Biello aux commandes à long terme
Impact vendredi, 13 nov. 2015. 12:18 vendredi, 13 nov. 2015. 12:43MONTRÉAL – Le scénario le plus simple aurait été de confirmer Mauro Biello en tant qu’entraîneur-chef lors de son bilan jeudi, mais l’Impact de Montréal n’est pas reconnu pour faire les choses comme les autres.
L’organisation montréalaise a donc attendu à la suite du bilan des joueurs, mais avant celui de Didier Drogba qui s’est exprimé en dernier, pour annoncer qu’elle avait accordé un contrat fort mérité de trois saisons à Biello.
« Maintenant que j’ai été nommé entraîneur-chef, mes réponses vont se limiter à une seule phrase », a d’abord blagué Biello qui a peut-être gagné quelques points durant les négociations en retardant sa signature.
« C’est un grand sentiment, je veux remercier toute l’organisation pour avoir cru en moi et vu quelque chose en moi. Les dirigeants m’ont donné la possibilité de grandir avec l’Impact et je suis fier d’appartenir à ce club. J’ai travaillé très fort et je veux continuer ce que nous avons commencé », a-t-il exprimé.
Ainsi, l’entraîneur de 43 ans a vu l’astérisque d’intérim être retirée et le club lui a ajouté la fonction de directeur du personnel. Pour être plus précis, selon les dires du président Joey Saputo, il a hérité d’une carte blanche en ce qui concerne ses joueurs et son groupe d’entraîneurs.
« Ce n’est pas un contrat standard, je ne vois pas les choses ainsi. Il fait partie de l’organisation et il aura maintenant sa chance comme entraîneur. Il a joué différents rôles avec nous. On va lui donner la patience pour installer ce qu’il veut faire. Pour trois ans, on va regarder ce qu’on peut solidifier et développer, c’est un plan d’action », a exprimé Saputo.
« Il sera dans l’organisation aussi longtemps qu’il le voudra », a-t-il souhaité.
En lui conférant ce statut à long terme, l’Impact désire accorder le temps à Biello de construire quelque chose de spécial avec l’équipe qui a atteint son meilleur rendement à sa quatrième saison en MLS. Ayant grandi au sein de l’Impact depuis 23 ans, Biello veut élever l’organisation à un autre niveau.
Le meneur d’hommes a accepté, le 30 août dernier, l’imposant défi de redresser la situation du Bleu-blanc-noir qui n’allait nulle part sous les ordres de Frank Klopas qui a été congédié.
C’est justement à ce moment que Biello a convaincu Saputo qu’il était le candidat idéal pour replacer son équipe sur la bonne voie. Après tout, Biello se lançait dans la fosse aux lions avec un club qui en arrachait et il aurait pu entacher son curriculum vitae s’il n’avait pas été à la hauteur.
« Ça pouvait être très dangereux pour lui, il avait attendu toutes ces années pour y accéder, mais il aurait pu se brûler s’il n’avait pas réussi. Il l’a pris quand même et, à partir de ce moment, je souhaitais que les choses se déroulent bien parce qu’il me semblait la personne idéale pour gérer l’équipe », a confié le président.
« Je suis très, très, très content parce que je ne voulais pas brûler les chances de Mauro. J’étais son plus grand cheerleader parce que je voulais lui donner l’opportunité de diriger le club, il le méritait », a-t-il aussi mentionné.
Le vent n’a pas tardé à tourner autant dans les nouvelles installations d’entraînement de la Caserne Létourneux que sur la pelouse du Stade Saputo et même sur les terrains adverses. Au final, Biello a orchestré un dossier de 7-2-2 sous ses ordres en plus de franchir un tour éliminatoire.
« Je sais que les chances ne se présentent pas souvent dans ce métier et ça pouvait ne pas revenir. Même si les circonstances étaient difficiles, je voulais la saisir et faire les choses à ma façon », a argué le principal intéressé.
Il n’y avait donc rien de moins étonnant que d’entendre les joueurs questionnés prétendre qu’il supportait un retour de Biello aux commandes de l’effectif. Si la nouvelle du jour avait été officialisée plus tôt, ils auraient pu se réjouir ouvertement au lieu d’utiliser le conditionnel.
« Je le connais depuis cinq ans, je n’ai pas du tout été surpris par son boulot. Je n’ai pas été étonné de son succès parce qu’il possède la bonne mentalité, il effectue une bonne gestion de l’équipe et des personnes autant sur le terrain qu’à l’extérieur. Quand tu es l’entraîneur, c’est le plus important de bien communiquer et gérer les joueurs », a témoigné le gardien Evan Bush qui a fait des pas gigantesques depuis son arrivée à Montréal.
