une centaine de fois, je veux jouer et je me sens bien. Quand j’ai signé ici, j’ai dit que le terrain allait parler pour moi. Le coach a déjà son stress à gérer, je ne vais pas me mettre à l’avant, peu importe qui je suis. Je parle sur le terrain, ballon au pied. »
« Oui, il y a des frustrations, a-t-il ensuite admis, mais si je laisse ça aller, ça risque d’affecter mon jeu lorsque j’aurai une opportunité. »
Utilisé dans un match complet pour la première fois de la saison la semaine dernière, le numéro 8 s’attendait à se retrouver de nouveau dans le onze partant mercredi pour le match retour de la demi-finale du Championnat canadien contre le Toronto FC.
« Ça fait du bien de jouer 90 minutes. C’est sûr que quand ça n’arrive pas souvent, tu le ressens beaucoup plus. Le rythme n’est pas toujours là. Mais quand même, pour un premier match, ça a été correct. Je sais que je peux faire mieux, mais c’était quand même un bon match. On a gagné, c’est ce qui est important. Et le rythme, ça vient en jouant. »