MONTRÉAL - Même contre une équipe d'une ligue inférieure, l'Impact trouve le moyen de se compliquer la tâche.

Le onze montréalais est venu à quelques minutes près de se faire éliminer par le FC Edmonton, un club de la NASL, en demi-finale du Championnat canadien, mercredi au stade Saputo. Un but de Patrice Bernier sur penalty dans les arrêts de jeu a sauvé le club montréalais du désastre.

Le filet de Bernier a permis à l'Impact de remporter le match retour 4-2 et de s'imposer 5-4 au total des buts. Mais si le capitaine avait raté son coup ou si le penalty n'avait pas été accordé par l'arbitre, le score de 3-2 pour Montréal aurait favorisé la formation albertaine. Il y aurait alors eu égalité 4-4 et les « Eddies » auraient atteint la finale en vertu de leurs deux buts marqués à l'étranger, contre un seul par l'Impact. Le match aller à Edmonton, la semaine dernière, s'est soldé 2-1 au profit de la formation de Colin Miller.

Pourtant, tout s'annonçait bien pour l'Impact dans ce match retour puisqu'il avait pris une avance de 3-0 grâce au doublé de Jack McInerney en première demie (10e et 17e minutes), chaque fois à l'aide d'une passe décisive de Justin Mapp. Un but de la tête de Jeb Brovsky (47e), sur un corner tiré par Hernan Bernardello, a ensuite mis l'équipe locale à l'abri d'un imprévu... en apparence.

L'Impact a toutefois levé le pied par la suite et ç'a permis à Frank Jonke de tout remettre en question en marquant à la suite d'une passe de Hanson Boakai à la 67e, puis sur un penalty à la 70e.

« On s'en est sorti, on est qualifié, c'est bon, a souligné Bernier, qui a reconnu que les siens ont fait preuve de complaisance. Psychologiquement, on a laissé tomber en se disant que le match était fini. Ce n'est pas acceptable parce qu'on avait le contrôle du match. »

« L'équipe n'aurait jamais dû se retrouver dans une telle situation, a quant à lui commenté l'entraîneur de l'Impact Frank Klopas. Nous aurions d fermer les livres bien avant, pour retourner chez nous de bonne heure et savourer ça.

« Mais on a accordé un but qui sortait de nulle part et on s'est écroulé. Notre mentalité doit être forte, a ajouté Klopas, qui semblait en avoir assez des baisses de régime des siens. L'adversité, on va en affronter au cours d'une saison. Il faut savoir comment composer avec ça. »

Le penalty de Bernier a été le résultat d'une décision douteuse de l'arbitre, qui a signalé une faute de main même si le ballon a heurté l'épaule de Mallan Roberts alors que celui-ci avait pris soin de placer ses mains derrière son dos. Mais il faut dire que le but des visiteurs qui a fait 3-2 avait aussi été marqué sur un penalty accordé à la suite d'une faute plus ou moins nébuleuse. L'arbitre a alors jugé que Karl Ouimette avait bel et bien poussé Neil Hlavaty dans le dos même si ce dernier a exagéré son plongeon.

Ces événements ont donné au match un dénouement inusité, où les émotions étaient à vif. Même Bernier a reconnu qu'il n'était pas dans son état habituel quand il s'est approché du point de penalty.

« Nerveux? Jamais. Mais stressé, oui, pour la première fois je dirais, a affirmé le capitaine de l'Impact. D'habitude, les autres penalties, je n'ai pas de stress. Mais aujourd'hui, il y en avait un peu plus. Il y a une raison derrière ça, mais je ne le dirai jamais. »

Miller et le président de l'Impact Joey Saputo ont par ailleurs échangé des mots durs sur le terrain après le sifflet final, apparemment, dans une joute verbale où les deux jouaient à qui avait été le plus floué par l'arbitre.

En finale, mais ...

« Je lui ai souhaité Joyeux Noël et une Bonne Année, a dit Miller en racontant son altercation avec Saputo, reconnaissant au passage qu'il lui a peut-être lancé quelques mots en italien. Mon épouse est italienne, alors je connais quelques mots d'italien... Je suis certain que M. Saputo va me payer une Guinness tantôt. »

Frank Klopas n'a pas aimé l'arbitrage non plus.

« J'avais l'impression que les décisions allaient à 80-20 en notre défaveur. Justin Mapp, un des joueurs les plus créatifs dans notre ligue, a été constamment victime de fautes, et pas même un carton jaune... C'est difficile à digérer », a-t-il lancé.

« Je ne veux rien enlever à l'Impact, je leur souhaite bonne chance, mais de la façon dont mes joueurs ont joué en deuxième demie, ils ne méritaient pas de perdre, a par ailleurs résumé Miller. À la différence de budget qu'il y a entre les deux équipes, l'issue du match n'aurait jamais dû aller jusqu'à dépendre d'un penalty en fin de match. »

La rencontre a été disputée devant moins de 5000 spectateurs, alors que la plupart des amateurs de sport québécois avaient la tête ailleurs. Même les Ultras étaient moins nombreux que d'habitude.

La finale du Championnat canadien sera disputée le 28 mai et le 4 juin. Entre-temps, le onze montréalais renouera avec le championnat de la MLS ce samedi, alors qu'il affrontera le D.C. United à Washington.