MONTRÉAL – Dire qu’il y a seulement quelques années, l’Impact se donnait en spectacle devant de modestes foules au Centre Claude-Robillard et la survie du club avait même été menacée. À ce moment, rien n’indiquait qu’un joueur de la trempe de Didier Drogba allait un jour enfiler le maillot de l’organisation montréalaise.

C’est pourtant le coup de génie qui a été accompli par les dirigeants du Bleu-blanc-noir et le géant du soccer international pourrait débarquer dans la métropole aussi rapidement que mercredi si tout se déroule comme prévu.

Jusqu’à ce moment, les employés de l’Impact pourront essayer de se convaincre qu’il ne s’agit pas d’un rêve, mais plutôt de la réalité.

« On a dû se pincer plusieurs fois », a reconnu Nick De Santis, le vice-président relations internationales et développement technique de l’Impact, qui a lui-même vécu quelques tempêtes comme joueur et dirigeant. « On a toujours dit qu’on voulait des joueurs de qualité et c’est un joueur qui peut continuer au plus haut niveau. C’est quand même important de réaliser qu’il va porter le maillot de l’Impact. »

Quant à Adam Braz, le directeur technique qui a également représenté l’Impact dans une autre vie, il a admis sans gêne qu’une grande excitation régnait dans les bureaux quand la grande nouvelle est devenue officielle.

« C’est génial de voir qu’il est excité de venir ici. Je suis vraiment fier de pouvoir participer à cette annonce », a confié Braz avec un sourire révélateur.

Pour parvenir à mettre le grappin sur ce joueur toujours très convoité à l’échelle planétaire même à 37 ans, l’Impact a eu à effectuer un investissement colossal d’une durée de 18 mois. Au début de la campagne, le président Joey Saputo avait calmé les ardeurs des amateurs en écartant cette possibilité.

« Ce qui a changé la donne, c’est que Didier nous procure le « total package » quand on pense à notre ville et nos supporters qui viennent au stade », a expliqué De Santis pour Saputo qui était à l’extérieur de Montréal.

« On a fait un investissement important pour lancer un message important à nos partisans et notre ville », a-t-il poursuivi.

Lors de ce même point de presse en début de campagne, le président avait également lancé un cri d’alarme pour que les partisans se rallient derrière son équipe. Cette fois, en obtenant les services de la vedette de la Côte d’Ivoire, l’état-major du onze montréalais espère que l’effet se fera sentir encore plus chaudement que la canicule qui pèse sur Montréal cette semaine.

« On a senti un effet dans les derniers jours (quand les rumeurs se précisaient) et on attend les gens au stade maintenant que c’est confirmé », a confirmé De Santis sans détour.

« On voit déjà une énorme réaction positive, il y a une grosse excitation dans la ville et c’est génial. On espère pouvoir remplir le stade, c’est toujours mieux pour les joueurs, ça les pousse dans les moments moins faciles », a ajouté le directeur technique Adam Braz à ce sujet.

Ceux-ci peuvent se rassurer puisque les partisans n’ont pas tardé à inonder l’organisation de courriels et d’appels lorsque la confirmation a été dévoilée publiquement. Afin de profiter de l’engouement, l’Impact a eu la brillante idée l’élaborer un forfait spécial pour la balance des matchs de la saison.

Après les billets, les fidèles de longue date de Drogba et les nouveaux ont hâte de se procurer un nouveau chandail à son effigie. Il reste toutefois un petit point à régler étant que Dilly Duka arbore déjà son célèbre numéro 11. Tout de même, on peut parier que l’Américain se laissera convaincre de lui céder assez rapidement.

Des attentes plus élevées à venir

Sans risquer de se tromper, on peut se permettre de prétendre que Drogba viendra pousser l’Impact à un autre niveau sur le terrain. Cela dit, l’ajout d’un élément de cette qualité vient décupler les attentes envers la troupe de Frank Klopas qui avait placé les séries dans sa mire jusqu’à maintenant.

« Merci pour la pression », a répondu Braz en riant quand on lui a justement fait remarquer que les supporteurs voudront assister à un long parcours éliminatoire et non un accès. « C’est certain que la pression vient avec les grands joueurs, mais on vise d’abord les séries et tout peut arriver par la suite. »

Avant même l’effet marketing associé à la venue de ce magicien du ballon rond à Montréal, le premier objectif était de propulser le club de quelques crans. Nullement inquiété par l’âge de Drogba (37 ans), les dirigeants de l’Impact croient que son apport sera colossal.

« Il exerce une grande présence avec son physique, il va beaucoup nous aider quand nous aurons de la pression sur nous. Il peut être la solution dans les moments déterminants, il excelle dans la surface et il sait comment marquer. Il a compté tellement de fois au plus haut niveau. Il peut aider sur les deux côtés, c’est un champion un leader. Il est prêt à mourir sur le terrain pour le club », a décrit Braz sans tempérer les attentes des observateurs.

Parmi les réactions engendrées par l’embauche de cet athlète d’exception, une panoplie d’amateurs a déduit que l’Impact devra procéder à des transactions pour accorder toute la place à nécessaire à Drogba. De Santis et Braz ont cependant refusé cette hypothèse, pour le moment.

« Aujourd’hui, en attaque, en ajoutant un joueur comme Didier, je peux vous dire que les (Dominic) Oduro, (Ignacio) Piatti et (Jack) McInerney seront très excités », a insisté De Santis.

La question la plus intrigante devient maintenant de savoir quand le réputé joueur pourra disputer son premier match dans ses nouvelles couleurs. Selon le directeur technique, s’il n’en tenait qu’au principal intéressé, il serait prêt à jouer son premier match pour Montréal demain.

Par contre, la dernière partie de Drogba remonte au mois de mai et le personnel technique entend s’assurer que sa condition physique soit optimale pour éviter une blessure importante.