MONTRÉAL – Au Jour 1 du camp d’entraînement de l’Impact, le président Joey Saputo, non sans un certain malaise, avait été incapable de garantir que Didier Drogba resterait avec l’équipe pour la durée complète de la saison 2016.

Didier Drogba a finalement répondu à la question qui tue, jeudi, affirmant qu’il n’avait pas l’intention de déserter le club montréalais avant l’échéance de ses obligations contractuelles.

« Croyez-moi, si ma tête était encore à Chelsea, je serais à Chelsea », a-t-il assuré d’entrée de jeu au début d’une mêlée de presse d’une quinzaine de minutes au cours de laquelle il a annoncé son intention de faire l’impasse sur les premiers matchs du calendrier disputés sur surface synthétique.

L’annonce du retour de Drogba à Montréal, fin janvier, avait mis fin à des mois de spéculation concernant l’avenir de l’attaquant ivoirien, qui était ouvertement courtisé par le club anglais de Chelsea après avoir effectué ses premiers pas en MLS. Mais l’hésitation de son patron quelques heures plus tard avait ouvert la porte à d’autres scénarios négatifs.

« Écoutez, à partir du moment où je suis là, j’aimerais que les choses soient claires, a ajouté Drogba. Je suis là pour jouer et pour gagner. Donc avec mes coéquipiers, on fera tout ce qu’il faut pour aller le plus loin possible, faire mieux que l’année dernière. Voilà, c’est aussi simple que ça. »

On a prêté à Drogba plusieurs intentions au cours des derniers mois. Retournerait-il sur la pelouse de Stamford Bridge? Souhaitait-il débuter la transition vers une carrière d’entraîneur? La retraite allait-elle s’imposer comme la seule solution envisageable pour se détacher de ses responsabilités en Amérique du Nord?

Abstraction faite de quelques phrases sans grande portée lâchées lors d’une rencontre impromptue avec une poignée de journalistes en Floride, il y a deux semaines, l’apparition de jeudi marquait la première fois que le principal intéressé prenait la parole pour donner sa version des faits sur les nombreuses rumeurs qui ont circulé à son sujet durant l’hiver.

« Il y a beaucoup de choses qui ont été dites, il y a eu beaucoup de polémiques, mais il faut comprendre que ça fait partie du football, a-t-il minimisé. C’est le football de haut niveau, il y a des tractations à tout moment, à chaque mercato et voilà, ce sont des choses qui évoluent. Mais à partir du moment où tout ça et fini et que je suis ici, je suis là à 200% »

« On m’avait passé la question la saison dernière au dernier point de presse, en me demandant si j’allais être de retour l’année prochaine. J’avais répondu : ‘oui, mais dans le football on ne sait jamais ce qui peut arriver’. Et c’est la vérité. Je me répète, mais tant que je serai dans ce milieu-là, je dirai la même chose. »

Le directeur technique de l’Impact, Adam Braz, a qualifié de « fantastique » la relation en apparence compliquée entre le club et son joueur vedette. Drogba l’a quant à lui décrite comme « très bonne ».

« Rien ne pourrait être plus loin de la vérité, a répondu Braz quand on lui a demandé si le club avait de la difficulté à gérer son numéro 11. Nous sommes très heureux qu’il soit ici, il s’est bien entraîné avec le reste du groupe. Maintenant, il suffit de trouver la bonne situation pour qu’il puisse être à son mieux pour la suite de la saison. »

Les points sur les « i »

Drogba a profité de l’une de ses rares sorties médiatiques – celle-ci a débuté avec 45 minutes de retard sur l’heure annoncée - pour clarifier certains points sur sa relation professionnelle avec les journalistes montréalais.

Quelques jours après son arrivée au camp d’entraînement, à Tampa, Drogba avait fait réagir en ignorant une question du collègue Jérémy Filosa, qui l’avait traité de « princesse » pour se plaindre de sa disponibilité limitée avec ceux qui couvrent les activités de l’Impact.

« Ce que je trouve dommage, ce que je trouve malheureux, c’est que tu essaies de me faire passer pour ce que je ne suis pas, a plaidé Drogba. Je suis dans ce milieu depuis pas mal d’années, je pense avoir plus d’expérience que toi dans le milieu du football, je sais comment ça fonctionne plus que toi. Tu peux appeler les journalistes en Angleterre, en France, aucun problème. »

« Sans prétention aucune, je pense que les gens que je rencontre, que j’aborde, savent que je suis respectueux. À aucun moment je ne leur ai manqué de respect. Aujourd’hui, si je suis en retard, c’est simplement parce que je recevais des soins. Ce serait bien que les choses entrent dans l’ordre. […] Je n’ai qu’une envie, c’est de jouer au football et de m’éclater. Je n’ai pas envie qu’on me fasse passer pour quelqu’un que je ne suis pas. »

Drogba a aussi accueilli avec une certaine incompréhension une question sur sa disponibilité en cours de saison. Depuis son atterrissage à Montréal l’été dernier, le joueur désigné s’est souvent montré réticent à remplir ses obligations envers les membres des médias, réservant ses rares commentaires pour la fin de certains matchs, à sa discrétion.

« Ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai été habitué à une culture en Europe où il y a des points de presse et il y a un joueur qui est désigné pour le point de presse. On ne s’exprime pas tous les jours. Je veux dire, il faut avoir quelque chose à dire. Sinon, je vais venir parler de quoi? Attendez que le match soit terminé, il y aura eu de l’action et il y aura de la matière. Non? »

Didier Drogba press conference - Spherical Image - RICOH THETA