Les gants magiques d'Evan Bush
Impact mercredi, 14 oct. 2015. 09:00 mardi, 7 janv. 2025. 13:00
MONTRÉAL – Pendant un bref instant, Evan Bush a craint d’avoir laissé deux précieux points lui filer entre les doigts quand il a étiré la main droite pour bloquer une frappe de Lucas Pittinari dans les derniers instants du match entre l’Impact et les Rapids du Colorado en fin de semaine dernière.
« J’ai vu le ballon quitter son pied et ensuite, je l’ai perdu dans le trafic. Il est réapparu dans mon champ de vision à environ huit verges du but et heureusement, j’étais dans une bonne position pour faire l’arrêt », relatait Bush lors du retour à l’entraînement de son équipe mardi.
« En fait, au début je ne pensais pas en avoir fait assez, a ensuite confié le portier montréalais. J’ai cru que je n’avais réussi qu’à le faire ricocher sur le poteau et que le ballon était dans le but. Il faut croire que j’avais un peu de chance en réserve. »
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De la chance, vraiment? Si c’est le cas, Bush joue avec un fer à cheval dissimulé dans ses shorts depuis un bon moment déjà parce que les arrêts monumentaux comme celui qu’il a réalisé pour sauvegarder la cruciale victoire de 1-0 des siens dans les Rocheuses, il les collectionne depuis quelques semaines.
Le 23 septembre, au milieu d’une séquence de trois matchs en huit jours, Bush a réalisé un vol aux dépens de Jeff Larentowicz dans les arrêts de jeu pour conserver une victoire de 2-1 face au Fire de Chicago. Trois jours plus tard, contre D.C. United, il a fermé la porte à Chris Rolfe directement sur la ligne des buts alors que l’annonceur maison du Stade Saputo était en train d’annoncer un but de Didier Drogba. L’Impact l’a finalement emporté 2-0.
Les succès d’une équipe ne sont évidemment jamais l’affaire d’un seul homme. Il est aussi vrai qu’on peut se perdre dans une infinité de scénarios en commençant à vouloir modifier le passé. N’empêche, les récentes performances du gardien ont directement aidé l’Impact à conserver une poignée de points en banque qui lui permettent d’envisager d’une perspective beaucoup plus encourageante le tout dernier droit de son calendrier régulier.
« Peut-être, admet avec réticence le principal intéressé. Mais il y a aussi eu des moments où j’ai eu l’impression que j’aurais pu faire mieux et d’autres où des joueurs différents nous ont sauvés. Didier a marqué de gros buts, d’autres gars nous ont transportés en début de saison. Ça a été un effort d’équipe. »
Bush admettait toutefois que son arrêt de dernière minute au Colorado occupait une place de choix dans son palmarès personnel.
« Parce qu’il nous a permis d’obtenir trois points au beau milieu d’une course pour les séries et qu’il nous place ainsi en meilleure position pour la compétition qui se dessine dans nos deux derniers matchs, il est au sommet de ma liste cette saison. »
Bush offre un rendement digne de la confiance que lui a démontré la direction de l’Impact en l’installant progressivement dans le siège du gardien titulaire à la fin de la saison dernière. À sa première année complète comme partant en MLS, il vient à égalité au troisième rang parmi les cerbères du circuit avec 13 victoires. Il a également enregistré huit jeux blancs, un rendement qui n’est dépassé que par celui de cinq de ses confrères à travers la Ligue.
« Evan, depuis qu’il est notre numéro un, fait constamment les gros arrêts, a remarqué Patrice Bernier. Dans le dernier match, vous l’avez vu! À la toute fin, il a sauvé deux points. […] C’est ce que tu veux de ton gardien de but. Quand c’est serré, tu veux qu’il soit capable de faire l’arrêt qui te permet de conserver les trois points ou d’avoir un match nul. Evan connaît une très bonne saison. Il confirme pourquoi on a voulu qu’il soit numéro un pour le futur. »
« Il a fait un grand travail (au Colorado), mais ce n’est pas que depuis ce match qu’il fait du grand travail, souligne dans la même veine le défenseur Hassoun Camara, qui était aux premières loges pour admirer l’arrêt de l’homme ganté aux dépens de Pittinari. Il est là depuis le début, il nous aide beaucoup et nous rapporte des points. »
Mais mardi, la montre de Bush n’était pas réglée à l’heure des bilans. Le successeur de Donovan Ricketts et de Troy Perkins affirme que le passage à un rôle plus central dans les succès du Bleu-blanc-noir n’a pas été aussi lourd à porter qu’on pourrait le croire, mais c’est un tout autre type de pression qui le motive actuellement.
« La saison n’est pas terminée et je ne suis pas prêt à regarder vers l’arrière pour en faire la rétrospective. Il y a encore assurément deux matchs devant nous et j’espère qu’il y en aura cinq ou six autres de plus par la suite. On verra après tout ça ce qu’on peut bien dire sur cette saison. »