« Il a rongé son frein, il a appris. Les joueurs ont bien répondu à son influence et, quand tu peux remarquer un tel effet, ça veut dire que l’équipe pousse dans la même direction que l’entraîneur. Les joueurs ont été contents de son travail », a vanté le capitaine Patrice Bernier qui reviendra avec l’équipe en 2016.
Au cumulatif des efforts de Biello et de ses protégés, l’Impact a conclu la saison avec une impressionnante remontée jusqu’au troisième rang de l’Est. La formation montréalaise s’est aussi approchée d’une place en finale d’association.
D’après Adam Braz, le directeur technique, il s’agit d’un rendement représentatif pour la jeune organisation qui a fait son entrée dans le circuit nord-américain en 2012.
« C’est un classement juste, les gens oublient parfois que nous en sommes seulement à notre quatrième saison. En 2015, c’était important de se replacer sur le bon chemin et retourner en éliminatoires. On a accompli ça et on veut maintenant établir de la constance », a souligné Braz.
Le directeur technique a apprécié la gestion du navire montréalais particulièrement dans les eaux troubles du début octobre.
« Il mérite ce contrat à 100 %, il a instauré une forte mentalité, celle de se battre jusqu’à la fin. Un moment crucial est survenu après les défaites à Orlando et New York quand on a gagné 1-0 au Colorado sans certains joueurs », a rappelé Braz.
À titre de quatrième entraîneur du onze montréalais en MLS, Biello s’attaquera à la prochaine étape de remporter le championnat. À ce sujet, des décisions importantes seront nécessaires durant la saison morte alors que du renfort de qualité à quelques positions viendrait améliorer le statut d’aspirant du club.
Au cours de sa carrière de 19 saisons comme joueur, dont 16 avec le chandail de l’Impact, Biello a contribué à trois championnats de la formation montréalaise. Il a aussi été le capitaine du club de 2001 à 2009.
Viser la 1re place, pour l’été, dans le cœur des gens
Transporté par la vague Didier Drogba et l’excitation reliée au parcours éliminatoire, l’Impact désire également se forger une place de choix dans le cœur du public québécois. Selon les estimations de Saputo, son équipe se classe au deuxième rang – derrière le Canadien – et il veut s’assurer de trôner en tête pour les sports d’été donc devant les Alouettes.
« Si l’on regarde où on se place dans la hiérarchie, on sait où on est. On veut travailler encore plus fort, on veut y rester et augmenter notre présence », a noté Saputo qui s’est fait demander de préciser sa pensée.
« On est au deuxième rang sur trois. On ne se cache pas que ceux qui se retrouvent au premier rang (les Canadiens) prennent beaucoup de place. La chose la plus importante, c’est de se placer en tête pour les activités estivales », a-t-il espéré, remarquant que le buzz a repris de la vigueur.
Le projet sera maintenant de capitaliser, dans tous les sens du terme, sur le séjour de Drogba à Montréal.
« Ça fait partie de l’ensemble. Si sa présence n’avait pas changé la tendance, on aurait eu un gros problème. Didier amène beaucoup au club, mais on veut surtout profiter de l’effet Drogba même après son départ », a clarifié le président évoquant le rayonnement international.
Pour l’instant, le onze montréalais a obtenu un taux de rétention de 89 % de ses détenteurs de billets de saison en plus de séduire de nouveaux spectateurs. Par contre, Saputo n’est pas fier du total de 8000 billets de saison alors que la moyenne de la MLS se situe à 11 000.
Évidemment, les dossiers négatifs étaient moins nombreux lors du bilan 2015 de l’Impact et personne ne s’en plaindra. Un petit bémol a été soulevé et ça concerne les amendes à Saputo, Braz et Nick De Santis pour leurs propos inappropriés envers des officiels après le match aller contre le Crew de Columbus.
Saputo a timidement avoué qu’il devait donner l’exemple en tant que propriétaire, mais il ne semblait pas trop regretter ses actions.
« C’était la première fois pour moi. Si j’avais tourné ma langue plusieurs fois, j’aurais pu aller en vacances avec l’amende payée. Est-ce que ça fait mal à nos relations avec la MLS ? Non, pas nécessairement puisque je ne suis pas le premier ni le dernier propriétaire à être mis à l’amende. C’était un peu de frustration de ma part, mais je dois donner l’exemple. C’est arrivé et on tourne la page », a-t-il conclu alors que les préparatifs pour 2016 sont déjà entamées.